L'Egypte ramenée à la case départ...

Lundi soir, au moment où les Egyptiens et les touristes se promènent en ce jour férié de Pâques orthodoxe et de fête de Cham al-Nassim, trois bombes explosent à Dahab, dans le sud-est du Sinaï. Le dernier bilan connu fait état de 23 morts et 62 blessés dont trois Français. Avec ce nouvel attentat, le troisième en 18 mois dans la zone, ce sont les espoirs de reprise d'une activité touristique normale qui s'effondrent pour plusieurs semaines. L'Egypte a en effet souffert cet hiver d'un désamour des Français, alors que les autres Européens revenaient en masse, 500 000 de plus sur l'année 2005 par rapport à 2004. Les TO se préparaient pour la saison à venir, encouragés par quelques signes de reprise dans le haut de gamme et les groupes. Ces attentats les réduiront probablement à néant. Pour un temps. La destination "garde son potentiel", souligne René-Marc Chikli, président du Ceto (Cercle d'étude des tour-opérateurs). Chez Nouveaux Continents, "l'optimisme est de rigueur, notre volonté de vendre reste intacte", explique Antonia Hodeau, la directrice. Maintenant, il faut convaincre les clients. "Il n'y a pas de plan précis car chaque agence réagit selon sa sensibilité", lance-t-elle. D'autres sont moins fatalistes. Conscient que le "risque d'attentat est récurrent", Fram a "surinvesti pour relancer l'Egypte auprès des consommateurs et sensibiliser les agents de voyages", souligne Serge Laurens, directeur marketing.
En partenariat avec les autorités égyptiennes, la marque a investi 280 000 euros en communication, incentive, voyages de presse "pour limiter la casse à un recul de 40 % de la demande cet hiver alors que nous allions vers les - 70 % sans rien faire." "Cette stratégie se justifie quand le TO possède ses propres bateaux, hôtels, etc.", répond Emmanuel Foiry, PDG de Kuoni France. Pour une structure plus marchande comme Kuoni, "il nous faut surtout être réactifs, sans pour autant abandonner la destination". Comme Kuoni, NF n'a pas de stratégie marketing offensive particulière sur l'Egypte, et préfère s'appuyer sur sa "vocation de généraliste" pour se relancer. Quelle que soit la politique choisie, dos rond ou volontarisme, "le marché se remettra plus facilement d'un acte terroriste que d'un avion qui tombe", insiste Antonia Hodeau.
Ceto : oui aux reports mais surtout a plus de clarté dans l'aérien
Dahab, destination marginale pour les TO français. Le Ceto avait compté une trentaine d'Hexagonaux au moment du drame. Aussi, le groupement des tour-opérateurs français n'a-t-il pas décidé de grands changements après les attentats. Ils proposent le report sans frais de tous les voyages prévus jusqu'au 8 mai inclus. René-Marc Chikli, président du Ceto, a indiqué la même mesure était également valable pour les excursions des tour-opérateurs prévues dans la région de Dahab au départ de Charm el-Cheick ou Sainte-Catherine, excursions dont le parcours sera d'ailleurs modifié.
"Seuls une trentaine de nouveaux départs étaient prévus pour cette destination en mai", a précisé le président du Ceto, ajoutant qu'il s'agissait pour beaucoup d'amateurs de plongée sous-marine.
Pour le Ceto, les attentats se banalisant dans l'esprit des visiteurs, le principal frein à la reprise de l'activité touristique vient surtout d'un "problème de clarification dans le transport aérien égyptien", souligne son président. "Les Français ont été plus traumatisés par les accidents d'avions de cet été que par l'attentat de Charm el-Cheikh", poursuit-il. En conséquence, le Ceto porte plus d'espoir dans un possible renforcement des normes de sécurité aérienne en Egypte * pour redonner de l'élan au tourisme qu'à une action commerciale précise.
*La DGAC égyptienne travaillerait sur un alignement aux normes IOSA (nouvelles normes de sécurité de IATA)