La crise du coronavirus (rebaptisé le Covid-19) continue d’ébranler la Chine. Plus de 15 000 contaminations ont été enregistrées jeudi dans le pays. Une hausse spectaculaire due à… un changement de la définition des personnes malades. Explications.
Le coronavirus continue de faire la une. Ou plutôt le Covid-19. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a ainsi renommé le coronavirus mardi dernier. « Co » renvoie à « corona », « vi » à « virus », « d » à « disease » (maladie, en anglais) et « 19 » à « 2019 », année de son apparition. L’objectif de l’OMS est de ne pas stigmatiser un pays, une population ou une marque en choisissant les noms donnés à des maladies.
Il n’y a donc pas de référence à la Chine, pays où est né le virus… ni à la bière Corona qui, selon le site YouGov.fr, souffre d’une mauvaise publicité. Google Trends a même enregistré une hausse des requêtes avec les termes « beer virus ».
Mais le Covid-19 ne fait pas parler de lui uniquement pour son nouveau nom. Il a aussi contaminé 15 000 personnes supplémentaires jeudi rien qu’en Chine ! Un bond dû à un élargissement de la définition des cas d’infection par les autorités sanitaires du Hubei, la province dans laquelle est située Wuhan, l’épicentre de l’épidémie.
Une nouvelle définition pour faciliter la prise en charge des malades
Les autorités considèrent en effet que les malades de la province « diagnostiqués cliniquement » sont aussi comptabilisés. Autrement dit, des personnes ayant subi une simple radio pulmonaire pourront désormais être considérées comme des malades « confirmés ».
Cette nouvelle méthode est justifiée par leur volonté de faire bénéficier au plus vite les patients d'un traitement : une solution « compréhensible », selon Kentaro Iwata, professeur à l'université de Kobe (Japon) et expert en maladies infectieuses, car les hôpitaux sont débordés. Même avis pour Yun Jiang, spécialiste de la Chine à l'Université nationale australienne, pour qui la nouvelle méthodologie est une « mesure pragmatique » face au manque de tests de dépistage. « Je ne pense pas que les chiffres aient été nécessairement manipulés à des fins politiques, mais ils ne sont peut-être pas si fiables que ça. » D’autant que le nombre de cas journaliers confirmés à 100% par un test est en baisse depuis quatre jours.
Manipulation ou pas, le secrétaire du PCC dans le Hubei, Jiang Chaoliang, a été démis de ses fonctions. Il est remplacé par le maire de Shanghai, Ying Yong, réputé proche du président Xi Jinping. Le principal responsable communiste de Wuhan, Ma Guoqiang, a également été limogé. À Genève, l’OMS se veut prudente. Michael Ryan, chef du département des urgences sanitaires, a déclaré : « Je pense qu'il est aujourd'hui beaucoup trop tôt pour tenter de prédire le commencement, le milieu ou la fin de cette épidémie. »