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Destinations

Hong Kong : un territoire yin et yang

A l’évocation de la mégapole chinoise, on a tous à l’esprit des images de gigantisme urbain, d’effervescence humaine et de fièvre marchande insomniaque. Si le visiteur doit, bien sûr, plonger sans retenue dans ce maelström citadin, s’en contenter serait une erreur. Car derrière les clichés de downtown, d’autres quartiers, des sites moins connus et même des trésors de nature se cachent à quelques pas. Les découvrir en solo ou avec un guide est une expérience facile autant qu’inédite qui modifie sensiblement la perception du territoire.

Comment mesurer la bonne santé d’une destination ? Aux projets de développement de son aéroport ! En l’espèce, tout le monde devrait être rassuré sur la forme de Hong Kong. L’immense Chek Lap Kok, bâti sur une île artificielle, va encore s’agrandir. Une troisième piste est en construction, gagnée à nouveau sur la mer. L’aéroport qui a reçu 73 millions de passagers en 2017 et 5 millions de tonnes de fret (première place mondiale) pourrait atteindre 102 millions de passagers et 8,9 millions de tonnes à l’horizon 2030 (estimations IATA Consulting). Les chiffres de fréquentation touristique, à peu près à l’unisson, oscillent autour de 58 à 60 millions d’arrivées par an depuis 2014, dont 26 à 28 millions restant au minimum une nuit. Le marché français, lui, s’étalonne depuis quatre ans entre 200 000 et 220 000 personnes, à 70% en loisirs.

Des forêts de gratte-ciel

Hong Kong reste fidèle à son image et évoque bel et bien cela : une mégapole survitaminée hérissée de tours, avec une densité de population extrême, des marchés de rue toujours en éveil, le luxe des boutiques de Canton Road et un affairisme sans limite (illustré par les symboles bancaires HSBC et Bank of China).
Qu’elle soit britannique hier ou chinoise aujourd’hui, Hong Kong n’a jamais tourné le dos à ces poncifs. A ceux qui aiment avoir un peu de recul, nous conseillons de prendre le Star Ferry. Ce bateau assure depuis des lustres la traversée entre Kowloon (la péninsule) et Hong Kong Island. Deux villes séparées par la mer et quand on est Hongkongais de l’une, à quoi bon se rendre sur l’autre puisque chacune possède tout ! La courte traversée offre une vue grand angle sur les deux rives et leurs forêts de gratte-ciel, sur fond de chantiers permanents. Difficile de dire quelle « promenade », de Tsim Sha Tsui ou de Central Waterfront, offre la meilleure perspective. Paradoxe, la métropole a beau être à la pointe des technologies, les échafaudages sont toujours montés… en bambou.
Central, Wan Chai, Causeway Bay… chaque quartier d’Hong Kong Island possède son label. La finance pour Central, la vie nocturne et boutiquière pour Wan Chai, les shopping malls XL pour Causeway Bay. En face, c’est donc Kowloon et ses deux quartiers phares, Tsim Sha Tsui et Yau Ma Tei. Un écheveau d’artères et de ruelles où chaque espace est dévolu au commerce : tailleurs et magasins de souvenirs sur Nathan Road, marché de nuit de Temple Street, petits restaurants pas chers où l’on consomme un lou fo tong (bouillon), des dim sum (bouchées vapeur ou frites) et des nouilles – on a adoré cette cuisine dans la discrète Hau Fook Street, près de Cameron Road.

Se laisser tenter par des horizons moins connus

Car l’intérêt de Hong Kong, c’est aussi ne pas se contenter des classiques et partir à l’aventure (seul ou avec un guide) vers des horizons moins connus. Près de l’enfer de Nathan Road, Kowloon Park offre ainsi une respiration inédite. Le spectacle matinal des adeptes de tai chi est fascinant.
Plus au nord, Sham Shui Po est délaissée des touristes. Normal, il n’y a rien à voir… mais tant à découvrir : les premiers immeubles populaires des années 1950 (ayant remplacé les maisons en bois), l’invraisemblable bazar des marchés de rue et des boutiques de Pei Ho Street (alimentaire), Apliu Street (électronique) ou Yu Chan Street (accessoires pour vêtements) ; les échoppes d’herbal tea (mixture amère aux vertus « détox ») ; les derniers restaurants de tofu,
tel Kung Wo ; les coolies suant torse nu sous les marchandises livrées dans les échoppes alimentaires…
Une invraisemblable fourmilière 100% hongkongaise.

Des îles et une mangrove

Retour à Hong Kong Island, sur les traces de l’héritage colonial. Plusieurs itinéraires revisitent l’histoire de la possession britannique, tel le Medical Heritage Trail. A l’ouest, au-delà
de Central District, le secteur de Taipinshan accueillait les marins
en escale et leur vie de débauche.
Les anciens bâtiments de soins, Old Mental Hospital (1891), Chinese Lunatic Asylum (1892), Old Bacteriological Institute (1906, devenu musée des Sciences médicales) le rappellent. La plupart de ces constructions mélangent styles victorien et chinois et s’enchâssent au milieu de tours ou de jardins, derniers témoins, sur les pentes du Peak Victoria, d’une époque coloniale prospère mais lourde de sacrifices.
La plus grande surprise de Hong Kong vient de sa périphérie. Certes, les touristes ont l’habitude de visiter le village de Stanley, au sud de Hong Kong Island. Ils vont voir aussi le Grand Bouddha, dans une escapade au grand air sur l’île voisine de Lantau (voir encadré Coup de Cœur p. 19). En empruntant le téléphérique Ngong Ping 360 pour rejoindre la statue, ils découvriront le chantier de l’aéroport mais aussi le tracé du tout récent pont-tunnel reliant Hong Kong à Macao, 55 kilomètres de prouesse technique entre les deux anciennes colonies.
Au-delà, qui connaît les Nouveaux Territoires ? A une heure de la frénésie citadine, ces espaces montagneux et boisés plongent dans la mer de Chine jusqu’à former une mangrove habitée par les crabes, entre banyans et camphriers. De bruit, aucun, hormis celui des cigales. D’habitants, pas de trace, à l’exception de rares villageois. On n’accède à certains bourgs qu’à pied ou en bateau, sur une mer sillonnée de vieux bateaux de pêche. C’est le cas de Lai Chi Wo, aux confins d’un territoire qui n’est pas seulement compact et en éternelle surchauffe.

Coup de coeur

Tai O, port sur pilotis à Lantau
Sur l’île de Lantau, là où se trouve la célèbre statue du Grand Bouddha, Tai O est l’un des derniers villages de pêcheurs en activité du territoire de Hong Kong. Construites sur pilotis par des Tankas, ethnie nomade minoritaire du sud de la Chine désormais sédentarisée, les maisons, reliées entre elles par un lacis de ruelles et de passerelles en bois, ont conservé leur aspect d’origine. La balade en bateau proposée depuis l’entrée du village permet de parcourir le chenal principal et de découvrir l’enchevêtrement savant des « cabanons ».
Au large, il est parfois possible d’observer quelques dauphins. A pied, on se laisse porter par le flot des visiteurs jusqu’à franchir l’unique pont sur le chenal, en jetant un œil ici et là aux joueurs de mah-jong assis aux terrasses des maisons. On peut acheter toutes sortes de poissons séchés à Tai O (la spécialité locale) et goûter aux produits frais de la mer, comme dans l’excellent (et anonyme, demander le chemin aux locaux !) restaurant Fuk Moon Lam.

Auteur

  • Philippe Bourget
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