Portrait de Femme : Gunilla Ait El Mekki - directrice générale France de SAS

En écoutant cette Suédoise, née au nord de Stockholm, parler de transport aérien on imagine dans la minute qu'elle y est forcément tombée dedans petite. Eh, non. Un pur hasard. Il aura fallu qu'une de ses amies, alors qu'elle faisait ses études dans la ville allemande d'Heidelberg pour devenir traductrice, lui suggère de postuler comme hôtesse chez Lufthansa. Le fou rire passé, la jeune Gunilla se jette à l'eau et tape à la porte de la compagnie qui, bien que séduite, n'est pas dans une phase d'embauche. Partie remise. Elle rentre au pays pour travailler comme traductrice à l'ambassade du Bangladesh et un an plus tard intègre le personnel du transporteur allemand en tant qu'hôtesse de l'air. Gunilla vient de fêter ses 25 printemps et fait le tour du monde. Forcément, elle vole essentiellement en long-courrier. Mais la routine arrive vite au bout de trois ans pour quelqu'un qui aime le changement. D'autant plus qu'elle s'est mariée entre-temps et que son époux vit en Suède. Gunilla quitte Lufthansa et entre, toujours comme hôtesse, chez Linjefly, une petite compagnie suédoise spécialisée dans les vols intérieurs et quelques opérations charter. De la First sur New York à la classe éco sur Beauvais, la jeune Suédoise fait le grand écart. Mais très vite, elle devient responsable de tout ce qui est service à bord. Et continuera pendant l'année qui suit le rachat de Linjefly par SAS en 1993. Changement de décor. Elle devient commerciale pendant 3 ans avant de se voir confier la direction des ventes en Suède, où elle doit gérer un budget de 470 millions d'euros pendant 4 ans. Malgré les difficultés, accrues par des cours du soir en raison de la reprise d'études d'économies et de marketing, le job est très intéressant. Elle avoue y avoir appris beaucoup de choses. Tant sur elle-même que dans la gestion du personnel. Mais le poste est très administratif et très vite Gunilla Ait El Mekki veut faire autre chose. L'idée de quitter SAS lui traverse même l'esprit quand Magazine Managers, un hebdomadaire suédois, lui propose de développer un service pour les lecteurs et d'organiser des conférences. Mais alors que seul un changement au sein de SAS pouvait la convaincre d'y rester, la compagnie ouvre à ce moment-là des postes à l'étranger. Ce sera Bruxelles pour prendre la direction générale de la compagnie en Belgique. Un an après, elle débarque à Paris pour y occuper les mêmes fonctions sur le marché français. Depuis trois ans, malgré une vie professionnelle trépidante, elle parvient à profiter des plaisirs de la capitale. Outre sa beauté, Paris a un atout de premier plan. Elle est très bien reliée à Marrakech, la ville de son mari, qui à sa seule évocation fait pétiller ses jolis yeux azur. Dans ce "chaos organisé" comme elle dit souvent, elle apprécie ce "mélange entre l'Orient et l'Occident", les souks, l'atmosphère qui y règne mais par-dessus tout les gens, "toujours souriants et "toujours prêts à donner un coup de main". Cette histoire d'amour avec Marrakech ira peut-être plus loin. La Suédoise qui s'adapte partout avec une facilité déconcertante s'imagine très bien vivre à la retraite dans une petite ferme environnante à faire de l'huile d'olive. Ce n'est pas le climat qui fera obstacle. Car, cette femme venant du froid nourrit un rêve qui lui tient vraiment à cœur : traverser le Sahara avec des nomades.