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Destinations

Enquête : Les nouveaux membres de l'Union Européenne : Les pays Baltes, les petits pays qui montent (partie 3)

Les pays Baltes pourraient être dans l'immédiat les vrais gagnants touristiques de l'élargissement de l'Union européenne.
Bien sûr, tout le monde confond encore les pays et les capitales, mais désormais le désir de connaître ces trois pays, plus unis par le nom générique "balte" que par une politique homogène touristique, existe et, ce qui est encore mieux, se vérifie dans les agences de voyages. Les tour-opérateurs se lancent avec gourmandise sur ces trois nouveaux espaces jusqu'à récemment inexploités en France, d'autant plus que leurs capitales sont véritablement superbes. Le charme de Tallinn, Riga et Vilnius n'a en effet rien à envier à celui de Prague, Budapest ou Cracovie.
L'Estonie, la star des destinations baltes s'ouvre au marché français
Si la Lettonie part de très loin en matière touristique, l'Estonie et, dans une certaine mesure, la Lituanie ne découvrent pas le tourisme avec l'élargissement de l'UE. L'Estonie, qui compte à peine 1,4 million d'habitants a accueilli pas moins de 3,2 millions de visiteurs, dont 1,8 million de Finlandais, intéressés, la plupart du temps, par le prix de la vodka estonienne. Ce tourisme éthylique ne dérange pas trop les habitants. "On s'adapte, plaisante un guide à Tallinn. Le week-end, nous restons chez nous." En revanche, il a favorisé le développement d'infrastructures d'accueil et est à l'origine d'une bonne partie des 555 millions d'euros de recettes touristiques en 2003, selon l'Organisation mondiale du tourisme. Toutefois, les 15 % d'augmentation de la fréquentation prévue cette année ne doivent rien à l'appétence des voisins finlandais pour les boissons alcoolisées, mais bien au désir des Européens, mais aussi des Américains, de se promener dans les rues superbement conservées de la cité médiévale de Tallinn. A tel point que les hôtels, en général d'un très bon niveau de confort, ont connu des taux d'occupation avoisinant les 90 % dans la capitale. Des TO, comme Amslav, qui proposent des combinés dans les trois capitales baltes ou des produits sur mesure dans chacune d'elles, selon les budgets et les envies, ont dû faire un gros travail de prospection hôtelière pour pouvoir satisfaire la clientèle cet été, en constante hausse depuis quelques mois. La compagnie aérienne Estonian Air, créée en 1991 après l'indépendance du pays, a constaté une hausse de 44 % de la demande en juillet 2004 par rapport à juillet 2003 et assure 13 liaisons contre 9 il y a un an.
Un tel succès n'est pas usurpé, tant les atouts de ce pays plat – le plus haut sommet n'excède pas 320 mètres d'altitude –, sont nombreux. Tallinn attire près de 70 % des visiteurs étrangers, contre seulement 11 % pour Pärnu, une station balnéaire dans le sud du pays charmante et reposante, 5 % à Tartu, 4 % sur l'île de Saaremaa et 3 % à Haapsalu, sur la côte ouest.
Tallinn est une petite merveille, inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco. Le centre-ville a parfaitement conservé son ambiance médiévale, c'est même un cas unique en Europe. Elle est circonscrite par de magnifiques remparts ponctués de 26 tours de défense. Plus haut, la forteresse de Toompea et la tour du Grand Hermann surveillent l'église Saint-Olaf, qui lance sa flèche à 159 mètres de haut, mais surtout la place Raekoja, véritable cœur de la ville d'où affluent et refluent les touristes et les locaux. L'hôtel de ville gothique, fiché au milieu de la place, veille ainsi sur ses habitants depuis le XIVe siècle. Mais il ne faut pas croire que, parce que les serveurs et les marchands ne rechignent pas à porter le costume médiéval, les Estoniens se chauffent encore au feu de bois. Pas moins de 47 % de la population utilisent Internet dans leur vie quotidienne. Jusqu'au douanier qui, devant l'incongruité que peut représenter une carte d'identité française, ne manque pas de vérifier sur un site spécifique la conformité de ladite carte. Les Estoniens savent manier les contraires. Parlant une langue finno-ougrienne, proche des Scandinaves dans leur mode de vie, russophones à 30 %, ils manient la souris et le design mais ne manqueraient pour rien au monde la plus importante manifestation culturelle du pays : le festival de chant choral et de danse traditionnelle dans le stade Kavel Central. En 1989, ce festival fut à l'origine de la "Révolution chantante" où un cinquième de la population du pays s'est retrouvée plusieurs jours durant pour affirmer la volonté d'indépendance vis-à-vis de la Russie soviétique. Quinze ans plus tard, membre de l'UE et de l'Otan, elle entonne un nouveau chant qui séduit de plus en plus de visiteurs.
