Il y a parfois des hasards de calendrier surprenants! Alors que les Américains fêtaient Thanksgiving, jeudi 28 novembre, en France, les premiers bons plans du Black Friday tombaient. A Nanterre, le tribunal de commerce a rendu son jugement sur Thomas Cook... jeudi 28 novembre.
Sans surprise, c’est le « consortium » -ô le joli mot évoquant l’industrie, l’unité, la coopération- qui a remporté la mise. Partis à cinq (Laurent Abitbol, Michel Salaün, Eric Kuo, Alain Hamon, Alain de Mendonça) fin septembre, les membres de ce consortium se sont retrouvés à neuf à l’arrivée. Ayant agrégé à leur proposition déjà largement majoritaire de plus petits acteurs candidats à la reprise d’un seul point de vente, les plus « gros » distributeurs-producteurs ont sans suspense récupéré la meilleure part du gâteau. Les éventuels concurrents avaient compris. Leurs offres ont été réaménagées ou abandonnées, laissant le champ libre. Bien sûr, le consortium ne vaut que pour l’occasion « en or » que représente cette faillite. Il permet aux uns et aux autres de mettre la main sur des points de vente et des emplacements de première catégorie, pour un coût dérisoire (de 2.500€ à 10.000€ par agence).
Des commerces peu chers
Avec un vivier de 174 agences à travers toute la France, chacun a pu faire son marché dans le réseau intégré de Thomas Cook en fonction de son maillage. «Une offre commune mais non solidaire » a dit le juge, pas dupe. On reste surpris par le prix de cession pour des agences Thomas Cook ! Sans être expert immobilier de chaque ville et chaque quartier de France, on peut tout de même se dire que ça ressemble à une grande braderie. Tiens, comme ça, en passant : 10.000€ pour une agence dans un quartier chic parisien alors qu’on peut voir, à deux rues de là, un fonds de commerce à céder à 350.000€ pour une surface équivalente... Ça laisse songeur. On imagine les efforts qu’ont dû déployer les administratrices judiciaires pour arriver à convaincre ces patrons de réseaux de mettre la main à la poche. « La charité, M’sieurs, Dames, à vot’ bon cœur… »Relancer l'activité des agences de voyages
Certes, il va leur falloir relancer l’activité et payer des salaires. Mais quelle opération de croissance externe peut-elle se faire sans charge salariale, surtout dans le retail ? Pour les projets validés par le jugement, les effectifs ont d’ailleurs déjà été revus à la baisse sur plusieurs points de vente… Ne serait-ce pas toutefois un avantage que de conserver la même activité, la vente de voyages, avec des personnels formés et expérimentés ? Quant au matériel, il faudra changer le software mais tous les repreneurs, professionnels reconnus, bénéficient déjà de structures opérationnelles et de marques prêtes à être installées. Quant au niveau d’activité qu’il va falloir retrouver, on peut parier avec eux sur le choix des emplacements et l’acquisition des fichiers clients. Bref, cette chute de Thomas Cook représente une bonne aubaine !Il y a quand même un truc surprenant dans la décision du tribunal : le site Internet Thomascook.fr a été attribué pour 1.000€ à Havas Voyages (groupe Marietton). Or Fosun s’est offert la marque Thomas Cook avec les droits et noms de domaine associés le 1er novembre pour presque 13 M€. Alors, qu’est-ce qu’ils vont pouvoir en faire chez Havas ?