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Billet d'humeur

Luc Chatel, Secrétaire d’État au Tourisme

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Luc Chatel veut améliorer la compétitivité des entreprises touristiques, en commençant par la qualité et l’accueil.Tous les gouvernements font le constat, souvent avec éloquence, que le tourisme est un secteur important pour l’emploi.
Pourquoi donc, d’après vous, a-t-on aussi longtemps laissé ce secteur en déshérence ?
Moi, je conçois mon rôle dans l’avenir plutôt que dans le passé. Aussi, ce n’est pas anecdotique ni symbolique de voir le secrétariat d’État au Tourisme rattaché au ministère de l’Economie et des Finances. Cela démontre que le tourisme est un secteur économique à part entière et non secondaire comme cela a pu l’être par le passé. Un exemple, j’étais à l’inauguration du Center Parcs de Chamouille ce week-end. Ce fut un temps le plus grand chantier de France et désormais ce site va fournir 690 emplois dans cette région rurale. Quel est le secteur aujourd’hui en France qui crée autant d’emplois non délocalisables ? Le tourisme est indéniablement une source de croissance.

Jean-Pierre Raffarin, quand il était Premier ministre, voulait donner la priorité au tourisme en organisant notamment des réunions inter-ministérielles. Comment allez-vous mobiliser les énergies et les moyens de chacun pour développer le secteur ?
La coordination entre les ministères doit évidemment être importante. Mais je veux au préalable faire une analyse d’un marché qui va doubler d’ici 2020. Ensuite, nous lancerons un plan stratégique précis pour les années 2015-2020 qui devra requérir des compétences inter-ministérielles. Les propositions iront dans le sens de l’emploi et de la croissance. Le président de la République nous a en effet demandé de trouver un point de croissance marginale supplémentaire et le tourisme peut y participer. Enfin, je tiens à préciser que le tourisme n’est pas de la compétence exclusive de l’État. C’est un animateur, qui élabore des propositions stratégiques et les soumet à ses partenaires qui ne doivent pas attendre tout de l’État.

Comment est-on à la fois secrétaire d’État à la Consommation et au
Tourisme ?
La consommation et le tourisme sont tout à fait complémentaires. Le touriste est effectivement d’abord un consommateur et celui-ci ne peut consommer que s’il a confiance dans les produits proposés. L’opération “Vacances confiance” de cet été fut lancée dans le but de rassurer les clients. Que le client soit protégé, c’est normal et cette protection sert aussi la profession.

Comment peut-on freiner les dérives consuméristes ?
Il faut arrêter d’opposer la protection des consommateurs et la liberté d’entreprendre. Entre les attentes des consommateurs et des entreprises, il faut un équilibre. D’un côté, les clients doivent disposer de garanties suffisantes pour avoir envie de voyager, et de l’autre, je souhaite éviter la judiciarisation extrême, comme on peut parfois le voir ces derniers temps avec des procès mettant en cause des opérateurs qui n’étaient pas directement concernés. Dans ce domaine, je crois que les directives européennes ont eu une transposition maximale avec la loi de 1992. L’aménagement de cette loi fait effectivement partie de mes préoccupations. Je comprends la profession dans son insécurité juridique, mais, attention ! La loi de 92 ne doit pas être l’alpha et l’oméga des questions qui préoccupent le secteur.
 
Les professionnels à travers le Snav vous ont sensibilisé aux pratiques déloyales et au para-commercialisme, un sujet de friction déjà ancien que tous les ministères ont éludé. Doit-on ouvrir l’exercice de cette profession à tout le monde notamment par une généralisation de l’habilitation ? Dans ce cas, à quoi sert la licence d’agent de voyages qui inclut de surcroît une responsabilité de plein droit ?
Il existe en la matière une réglementation, toujours pas en application d’ailleurs, qui permet d’obtenir de la part des professionnels des garanties. Il faut la maintenir de façon à montrer qu’un vendeur est solvable et éviter des pratiques déloyales. Toutefois, je vois bien que le marché est en pleine mutation. Il faut réfléchir avec les acteurs du secteur sur les adaptations à faire et l’État a sa part de responsabilité.