La Lettonie à pied d'œuvre pour conquérir le cœur des Français
La Lettonie, c'est la zone de transit et de passage, le lieu de contact, de jonction ou de friction entre les cultures nord-européennes. Son peuple parle une langue indo-européenne comme son voisin lituanien mais est majoritairement de confession luthérienne comme son autre voisin estonien. L'Union soviétique avait fait de la capitale Riga son cœur industriel dans les pays Baltes, mais auparavant les Allemands, les Polonais, les Suédois s'en étaient emparés. Cette terre si longtemps disputée est donc dépositaire d'une richesse culturelle très variée, véritablement exposée sur les murs de Riga. A bien des égards, la ville fait penser à Prague. Riga, c'est la plus grande ville non seulement du pays mais de tous les pays Baltes. Elle compte pas moins de 800 000 habitants pour 2,4 millions d'habitants, soit environ un tiers de la population du pays. Proportionnellement, c'est comme si Paris regroupait 20 millions d'habitants. Par conséquent, Riga aspire toute la vie sociale, culturelle et politique. Située à l'embouchure de la Daugava, elle présente un cœur de ville médiéval, des rues étroites piétonnes et biscornues, mais aussi pas moins de 80 édifices classés monuments historiques, dont la Demeure des trois frères ou la célèbre Maison des têtes noires sur la place de l'hôtel de ville, qu'occulte un peu l'étrange musée de l'Occupation russe. Une fois passés le parc Bastejkalns et le petit canal Pilsïtas, les rues redeviennent rectilignes, longées de bâtiments classiques et Art Nouveau. Avec Saint-Pétersbourg et Prague, Riga est l'une des villes possédant le plus grand nombre de bâtiments Art Nouveau, dont certains ont été conçus par Mikhaïl Eisenstein, le père du cinéaste soviétique. L'influence russe ne se ressent pas que dans le style. Plus d'un tiers de la population possède la nationalité russe et près de 90 % sont russophones. Si bien que c'est le letton qui doit se défendre et il est désormais obligatoire de le parler pour accéder à l'université ou à des emplois publics. De plus, en adhérant à l'UE, le pays se tourne résolument vers l'Europe occidentale, particulièrement la Scandinavie, la Pologne et l'Allemagne. Lot, Aeroflot, CSA, British Airways, Finnair et Lufthansa assurent des liaisons, mais pas encore Air France même si les réceptifs travaillant avec les Français réclament un vol direct Paris-Riga devant la croissance actuelle du marché. Une émission sur France3 à 20 h 45 sur les châteaux magnifiques perdus dans la belle campagne lettone comme le palais Rundale, la présidente de la république Vaira Vike-Freiberga, parfaitement francophone, et surtout la superbe capitale qui nécessite au moins trois jours de visite ont certainement contribué à attiser la curiosité du public hexagonal. Toutefois, les faibles liens économiques entre la France et les pays Baltes (à peine 3 % de part de marché des exportations) retiennent encore les compagnies aériennes pour développer des liaisons directes. De plus, le secteur touristique letton n'est pas aussi important que chez ses voisins baltes puisqu'il génère presque quatre fois moins de revenus (160 ME en 2003) qu'en Estonie ou en Lituanie, bien que ses infrastructures d'accueil, notamment les hôtels, soient au même niveau qualitatif que beaucoup d'autres pays d'Europe occidentale. Enfin, les autorités touristiques lettones sont toujours absentes en France. Il y a donc à faire, et l'UE peut aider ce pays à financer ses efforts (pour autant qu'ils existent), la Lettonie étant actuellement le quatrième plus gros bénéficiaire des crédits de paiement de l'UE. Un financement, un potentiel superbe, une demande naissante, tous les ingrédients ou presque sont désormais réunis pour amorcer une politique active de développement touristique en France.
