La panne des forfaits est-elle durable ?

L'indice COE / Snav le confirme : par rapport à décembre 2004, la vente des voyages à forfaits chute de 16,9%, celle de la billetterie de 5,2%. En tout, le chiffre d'affaires recule de 9,7%. Les acteurs de la distribution mettent en avant une conjoncture défavorable. "Chez Afat Voyages, sur les mois de novembre, décembre, janvier et février, notre volume d'affaires est en baisse, indique Jean-Pierre Mas, président du réseau. Cela s'explique en grande partie par la frilosité des Français." Une autre certitude. "Le nouveau modèle économique a entraîné des clients vers les sites Internet pour l'achat de vols secs loisirs." Chez Nouvelles Frontières, on met en avant "la morosité économique, les hausses carburant et les accidents d'avion". Le réseau enregistre actuellement une baisse des réservations hiver de l'ordre de 3%. Mais cette chute des forfaits peut sans doute trouver d'autres explications. Déjà, les agences de voyages semblent se substituer de plus en plus aux tour-opérateurs. "Nous avons créé un produit spécifique pour que nos agences puissent faire du groupe, rappelle Richard Vainopoulos, président de Tourcom. De plus, les TO ont parfois du mal à gérer les ventes de dernière minute. Avec les tarifs négociés, les agences peuvent facilement créer un forfait, ils s'arrangent avec l'hôtelier pour les transferts." Jean-Pierre Mas évoque une tendance à l'auto-construction des vacances. Le fameux package dynamique qui profite surtout aux agences de voyages en ligne (qui ne sont pas dans le panel du COE). Les packages dynamiques d'Expedia ont ainsi enregistré une croissance de 176% entre décembre 2004 et décembre 2005. Comme le dit Jean-Pierre Mas: "aux agences de voyages de faire savoir qu'elles peuvent faire la même chose". Selon une étude de l'Institut Novatris pour Expedia, "48% des acheteurs de voyage en ligne choisissent désormais de créer leur voyage sur mesure".
"TO et vendeurs doivent se demander où sont passées leurs parts de marché"
Et depuis le début de l'année, où en est l'activité? "Chez les TO, on ne parle pas de reprise car les ventes sont trop contrastées pour arriver à une telle conclusion", explique René-Marc Chikli, président du Ceto. Il est vrai qu'au fil des mois, le marché est devenu de plus en plus instable. S'appuyant sur les propos des TO membres de l'association qui se sont rencontrés le 2 mars dernier, René-Marc Chikli confirme qu'il est devenu très compliqué aujourd'hui de communiquer sur les trafics des opérateurs et que cela est dû avant tout au marché français trop difficile comparé à ses voisins européens. "Les résultats sont en dents de scie et moyens, si bien qu'aucun TO n'ose dire que ça va vraiment et que la reprise est là", ajoute-t-il évoquant déjà une fin d'année 2005 morose. Pourtant au global sur l'année 2005, le trafic des voyages à forfait avait enregistré une hausse de 6,5% (4,9 millions de clients). Progression qui est retombée comme un soufflé chez les TO et les agences classiques, sans doute au profit des agences en ligne qui vendent également des voyages à forfait et dont on a peut-être sous-estimé la capacité à prendre des parts de marché. "La vraie question que doivent se poser TO comme vendeurs qui, à mon sens, sont dans le même bateau, c'est où sont leurs parts de marché?", interroge René-Marc Chikli. Le groupe Thomas Cook AG semble avoir trouvé la réponse à cette question (lire en p. 5) puisque le PDG a décidé dès cette année de miser gros sur l'e-commerce afin de coller à la mutation des modes de consommation du client.