Pour être grand patron en France, il faut être bilingue français et anglais. Pascal de Izaguirre, PDG de TUI France, l’est assurément. La preuve, il a baptisé son projet de fusion avec Transat, "One".
Jean-Marc Janaillac, le nouveau président-directeur général d’Air France-KLM, l’est aussi. Son prédécesseur, Alexandre de Juniac, l’était également. Le premier a présenté jeudi dernier son nouveau projet stratégique pour Air France KLM, "Trust Together". Le second avait lancé en son temps le plan "Perform".
Alors, bien sûr, on peut se désoler qu’une entreprise française, même alliée aux Néerlandais, ait recours à des anglicismes pour nommer des plans stratégiques qui concernent en premier lieu des Français.
En même temps, je dois bien admettre qu’en communication, l’anglais permet de donner une dimension exceptionnelle à quelque chose qui l’est moins.
Ainsi "perform" ça sonne mieux que "effectuer" ou "exécuter".
Ainsi aussi, "trust together" ça fait mieux que "faire confiance ensemble".
Les plans "Exécuter 2020" et "Faire confiance ensemble 2020" auraient eu quelque chose d’un peu désuet et de terriblement hexagonal. Alors qu’avec "Perform 2020" et "Trust together 2020", on a le sentiment que le monde – que dis-je –, que l’univers est à nos pieds !
Jean-Marc Janaillac aime à le rappeler en parlant des équipes d’Air France : "nous sommes des challengers", ce qui donne une résonnance d’invincibilité nettement plus intense que s’il avait déclaré : "nous sommes des gens de défi !".
En tout cas, au marketing d’Air France, on brainstorm fort. Mais pas seulement… on benchmark aussi, on debrief, on report, on conf-call, on forward, on process, on corporate, et parfois même on burn-out.
By the way, savez-vous comment s’appelle le projet de la nouvelle compagnie aérienne d’Air France ? Je vous le livre en prime time, mais ce n’est pas un scoop. Ce projet est baptisé… "Boost". Quant au nom de la compagnie, Jean-Marc Janaillac a juste lâché qu’elle s’appellerait "Air France… something". C’est cool, non ?