Encore trop de freins à la création d'entreprise !

"N'ayez pas peur de vous planter", s'est exclamé Jean-François Rial, patron de Voyageurs du Monde, qui s'est souvenu de ses échecs. "Les formalités, c'est du détail." Alors, bien sûr, si tous les intervenants de ce forum comme Jean-François Rial ont loué "l'enthousiasme" comme première vertu du créateur d'entreprise, une enquête de l'APS met en exergue les inquiétudes de ces entrepreneurs. L'association, qui a interrogé 100 nouveaux patrons (*), révèle que pour 78% d'entre eux, "la France et ses institutions ne favorisent pas la création d'entreprises". Des progrès, notamment en matière d'informations et de communication, restent à faire. Comme pour Didier Munin, patron du réseau Boiloris, "l'indépendance" et l'envie de "posséder sa propre entreprise" sont les critères qui ont décidé les jeunes entrepreneurs à se jeter dans le grand bain. "Au sein du tour-opérateur qui m'employait, j'ai été bloqué dans ma progression par un jeune diplômé d'HEC, raconte Didier Munin. Voilà ce qui m'a décidé." Il continue: "Aujourd'hui, j'ai des difficultés à recruter des cadres pour pourvoir des postes comme animateur de réseau. Le BTS Tourisme bloque mes salariés au poste de chef d'agence." Nicole Breurec-Lerat, directrice de Cap Vers Tourisme, fait aussi un constat amer. "Les étudiants ont une vision romantique du métier. Il est dommage qu'il n'existe pas de passerelle entre
les écoles de commerce et les métiers du tourisme. On dit qu'on va aller dans la banque, dans l'assurance mais on ne dit pas qu'on va aller dans le tourisme." Reste encore à créer, au-delà du BTS Tourisme, une vraie filière tourisme. Ce que reconnaît Laurence Jeguzo, conseillère technique de Léon Bertrand, ministre délégué au Tourisme : "Le BTS n'est plus suffisant pour créer son entreprise." "L'enthousiasme, c'est beau mais il faut être un tantinet gestionnaire", ajoute Georges Colson. Pour Jean-François Rial, "nous sommes à la recherche de têtes bien pleines et non pas de billettistes qui savent utiliser Galileo (sic)."
Les niches sont-elles le dernier eldorado des entrepreneurs?
C'est René-Marc Chikli, président du Ceto, qui le dit : "Au sein de notre association, nous constatons l'arrivée d'entrepreneurs qui ont investi dans des niches avec des chiffres d'affaires d'intéressants." La niche, nouvel elodorado des nouveaux entrepreneurs du tourisme ? Sans doute. Ainsi Sami Guenaoui, directeur général de Mille et un soleils se satisfait des bons résultats de sa production Bahamas. Pour Frédéric Van Houtte, patron de l'association des agences en ligne, "il y a des places à prendre". En effet, comme l'a affirmé Jean-François Rial, "les grosses agences de voyages en ligne sont nulles quand il s'agit d'investir des niches". Didier Munin déplore toutefois la difficulté de lutter contre ces sites et "leurs énormes moyens de communication". D'où cette conclusion de Frédéric Van Houtte : il faut investir dans des secteurs d'activité où les pure players n'exercent pas pour trouver les mots clefs afin d'apparaître en tête de liste des moteurs de recherche. Un référencement malin…" A charge, ensuite, aux patrons de l'agence de faire vivre le site. "Il faut de la patience et de la constance."