L'année 2005 sera-t-elle décisive pour la Corse ?

Via leur programmation, les TO lui gardent leur confiance.
Selon les études conduites par l’Observatoire du tourisme de la Corse, la destination affiche un déficit de 7,5 %, soit 173 000 touristes de moins par rapport à 2003. Le recul respectif de l’avant saison et de l’arrière-saison (– 12 % et – 7,7 %) annihile les résultats de la politique menée en faveur de l’élargissement de la saison touristique. L’impact de la baisse des volumes est majoré par une diminution avérée de la durée de séjour. Cette situation provoque une chute sensible du nombre de nuitées touristiques (–10,2 % soit 2 633 000 nuitées) et un fléchissement significatif du chiffre d’affaire global (– 8 %). L’origine des clientèles est sans surprise ni évolution : 74 % de clients français et 26 % de clients étrangers. On note un nouveau tassement du marché professionnel qui totalise à peine 17,5 % des séjours vendus ou organisés dans l’île.
Perceptible dès 2003, cette évolution conduit les différents acteurs à mobiliser l’ensemble des moyens dans le cadre d’une politique de reconquête des marchés. L’Agence du Tourisme de la Corse tente de faire face à la nouvelle donne touristique et économique et souhaite dynamiser et diversifier les différents marchés.
Côté structuration de l’offre de produits, services et infrastructures, l’Assemblée de Corse choisit de recentrer sa politique d’aides publiques en faveur du développement touristique et de redéfinir les mesures d’aide aux entreprises et territoires touristiques.
Côté marketing, la commission promotion a souhaité refondre sa politique, amorcer une nouvelle stratégie de communication déclinée à travers le lancement d’une campagne multimédia et d’une ligne graphique et éditoriale réactualisée.
La Corse souhaite par ailleurs investir plus largement le champ de l'e-tourisme et des nouvelles technologies de l’information et de la communication via son portail Internet : www.visit-corsica.com.
En ce début 2005, quelques indicateurs permettent une touche d’optimisme : la programmation des tour-opérateurs ne faiblit pas, traduisant une relative confiance des professionnels dans la destination. Les capacités de transport offertes, en aérien et en maritime, sont stables sur le marché national et en hausse pour l’international. La courbe des demandes d’informations progresse dans les différents offices de tourisme de l’île, et leur volume est supérieur, à pareille date, à celui enregistré la saison précédente… Acteurs et prescripteurs restent cependant prudents, et la saison qui s’annonce est pressentie par la plupart des observateurs comme déterminante…
La Corse saura-t-elle durablement anticiper et intégrer les mutations lourdes des comportements et des modes de vie, ainsi que l’évolution des conditions de production et surtout de distribution de produits touristiques ?
La destination semble encore hésiter à choisir un positionnement clair… Peu compétitive dans une perspective de développement d’un tourisme de masse (accessibilité, acceptabilité, coûts et insécurité présumés), la Corse ne bénéficie pas encore d’un niveau d’équipement et de service permettant de justifier globalement un positionnement plus qualitatif et à terme plus rémunérateur. De ce choix découlent pourtant la définition et le dimensionnement des infrastructures publiques et privées, ainsi qu’en atteste, à titre d’exemple, l’actuel débat sur la restructuration de la desserte maritime de l’île.
La Corse ne risque-t-elle pas, en dépit d’efforts soutenus, la marginalité d’une destination à l’image complexe et aux choix ambigus ?