« La situation est sérieuse, le secteur aérien est en crise. » Thomas Juin n’a pas mâché ses mots le mardi 10 mars, pour évoquer la position très inconfortable des compagnies aériennes françaises – et plus globalement, mondiales. L’épidémie de coronavirus a d’ores et déjà des répercussions « désastreuses » sur le secteur, affirme le président de l’UAF. « On observe déjà une baisse de 20% du trafic. Et si cela dure, cela s’aggravera, d’autant que l’on entre dans la haute saison pour le transport aérien [le printemps et l’été, NDLR]. 2020 s’annonce sombre. »
Thomas Juin ne cache pas son inquiétude face à la chute de la demande, notamment de l'incoming. « Le taux de réservation mondiale vers l’Europe a chuté de 79% », souligne-t-il, reprenant des chiffres d’une étude du cabinet ForwardKeys. « Les compagnies sont en conséquence contraintes de reconfigurer leur offre et de clouer des avions au sol. Elles étudient les places de parking dans les aéroports français. » Et d’ajouter : « Nous ne sommes pas à l’abri de défaillances, à l’instar de ce qui s’est passé avec Flybe au Royaume-Uni. » Une inquiétude qui fait écho à l'analyse similaire de l'ACI Europe, qui représente 500 aéroports dans 46 pays. Dans un communiqué, l'organisation évoque un « choc sans précédent » et une lutte « contre un effondrement total de la connectivité aérienne ».
Après la honte de voler, le coronavirus...
Ce contexte particulièrement difficile intervient après une année 2019 globalement positive, comme l’a rappelé Nicolas Paulissen, délégué général de l’Union des aéroports français : « Plus de 124 millions de passagers sont passés par les plates-formes aéroportuaires françaises, soit une hausse de 3,8%. » L’essentiel de la croissance du trafic passagers a d’ailleurs été générée par les grands aéroports régionaux (58%) tels que Nice, Marseille et Toulouse.
L’année dernière, le transport aérien avait déjà traversé une zone de turbulences liées aux fortes critiques liées à son empreinte carbone et sa contribution au changement climatique. À cela aussi, Thomas Juin répond : « Nous allons beaucoup plus communiquer à l’avenir sur nos engagements pour le climat. Mais il faut arrêter de prendre le transport aérien pour cible. Le consensus scientifique admet que nous n’émettons que 2 à 3% des gaz à effet de serre. » Nous voilà prévenus.