Frais : les agences doivent oser !

"J'ai vu l'exemple de certaines agences qui prennent 8 euros de frais par billet, quelle que soit la destination", constate Jean-Pierre Mas. Et le président du réseau Afat de dire à ces agences, souvent des indépendantes, que "leur expérience de vie est limitée et qu'elles déstabilisent le marché". Pour Richard Vainopoulos, président du réseau Tourcom, "ces agences qui fonctionnent au système D risquent très vite de se retrouver devant le greffe du tribunal". En marge de ces pratiques jugées "suicidaires", une question demeure : les agences prennent-elles suffisamment de frais ? "Nous nous sommes basés sur la grille d'Air France", concède Olivier Six du réseau Cap 5. Et de préciser : "on ne peut pas faire autrement, surtout avec la montée en puissance des agences en ligne." Moins fataliste mais tout aussi lucide, Francis-Philippe Gallo, directeur général de Sembat Voyages, souligne qu'avec ce nouveau modèle économique "on ne gagne ni plus ni moins d'argent qu'avant". Et de remarquer que "si les analyses sur le mois d'avril étaient plutôt optimistes, ce n'est pas du tout le cas sur le mois de mai", ce qui lui fait dire que "les choses ne vont pas aller en s'arrangeant". Richard Vainopoulos se veut plus optimiste et martèle son discours : "c'est la mort assurée pour les agences qui ne prennent pas de frais. C'est même une faute professionnelle". Et de leur préconiser de "faire de la marge plutôt que du volume". Les fameuses matrices établies par les réseaux se veulent un outil précieux permettant au chef d’agence de connaître et déterminer sa marge en fonction de ses coûts. "D'ailleurs l'agence au fin fond de la Creuse sait souvent mieux calculer ses frais que celle située à Paris", remarque encore Richard Vainopoulos. Si comme le dit Olivier Six, "il est encore trop tôt, il faudra attendre la fin de l'année pour y voir plus clair", Jean-Pierre Mas tient un discours pédagogique : "calculez bien vos besoins et ne succombez pas aux bas frais pour prendre des parts de marché". Bref, les agences doivent oser.
Georges Colson met en garde contre les risques de dérapage
Le président du Snav constate que le principe de prise de frais a été bien accepté par la clientèle société, un peu moins pour la clientèle dite de passage. "Le client s'est en effet très vite aperçu qu'on ne prenait pas les mêmes frais dans l'agence concurrente", déclare-t-il. Conséquence : certains points de vente ont revu leurs frais à la baisse tirant inexorablement les prix vers le bas. "Je suis pour la libre concurrence mais pas à n'importe quel prix", affirme Georges Colson, et de vouloir "mettre en garde tous ceux qui s'approcheraient d'un peu trop près de la ligne rouge". "Attention au risque de dérapage" insiste-t-il. A l'inverse, les agences qui prennent des frais trop importants, vis-à-vis notamment des fournisseurs qui ont maintenu leur rémunération traditionnelle, déstabilisent aussi le marché. "Car cela risque d'inciter ces mêmes fournisseurs à revoir leur politique commerciale", remarque Georges Colson.