Nicolas Delord est clair sur le sujet: Thomas Cook préfère une reprise du mini-réseau franchisé Boiloris par un "partenaire".
On l'aura compris, le groupe Salaün a les faveurs du franchiseur. Nommé par le tribunal de commerce de Paris le 12 janvier pour gérer les points de vente Boiloris (jusqu'au 28 février), le groupe breton est déjà partenaire du réseau Thomas Cook. En termes de franchise, Salaün a repris ce mois-ci les 11 agences Thomas Cook B Diffusion dans le sud de la France et les 3 agences franchisées TC de Voyages Evasion dans le nord de la France (Nord, Ardennes, Aisne). Pour le reste, "nous avons un accord de distribution croisée" a indiqué Nicolas Delord le 17 janvier. Ce jour-là, justement, les ventes Boiloris sous agrément Iata de Salaün ont réintégré la centrale de paiement de Thomas Cook (TC).Une dette et un courant d'affaires "importants"
L'enjeu est de taille. La défaillance du mini-réseau pourrait peser sur l'exercice 2016-17 de Thomas Cook France. Même si depuis la gestion par Salaün, le chiffre d'affaires repart. "Thomas Cook va s'asseoir sur une dette importante" glisse le PDG qui ne donnera pas plus de détail. Une source proche du dossier évoque 2 millions d'euros pour le seul réseau TC sur les 7 millions d'euros perdus par Boiloris.
Outre la dette – que devraient prendre en charge les assurances du groupe-, l'autre préoccupation de TC est "la préservation du courant d'affaires" de Boiloris. Le CA des 26 agences de voyages représente "50% de notre CA sur Paris intra-muros" explique Nicolas Delord. Des "actions correctives" sur le plan commercial ont été mises rapidement en place auprès d'autres agences parisiennes notamment pour tenter de compenser "en partie" le manque à gagner.
Préemption, franchise et emploi
Durant la période de redressement, la poursuite de l'activité (par Salaün) s'accompagne d'un maintien du contrat d'enseigne Thomas Cook/ Jet tours. "C'est conforme à la jurisprudence" indique Nicolas Delord. Ce qui implique que Thomas Cook "a toujours son droit de préemption" précise-t-il.
La franchise sera-t-elle maintenue pour le repreneur? On comprend que le groupe TC y a intérêt, pour autant cela n'est pas obligatoire. "La clause intuitu personae permet de retirer la franchise au repreneur" explique Nicolas Delord. Une condition qui pourrait s'appliquer en cas de désaccord avec le choix du tribunal…
A priori le groupe Salaün souhaite "une reprise globale du mini-réseau", ainsi que Christophe Roussel, l'énigmatique patron du groupe Korallion, tandis que Thalasso n°1 (et peut-être d'autres*) n'est intéressé que par certains points de vente. Or le mini-réseau est constitué de trois sociétés: Boiloris (17 agences et 42 salariés), Boiloris Développement (5 agences et 14 salariés) et Boiloris Distribution (4 agences et 27 salariés).
Le tribunal de commerce pourrait-il privilégier une "vente par appartements"? Dans ce cas-là, "on ne s'interdit pas de regarder" et de pouvoir "présenter un dossier" a déclaré le président de Thomas Cook France, le 17 janvier. En attendant, la poursuite de l'activité par Salaün est "une bonne nouvelle pour les équipes qui sont attachées à la marque Jet tours" assure Nicolas Delord.
* Les candidats à la reprise ont jusqu'au 30 janvier 17 heures pour déposer leur offre auprès de l'administrateur judiciaire nommé par le tribunal de commerce, Me Carole Martinez. 7 rue de Caumartin, Paris 9. Tél. 01.49.49.01.91.