Que pensez-vous des critiques des professionnels après que toutes les compagnies d’Indonésie ont été inscrites sur la liste noire de l’UE en juillet dernier, alors que d’autres pays dans le monde continuent de faire confiance à Garuda, la compagnie nationale ?
Je suis très ferme sur ce point. La sécurité des passagers n’est pas négociable. Le label Horizon en France et la liste noire de l’UE sont de bonnes initiatives. Quant aux critiques, il existe des organisations internationales chargées de veiller à la sécurité des avions et quand elles émettent une alerte, c’est la responsabilité de chacun de suivre les avis de ces experts. On ne peut pas transiger avec ça.

Les tour-opérateurs européens se restructurent, se concentrent et proposent un modèle industriel qui pénètre en France, avec difficulté chez Nouvelles Frontières ou Thomas Cook. Comment jugez-vous cette évolution et diriez-vous qu’il s’agit d’un obstacle ou d’une opportunité pour le secteur ?
C’est un fait, le marché change, notamment sous l’impulsion des mutations technologiques comme Internet. Les relations entre les transporteurs et les voyagistes, mais également entre ceux-ci et les investisseurs évoluent. La restructuration est mondiale, elle existe. Nous devons en revanche être vigilant à ce qu’elle ne soit pas anti-concurrentielle et monopolistique. Dans un contexte mondialisé et de plus en plus compétitif, les entreprises auront besoin de financeurs et financiers pour faire face à de nouveaux défis. De ce point de vue, je ne pense pas que les entreprises touristiques françaises soient en retard par rapport à leurs voisines. J’ai trouvé les professionnels sensibles à leur environnement, pas conservateurs. Mais je ne voudrais pas faire croire qu’il n’existe en France que des grands groupes touristiques. Ce secteur est d’abord celui des TPE et PME, d’entreprises familiales. En conséquence, on ne peut pas résumer le tourisme à ces seuls grands groupes.

Vous avez noté cet été que la France proclamée première destination mondiale n’avait pas les performances commerciales correspondantes. Avez-vous une idée de ce qui pèche ?
Effectivement, en termes de recettes, la France n’est qu’au troisième rang, derrière l’Espagne qui a pourtant dans le passé pris le parti du tourisme de masse. Comment ce pays a-t-il pu réussir à développer des séjours à forte valeur ajoutée ? La première réponse, c’est qu’elle a su mieux que la France s’adapter à la demande mondiale. Mais je vais me rendre en Espagne prochainement pour mieux analyser la situation et voir comment nous pouvons revaloriser notre offre et notre image.

Êtes-vous satisfait du label Qualité France et quels sont les résultats de cette campagne ?
Le premier constat est que ce label est utile. La qualité, c’est le nerf de la guerre. Pour être compétitif, il faut fournir des services et des prestations à un niveau de qualité conforme aux exigences des consommateurs. Ensuite, je constate que nous sommes en retard. En deux ans, seuls 10 % des hôtels sont détenteurs de ce label. De plus, je ne suis pas certain qu’il soit assez visible. C’est pourquoi il faut revoir tout le système de classement de ces établissements.

C’est votre chantier prioritaire ?
C’est le premier que j’ai engagé. Le 22 octobre prochain, je réunirai les professionnels pour reprendre la réflexion sur la réforme du classement des hébergements touristiques de façon à le rendre plus objectif, mais surtout plus qualitatif, avec des critères évolutifs. Améliorer l’accueil est un autre chantier important. On sait que l’accueil aux aéroports et notamment à Roissy peut être amélioré (ils y travaillent). La charte visant à son amélioration n’a pas été suivie d’effets. Je souhaite organiser une réunion de travail dans le mois pour relancer le processus. Qualité, classement, accueil sont mes chantiers prioritaires.

Bio express
1964 : né le 15 août à Bethesda dans le Maryland aux Etats-Unis
1987-1988 : Maîtrise de sciences de gestion à Paris 1 et un DESS de marketing l’année suivante
1990 : Entre chez L’Oréal puis intègre la direction marketing France. En 1995, il est responsable du recrutement puis DRH d’une entité.
1991 : Il adhère au Parti Républicain
1995 : entre au conseil municipal de Chaumont.
2002 : Élu député de la première circonscription de Haute-Marne.
2004-2007 : Porte-parole national de l’UMP.
2007 : Réélu député de la Haute-Marne, devient le 19 juin secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Economie, des Finances et de l’Emploi, en charge de la Consommation et du Tourisme.
Interviews

Auteur

  • La Rédaction
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