La Libye est une destination prometteuse mais les infrastructures sont insuffisantes

Elle possède un patrimoine culturel et architectural riche. Mais pour l'instant, le pays ne dispose pas d'infrastructures hôtelières adaptées, ni d'agences réceptives performantes.
Premier fleuron d'une industrie touristique libyenne embryonnaire, l'hôtel Corinthia Bab Africa dresse sa silhouette au centre de Tripoli, face à la mer, comme une promesse et le début d'une longue marche pour attirer davantage de touristes étrangers. L'établissement cinq étoiles, réalisé avec des capitaux libyens et maltais, superbement équipé et apparemment bien tenu, est ouvert depuis un peu plus d'un an. Mais son hall est encore trop vaste pour le peu de touristes (et d'hommes d'affaires) qui s'y installent. Surtout, Corinthia Bab Africa (Corinthe Porte de l'Afrique) est pratiquement le seul hôtel actuellement à Tripoli à mériter ses galons d'hôtel de tourisme international. Les deux autres, El-Fondouk El-Kébir (le Grand Hôtel) et le Mehari, qui font eux aussi face à la mer, sont un peu défraîchis. Dans le domaine touristique, les Libyens affichent des ambitions, 3 millions de touristes par an à l'horizon 2008, sans commune mesure avec les équipements dont ils disposent actuellement, estime-t-on dans les milieux diplomatiques de Tripoli. "Mais il ne faut cependant pas négliger le volontarisme des autorités qui savent mobiliser leurs moyens lorsqu'ils se fixent des objectifs à atteindre", souligne un diplomate arabe. Naguère négligé, sinon méprisé, le secteur touristique, qui a pâti de l'embargo international imposé au pays entre 1992 et 1999, est désormais présenté comme un eldorado potentiel pour les investisseurs étrangers et libyens. Depuis un an, le colonel Kadhafi ne rate jamais une occasion d'en parler comme d'une nouvelle promesse de développement. Le 1er septembre, à l'occasion du 35e anniversaire de la "Révolution d'Al Fateh", il a encore rappelé à ses concitoyens qu'ils avaient d'incontestables atouts pour développer ce secteur d'activité. "La Libye pourrait être le meilleur pays touristique au monde si l'on respecte l'industrie touristique", a-t-il dit. Avec 2 000 km de côtes, des plages souvent vierges, un désert multiple fait de dunes de sable et de regs (plateaux désertiques pierreux), la Libye, qui dispose d'importantes et de belles oasis disséminées d'est en ouest, pourrait présenter une offre touristique diversifiée. Ses sites archéologiques romains intacts, comme le théâtre de Sebratha (à l'ouest de Tripoli, sur la côte), sont un "plus", dont les visites pourraient être appréciées. Depuis un an, plusieurs mesures ont été annoncées pour encourager l'investissement touristique. Pour la première fois dans son histoire, la Libye a créé un ministère du Tourisme chargé d'arbitrer la distribution d'une manne, qui pourrait atteindre 7 milliards de dollars en cinq ans, pour développer cette activité. Mais si les atouts sont importants, les points faibles sont légion. À commencer par la mauvaise desserte aérienne du pays, qui dispose d'un "aéroport mondial", relativement bien équipé. Pourtant, la compagnie nationale aérienne, la Libyan Arab Airlines (LAA), peine à se reconstruire. À la suite du Corinthia Bab Africa, un autre hôtel de luxe est en projet et des villages de vacances pourraient voir le jour, selon les autorités. Mais le parc hôtelier reste encore loin du compte pour absorber la promesse de 3 millions de visiteurs. En outre, les services touristiques (agences de voyages, location automobile et tours organisés) sont encore plus que modestes et les services hôteliers médiocres. Et l'ambiance islamique dans laquelle baigne encore le pays, qui interdit le vin, les alcools et les divertissements de nuit, pourrait constituer un sérieux obstacle à la venue des touristes, estiment les investisseurs.