Les grands projets de Marseille seront bénéfiques au tourisme

De cette manière, Marseille se conforme, peu à peu, à sa nouvelle vocation touristique. Toutefois, il reste des progrès sensibles à faire en termes d’accueil et de comportements.
Quel visage offrira Marseille aux visiteurs dans quelques années ? Si les projets de construction dans la cité phocéenne débordent du seul cadre de l’accueil touristique, ils pourraient demain dynamiser une demande servie enfin comme il se doit. Car la ville est en chantier ! Depuis le lancement du programme Euroméditerranée, on ne compte plus les projets. Le pôle transport de la gare Saint-Charles est l’un des plus brûlants. Dès le printemps prochain, un tunnel routier reliera le quartier Canebière à l’autoroute A7, libérant la circulation autour de la gare. Déjà rénovée, celle-ci accueillera en 2007 une nouvelle halle de plus de cent mètres de long, avec services, commerces et connexion directe à la gare routière, elle aussi bientôt reconstruite. "La gare Saint-Charles est sous-commercialisée. L’objectif est de la rendre comparable à celle de Lyon Part-Dieu ou Lille Europe", témoigne Alain Wiart, directeur régional de la communication à la SNCF. Déjà plus sûre et mieux entretenue, il ne reste plus qu’à la mettre définitivement en conformité avec le standard TGV, par la construction notamment de plus de 1 000 places de parking. Autre chantier imminent : le doublement partiel de la ligne Marseille-Aix-en-Provence. Une demande récurrente des résidents dont profiteront aussi les touristes. Ils pourront rejoindre la cité de Cézanne par des liaisons plus fréquentes. Côté hébergement, les initiatives abondent. Mille chambres supplémentaires sont prévues d’ici à trois ans, grâce notamment au Novotel Saint-Charles, au Radisson Vieux Port et à une unité du groupe Concorde, dont les ouvertures sont programmées en 2006. Une aubaine pour l’accueil des séminaires et des congrès. Si la réception des visiteurs par la mer fait l’objet d’une attention particulière (voir encadré), l’aéroport Marseille Provence n’est pas en reste. Sa politique de développement de lignes porte ses fruits. La plate-forme a enregistré en 2004 une croissance historique, avec 400 000 passagers de plus qu’en 2003, une hausse portée en partie par le marché européen et les lignes low cost. Au-delà de la rénovation en cours du hall international, la grande affaire de l’aéroport est la construction d’une aérogare "low cost", voulue opérationnelle à l’été 2006. Un bâtiment, selon Philippe Wilmart, directeur marketing de l’aéroport, "conçu pour développer le loisir réceptif et prouver qu’il est aussi bon marché d’aller en Provence que dans d’autres destinations méditerranéennes". Pour transformer l’essai, il faudra alors changer quelques habitudes. Comme responsabiliser les taxis, certains comportements peu scrupuleux étant "l’objet de critiques de la part des voyageurs", selon Alain Wiart. Ou engager une vaste concertation sur l’accueil. Le comité départemental du tourisme, dans son récent rapport publié à l’occasion du lancement du 3e schéma de développement touristique, commentait, pas dupe, les conclusions d’une étude d’image : "L’accueil est un thème sur lequel les habitants doivent se mobiliser. Le touriste n’est pas seulement un consommateur qui dépense, c’est aussi un individu avec qui il faut partager ses valeurs"… Il restera donc à accorder les mentalités aux judicieux efforts immobiliers.
Un tramway nommé désir, à Marseille aussi
Marseille, ville embouteillée ? Si la circulation est loin d’être aussi dense qu’à Paris, la cité jouit pourtant d’une solide réputation d’encombrement. Un trafic appelé à retrouver une nouvelle fluidité, grâce au futur tramway de Marseille. Le chantier, lancé cette année, devrait bouleverser le centre-ville pendant au moins trois ans. Le projet est né de la volonté de la Communauté urbaine Marseille Provence Métropole. Il vise à "en finir avec le tout voiture et rendre à la ville une dimension plus humaine", selon le service presse de la mairie. Belles intentions, à condition que les Marseillais daignent lâcher le volant… Deux lignes sont programmées : l’une reliera le nord-est de Marseille au haut de la Canebière ; l’autre connectera le secteur de la Blancarde au quartier rénové de la Joliette. Desservant au passage sa gare maritime. Si le projet est d’abord destiné aux locaux, il devrait donner un coup de fouet au tourisme urbain. Non seulement parce que les rames, modernes, offriront plus de visibilité et de confort que les bus, mais aussi parce que les vingt-sept stations des deux lignes desserviront plusieurs sites clefs de la ville. Une vitrine de plus pour conforter la nouvelle étiquette de Marseille, qualifiée de "dynamique", "vibrante" et "créative" par les études d’image.
Au port, les passagers vont être bichonnés
L’actualité passagers du port de Marseille a un nom : les terminaux. Fort de sa nouvelle compétence en matière d’accueil de croisiéristes, le Port Autonome met les bouchées doubles pour accélérer la mise en service de ses équipements. Le MPCC (Marseille Provence Cruise Center), la gare maritime dévolue aux navires de croisières, s’est vu adjoindre à proximité un nouveau terminal : le 162. Financée pour moitié par MSC, sa gare accueille des passagers depuis l’an dernier. Autre chantier, d’envergure : la Major. Proche du Vieux Port, ce terminal historique devrait capter d’ici six à huit mois la totalité du trafic Maghreb – "un potentiel de croissance de 300 000 passagers", selon le Port Autonome – et une partie des liaisons vers la Corse. L’opération est conçue en liaison avec Euroméditerranée et s’inscrit dans un vrai projet de reconquête urbaine, avec sa terrasse découverte accessible au public. Quant à la gare maritime de la Joliette, son environnement devrait être lui aussi valorisé. A l’échéance 2007-2009, le projet immobilier Les Terrasses du Port transformera cette autre gare destinée aux passagers Corse en un vaste complexe commercial et de loisirs. Juste en face du bâtiment des docks, symbole historique du renouveau des quartiers portuaires marseillais !