La Scandinavie veut en finir avec les saisons

"Ce n'est pas un relais de croissance", enchaîne-t-il. En écho, Jean-Marc Rozé, DG de Bennett voyages, son challenger, estime que "ce marché est mature et n'est pas extensible à souhait. D'une certaine manière, on arrive à la limite du modèle économique de spécialiste, tant la pression est forte sur les prix", évoquant l'arrivée de Marsans en Finlande cet hiver. A priori, la sortie des brochures été des deux plus gros opérateurs français sur la Scandinavie s'effectue sur un fond d'atonie et de défaitisme. Il n'en est pourtant rien car, sous conditions, ils sont tous d'accord : il existe des marges de développement encore inexploitées. "Le seul vrai frein incontournable est le prix", soutient le PDG de Kuoni France. "En revanche, il est possible de jouer sur la saisonnalité, actuellement très marquée selon les pays", ajoute Barbara Grenié, chef de produit Scanditours. C'est ainsi que la Norvège voit sa fréquentation stagner depuis deux ans avec un pic élevé de juin à août. "L'hiver, il n'y a pas de vente", constate les deux TO. Mais les autorités touristiques norvégiennes ont pris conscience de cette lacune : "Nous avons réalisé une étude il y a un an et demi qui révèle que 80 % du potentiel du marché français reste à développer", déclare Randi Laukli, responsable TO à l'office de tourisme de Norvège. "Nous misons donc en hiver sur la Laponie norvégienne, les sports extrêmes, les îles Lofoten, le design." En Finlande, la problématique est en passe d'être résolue. "La demande estivale a augmenté de 220 % par rapport à 2003", note Barbara Grenié. "En Finlande, sur les 8 000 clients Scanditours en 2004, 3 000 sont venus l'été." Jean-Marc Rozé consolide également sa production estivale. Et les deux opérateurs lorgnent sur l'Islande avec insistance, en toute saison. A stratégie adéquate, qui parle d'essoufflement ?
Les compagnies de croisières plébiscitent la destination
Les problèmes de saisonnalité ne sont pas d'actualité dans le secteur de la croisière. Toutes les compagnies présentes en Europe du Nord sont unanimes : il y a une véritable demande de la clientèle française. Costa, qui, à ce jour, a la plus grande programmation du marché sur cette zone, offre un panorama complet de toute l'Europe du Nord avec trois bateaux positionnés depuis l'an dernier de fin mai à septembre. Et la stratégie est payante. "En 2004, le nombre de passagers français s'est élevé à 8 500, ce qui représente une hausse de 60 %", souligne Patrice Régnier, directeur commercial et marketing de la compagnie. MSC Croisières, qui programme pour la deuxième année consécutive le Rhapsody au départ de Copenhague, lui emboîte le pas avec un objectif de 2 000 passagers cette année contre 500 pax réalisés en 2004. "Une première année d'improvisation", selon son directeur général, Antonio Donsanti, qui avoue avoir "déprogrammé le navire de la Méditerranée à la dernière minute pour se glisser à la place laissée vide par Festival Croisières". Confiant dans le potentiel de la destination et la demande grandissante de la clientèle, MSC envisage déjà d'ajouter un second navire "nouvelle génération" dès l'an prochain. Hurtigruten, le dernier venu sur le marché français, a quant à lui explosé les compteurs en embarquant l'an dernier 3 000 passagers à bord de ses onze navires. "Un résultat net huit fois meilleur que prévu", confie François Weill, son PDG, et qui permet à la compagnie d'avoir aujourd'hui un an d'avance sur ses objectifs. Face à un tel engouement, Hurtigruten projette même de desservir le Groenland dès l'an prochain.