Redonner à l’antique Colisée sa vocation de "salle" de spectacle, l’idée paraît séduisante. Mais quand on connaît les difficultés budgétaires de l’Italie et de la ville de Rome, le projet pourrait rester à l’état de belle illusion.
C’est l’idée d’un professeur d’archéologie reprise dimanche 2 novembre sur Twitter par Dario Franceschini, le ministre de la Culture italien : remettre un plancher au Colisée de Rome afin de pouvoir y organiser des manifestations culturelles. "L'idée (…) me plaît beaucoup. Allez, un peu de courage !" a posté, enthousiaste, le ministre.
L'idea dell'archeologo Manacorda di restituire al Colosseo la sua arena mi piace molto. Basta un po' di coraggio.. pic.twitter.com/hSLBecqzqD
— Dario Franceschini (@dariofrance) 2 Novembre 2014Des structures existantes à modifier
Le Colisée a eu un plancher qui couvrait l'arène jusqu'à la seconde moitié du XIXe siècle mais qui a été retiré pour laisser place à des recherches archéologiques.
L'idée de base, sur laquelle des spécialistes doivent désormais travailler, est de construire un plancher amovible qui permettrait d'organiser des événements culturels, comme des concerts.
"C'est une chose faisable et même utile. Au fond, le Colisée est né comme une arène. Il n'y a pas de gros problèmes même si les études doivent être approfondies car il faut résoudre des questions assez complexes", a déclaré Adriano La Regina, ancien responsable des biens archéologiques de Rome, cité par la presse italienne. "Le Colisée (…) est né justement comme un stade pouvant accueillir des dizaines de milliers de personnes" a-t-il ajouté.
Scepticisme et crise économique
Mais pour Salvatore Settis, ancien président du Conseil supérieur des biens culturels italiens, la question n'est pas d'actualité.
"Nous vivons un moment dramatique pour le patrimoine culturel. (…) je ne pense pas que restituer le plancher au Colisée soit une priorité raisonnable", a-t-il estimé en évoquant les coupes sévères dans le budget du ministère de la Culture.
Il est vrai que Rome et l’Italie connaissent des difficultés économiques. Ainsi, en février dernier, le maire de Rome, Ignazio Marino, pour illustrer les problèmes budgétaires de la ville Eternelle que l’on disait au bord de la faillite lançait à titre d’exemple : "avec l'argent dont nous disposons dans le budget aujourd'hui, je peux réparer une rue de Rome tous les 52 ans". Depuis, le gouvernement a pris, en avril, un décret connu sous le terme "Salva Roma" (sauver Rome) autorisant de nouvelles taxes. C’est dire.
En outre l’Italie, dont la dette représente 130% du PIB (deuxième plus importante de la zone euro), vient de présenter son projet de loi de finances 2015 à la Commission européenne. Comme la France, elle a annoncé le 27 octobre des mesures d’économie supplémentaires pour anticiper les critiques de Bruxelles.
Une rénovation déjà en cours
"Tous les projets sérieux ont besoin de beaucoup d'argent. Si ce projet (de Colisée) se poursuit, nous trouverons l'argent", a assuré lundi 3 novembre le ministre, M. Franceschini.
Le Colisée, plus grand amphithéâtre sous l'Empire romain (188 mètres sur 156, pour une hauteur de 48,50 mètres), accueille environ six millions de visiteurs par an. Il est en cours de restauration depuis septembre 2013 grâce à un financement de 25 millions d'euros offert par Diego della Valle, le patron des chaussures de luxe Tod's. Ces travaux devraient s'achever au printemps 2016.