Enquête : Les nouveaux membres de l'Union Européenne (partie 3)

D'autant plus que le pays affiche une similitude phonétique et héraldique avec la Slovénie, ce qui n'aide pas à s'y retrouver. Bref, le tourisme slovaque en France part presque de zéro. Mais l'arrivée de Sky Europe et l'entrée du pays dans l'UE pourraient changer la donne, à long terme.
Le 22 août 2003, le destin touristique de la Slovaquie a peut-être changé. Ce jour-là, un Boeing 737 à la livrée sulfureuse – Adriana Karembeu posait dans une position suggestive sur les flancs de l'appareil – effectuait pour la première fois une liaison Paris-Bratislava. La compagnie low cost Sky Europe venait d'être lancée, la première du genre en Europe centrale, et faisait découvrir au monde incrédule une ville oubliée des touristes mais pas des industriels : Bratislava. Il n'est pas inutile de rappeler que cette ville est la capitale de la Slovaquie et non de la Slovénie, un autre petit pays européen coincé entre l'Italie et la Croatie. En 1999, George W Bush avait d'ailleurs fait la méprise auprès du ministre des Affaires étrangères slovène. A sa décharge, outre la similitude phonétique, les deux pays arborent un drapeau en tout point semblable, excepté un petit écusson. Autre précision, qui au vu de ce qui s'entend ça et là mérite d'être rappelé, la Slovaquie n'est plus dépendante de la République tchèque depuis 1993. En conséquence, les professionnels du tourisme doivent bannir de leur vocabulaire le terme Tchécoslovaquie, excepté dans le cadre d'une évocation historique. Enfin, dernière indication liminaire, il n'existe pas de représentation du tourisme slovaque à Paris, peu d'hôtels haut de gamme et les tour-opérateurs ne semblent pas pressés de programmer la destination exceptés Fram et NF et certains petits voyagistes spécialisés. Une fois le décor planté, on évalue mieux tous les obstacles que doit franchir le tourisme slovaque avant de voir émerger une demande française significative. Selon une étude de la Direction des relations économiques extérieures (Dree), les Français ne représentaient en 2002 que 1,56 % de tous les touristes vers la Slovaquie, soit moins de 22 000 personnes. Toutefois, le marché est en croissance de 14 % par rapport à 2001. Le pays mérite pourtant le détour. L'Unesco n'a inscrit pas moins de cinq sites sur sa liste du patrimoine mondial : Vlkolinec, Banska Stiavnica, Spissky Hrad, Bardejov et les formations karstiques dans l'est du pays. Les quatre cinquièmes des 50 000 km2 sont montagneux et regorgent de superbes paysages, de chemins de randonnée et de torrents où l'on peut pratiquer le kayak. La Slovaquie dénombre près de 4 000 grottes dont certaines ont retenu l'attention de l'Unesco comme celle d'Ochtinska. De plus, les sources d'eau chaude ont favorisé le tourisme thermal avec des villes bien équipées à des prix défiant toute concurrence, excepté en Roumanie. Enfin les musées de plein air allient le milieu généreux et le patrimoine culturel slovaque. Comme son demi-frère tchèque, le pays offre une large gamme de châteaux, mais y ajoute, à l'instar de son voisin polonais, une bonne rasade d'églises en bois. Comptant un temps jusqu'à 300 exemplaires d'édifices sacrés en bois, le pays en a conservé une cinquantaine, particulièrement dans le nord-est. L'UE a ici un rôle majeur à jouer, dans la mesure où le marché touristique est dominé par les voisins de la Slovaquie : 33 % des visiteurs sont tchèques, 20 % polonais et 13 % allemands. Le pays manque cruellement de moyens pour s'ouvrir aux autres pays émetteurs comme la France. L'arrivée d'une liaison aérienne entre Paris et Bratislava est un préalable au développement. Mais tout le travail reste à faire.