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Destinations

Entretien avec Gabriel Taher : les grandes ambitions touristiques de l'Afrique du Sud

La convention du Cediv, réseau indépendant d’agences de voyages, s’est tenue au Cap en Afrique du Sud. L’audace ne tenait pas tant dans le choix de la destination que dans la capacité de convier autant personne pour un congrès. Il n’est jamais simple, même si c’est leur métier, de transporter près de 200 agents de voyages sur une terre lointaine. Mais cette destination devient un must qu’il fallait découvrir. Les chiffres parlent d’eux même : en 2006, 97 000 Français sont partis en Afrique du Sud. En 2018 ils seront 196 000. Belle performance. Pour autant, l’office de tourisme du pays ne souhaite pas s’arrêter là. Doubler le nombre de visiteurs français c’est bien, mais son ambition va au-delà.

Votre pays a accueilli 196 000 Français en 2017. Ça commence à être une destination qui compte ?


Oui, mais l’Afrique du Sud est un pays grand comme 2,5 la France. Notre territoire par sa taille et sa diversité a le potentiel pour accueillir davantage de visiteurs encore. C’est bien pour cette raison que j’ai engagé un rapprochement avec les agences de voyages et les tours operateurs afin d’accompagner cette progression de manière plus significative encore. On doit pouvoir doubler ce quota, voir le tripler à plus long terme.

Quels vont être vos arguments ?


Nous avons la chance de détenir des produits qui sont dans l’ère du temps. Je pense en particulier à celui du tourisme responsable. C’est celui-ci que je souhaite promouvoir.

Comment allez-vous procéder ?


Le tourisme responsable, ce n’est pas uniquement de parler de l’eau ! C’est tout un ensemble qui comprend le respect des paysages, de la nature, de l’air, du peuple et leur culture dans le sens du partage, etc. Nous finalisons un projet complet avec une charte qui sera présentée à tous les acteurs du tourisme. L’objectif est de construire des ponts entre les vendeurs des différents réseaux de distribution, les réceptifs, les TO et les petites entreprises TPE/PME sud-africaines qui n’ont pas accès aux affaires internationales. Je vous donne un scoop, nous allons initialiser une réflexion de fond avec les vendeuses et les vendeurs de France afin de bâtir des produits spécifiques à mettre à la disposition de TO qui, nous l’espérons pourront les produire avec leurs réceptifs respectifs.

Vous pouvez développer ?


C’est en gestation. Je suis en relation avec les acteurs du tourisme français pour élaborer des produits qui correspondent aux attentes des Français. Je vous donne un exemple : nous allons créer une route des arts dont l’ambition est de façon colorée et imaginative de vous faire de découvrir l’Afrique authentique, celle du bonheur et du partage. Nous avons des villes comme Johannesburg par exemple ou son centre est devenu un quartier bobo grâce à l’art comme Maboneng et 44 Stanley.

Vous vous appuyez sur le fait que l’Afrique du Sud est surtout une destination nature ?


Entre autres et dans ce domaine, nous sommes parfaitement crédibles. Nous avons la chance de bénéficier d’un potentiel exceptionnel. La nature est grandiose. Les circuits safaris, les grandes espaces, la culture, l’histoire, l’art mais n’oublions la gastronomie sud-africaine qui est parmi la toute meilleure du monde.

Vous en parlez bien de votre pays, mais parlez-nous de la sécurité...


Je considère que cacher la vérité est insultant. C’est pour cette raison que je ne vais pas avoir recours à la langue de bois. Vous me posez la question, évidemment, pour les touristes : sur ce plan je peux affirmer que la sécurité est assurée. Cependant et même si cela est indépendant de mes compétences, je dois reconnaître que dans certains quartiers, l’insécurité existe comme vous pouvez le constater en observant certaines des maisons surprotégées. Mais c’est le propre, hélas, de toutes les villes du monde. Pourtant la délinquance a baissé largement si vous comparez par rapport les années 2004-2006. Est-ce que je suis fière de ces résultats ? Bien sûr que non. Mon objectif est de créer de l’emploi, notamment avec le tourisme, pour sortir la population de la pauvreté et lutter contre l’insécurité. Vous savez, c’est la seule solution pour tout être humain : le droit d’avoir un travail qui lui permet d’être digne et indépendant.

Justement, comment évolue le tourisme à Johannesburg ?