La richesse discrète de la Lituanie s'ouvre aux Européens
Au risque d'insister, la Lituanie, c'est le centre de l'Europe. C'est même le centre officiel, reconnu scientifiquement par une équipe de l'IGN en 1989. Comme sa géographie, son histoire et sa capitale, Vilnius, prouvent cette situation. Le pays aura accueilli les communautés lituanienne, polonaise, russe, tatare, karaïte, juive au fil des siècles. On retrouve encore certaines de ces communautés dans la capitale que les habitants appellent selon, les minorités, Vilnius, Wilno, Vilna ou Vilné. Le cosmopolitisme s'arrête toutefois aux murs de cette ville. La campagne et la deuxième ville du pays, Kaunas, sont beaucoup plus homogènes. L'ancienne capitale montre d'ailleurs comme un défi à Vilnius sa grande avenue Laisvès et sa vieille ville, ainsi que son équipe de basket, sport vénéré au plus haut dans ce pays. Il y a de la rivalité entre ces deux villes. Mais il ne s'agit pas d'un match de titans. Contrairement à Riga ou même Tallinn, la capitale et a fortiori Kaunas ressemblent à des villes moyennes de régions. Même sur la place de la Cathédrale, avec le château Gediminas, poumon de Vilnius, l'ambiance est douce, les rues calmes et peu fréquentées, les vélos de sortie. Le centre de la vieille ville s'organise autour de la place Rotuses, aux abords de laquelle partent les rues serpentines de la vieille ville, s'implantent les églises de toutes les confessions et partent les allées Vokieciu, l'endroit où il faut être le soir, pour boire un verre au milieu de la jeunesse lituanienne et éviter la déprime à la vue des autres rues désertes. Entre les deux grandes places, ne pas manquer le palais présidentiel et surtout l'université, un labyrinthe de salles aux murs peints, de 12 petites cours intimes dont l'une d'elles recèle l'église Saint-Jean. La Lituanie est en fait une bonne entrée en matière pour visiter les pays Baltes. D'une part, Paris est relié directement à Vilnius avec Lithuanian Airlines, un élément essentiel pour ne pas perdre la première journée d'un combiné souvent effectué en tout juste une semaine. D'autre part, les hôtels, comme c'est le cas en Lettonie et en Estonie, offrent souvent un confort supérieur à beaucoup d'autres établissements en Europe, y compris en France, à catégorie égale. De plus, l'ambiance y est plus détendue que chez ses voisins. Enfin, sans faire injure à Vilnius, le voyage va visuellement crescendo au fur et à mesure que les visiteurs se dirigent vers le nord. Pour ces combinés, les autotours sont la meilleure solution. Les loueurs comme Europcar proposent de prendre une voiture à Vilnius pour la laisser à Tallinn. Les routes rectilignes et très bien entretenues mènent en quelques heures les visiteurs vers l'immense bande de sable de Neringa où s'échouent à la saison des cohortes d'estivants et d'innombrables morceaux d'ambre. Ce lieu, classé réserve naturelle, est le royaume du sport et de la nature. Au nord, avant la frontière lettonne, se trouve l'un des endroits les plus étranges des pays Baltes, la colline des Croix de Siauliai. Sur quelques centaines de mètres carrés, des milliers de croix ont été plantées en signe de protestation contre l'occupation russe. Cette colline donne un accent grave et majestueux à une histoire douloureuse faite de déportation et de tortures. Pour les plus intéressés par cette période, l'État lituanien a ouvert un musée du génocide du peuple lituanien dans les anciens locaux du KGB. La salle de torture, molletonnée pour éviter d'entendre les cris, est particulièrement édifiante. La Lituanie, secouée récemment par la destitution de son chef d'État convaincu de corruption, se tourne résolument vers l'avenir c'est-à-dire l'Union européenne. Le pays est actuellement le 3e bénéficiaire des aides européennes. La Lituanie va donc changer très vite, mais Vilnius veut garder son parfum de sous-préfecture, comme si, par modestie, elle ne souhaitait pas afficher tous ses biens, à l'inverse d'un nouveau riche.

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  • La Rédaction
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