Pour se faire entendre et défendre ses intérêts, le tourisme a peu de leviers. Certes, les agences de voyages peuvent se mettre en grève, mais je ne suis pas sûr que ça émeuve beaucoup les pouvoirs publics, ni les citoyens...
Ils peuvent bloquer des péages ou des centres de dépôts de carburant, mais je ne pense pas que ce soit dans l’esprit des professionnels du voyage… Ils peuvent aussi aller sur les Champs-Élysées pour brûler le Fouquet’s, piller les boutiques de marques de vêtements, lancer des pavés et des boulons sur les CRS, mais ça non plus, ce n’est pas trop dans leur culture.
Alors comment se faire entendre quand on n’a pas le pouvoir de nuisance des gilets jaunes, des routiers, des cheminots ou des pilotes de ligne ?
Lors de la convention des Entreprises du Voyage d’Île-de-France en Laponie suédoise fin mars, une table ronde a été consacrée au lobbying. À cette occasion, Georges Pham Minh, un lobbyiste professionnel qui œuvre notamment pour les Entreprises du Voyages, l’a confirmé : « Le tourisme n’intéresse pas du tout les politiques ». On s’en doutait un peu…
Dans les ministères, on s’en fout. Idem à l’Assemblée nationale et au Sénat. Nous n’avons même pas de ministre du Tourisme de plein droit. À part quelques secrétaires d’État en charge du Commerce et de l’Artisanat à qui on a refilé le bébé… Et pour couronner le tout, le Tourisme est noyé entre deux ministères, avec un service à Bercy (via la Direction générale des entreprises) et un au Quai d’Orsay. Deux ministères qui, de plus, adorent se tirer dans les pattes… Comme le dit Georges Pham Minh, « dans l’inconscient des politiques, le tourisme est une économie de cueillette ». Pas besoin de s’en occuper, il n’y a qu’à se baisser pour ramasser ses beaux fruits !
Et pour financer les 10 milliards promis aux gilets jaunes, on comprend mieux pourquoi le gouvernement réfléchit à réduire de façon drastique le budget d’Atout France…