C’est une très bonne question. En 2012 ; il n’y avait pas 5% des touristes qui passaient par Johannesburg plus que 24 Heures à leur arrivée. Aujourd’hui c’est près du 1/4 des 196 000 Passagers Français qui programment des stops qui dépassent le 48 Heures à Johannesburg, la plus grande ville économique de pays. Les chiffres parlent d’eux-mêmes.

Vous avez évoqué la nature comme un des atouts de la destination : la nature, l’art, la gastronomie… Il ne faut pas oublier le vin, c’est apprécié par les Français...


Bien sûr, c’est important. Aujourd’hui de grandes collaborations existent entre les vignobles du monde entier et en particulier avec les Français. Des échanges se sont créés sur les pratiques,  les méthodes et pour les investissements avec certaines familles très réputées. La route des vins voit son attractivité grandir. Le loisir s’en est emparé. Précédemment c’était surtout réservé à l’évènementiel. Mais ça se développe. Des circuits se sont créés. Les touristes laissent des avis très positifs ce qui contribue à promouvoir le vin d’Afrique du Sud. Je profite aussi pour vous informer que nous sommes fières d’avoir parmi les chefs étoilés français Michelin Jan Hendrik. Vous trouverez au Cap plein d’autres bonheurs de table qui fait d’elle une destination gastronomique.

Pour conclure, vous êtes confiant pour l’avenir ?


Oui et j’insiste pour dire que nous sommes en train de construire un pays sur de très belles bases qui reposent sur l’ouverture, la liberté et l’acceptation de l’autre et cela passe la jeunesse, car ils sont la clé de tout. Ce sont ces valeurs universelles que nous sollicitons sur une grande échelle, afin de montrer l’exemple à nos enfants, au monde entier et c’est le sujet, aux touristes qui viennent nous visiter. Un journaliste dont le métier est d’informer ne devrait pas passer à côté de cette réalité. C’est facile de prendre appui sur un fait divers ou un film qui véhicule une mauvaise image et là vous me faites penser à un grand Monsieur de la Musique française qui s’appelle Abel Malik et qui dit "un arbre qui tombe fait plus de bruit qu’une forêt qui pousse"’. Mais c’est réducteur.

Il faut donc rester objectif !


Il est plus juste et plus constructif de refléter la réalité. L’Afrique du Sud est un pays riche qui fait partie des BRICS avec le Brésil, la Russie, l’Inde et la chine. Mais les écarts de richesse sont encore énormes. C’est un défi que nous sommes en train de relever, comme l’atteste le développement d’une classe moyenne. Le président de la République sud-africain Cyril Ramaphosa a clairement exprimé l’importance de l’industrie touristique dans l’économie sud-africaine et sa détermination de vouloir le développer. L’Afrique du Sud c’est une destination arc-en-ciel tant la diversité est grande, mais c’est aussi une expérience universelle. Je tenais à le dire.
 

La déclaration pendant l’ouverture de parlement sud-africain State of the Nation de Cyril Ramaphosa

 
« Selon le Conseil mondial du voyage et du tourisme (WTTC), ce secteur a soutenu 716 500 emplois (4,6% de l'emploi total) en 2016 et devrait augmenter de 3,6% en 2017 puis de 4.1% par an à 1.110.000 emplois (6.0% de l'emploi total) en 2027. La contribution totale des secteurs à l'emploi en Afrique du Sud, y compris les emplois indirectement soutenus par l'industrie, représentait 9.8% de l'emploi total. 1 533 000 emplois en 2016 et devrait progresser de 6,7% (2017) pour atteindre 1 636 500 emplois. Au total, 10 millions de touristes étrangers ont visité l'Afrique du Sud en 2016 - en hausse de 12,8% par rapport à 2015 - et 24,3 millions de voyages domestiques ont été enregistrés au cours de la même période. La contribution totale des voyages et du tourisme au PIB s'est élevée à 402,2 milliards de rands ou 9,3% du PIB en 2016. Le secteur a généré un total de 128,3 milliards de rands d'exportations touristiques, soit 9,9% des exportations totales, qui devraient augmenter de 4,4% Sur la même période, les investissements dans les voyages et le tourisme ont totalisé 68,9 milliards de rands, soit 8,1% de l'investissement total, qui devrait augmenter de 0,6% en 2017 et augmenter de 4,0% par an par rapport au dix ans. »

Auteur

  • Rémi Bain-Thouverez
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