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Distribution

Pierre-Jacques Costedoat, conseiller du président de Sécurité Sans Frontières (SSF)

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Ancien directeur des opérations à la DGSE, Pierre-Jacques Costedoat a rejoint, en février 2003, SSF, société spécialisée dans la prévention et la gestion des risques auxquels peuvent être exposés les biens et les personnes.
Deux préoccupations de plus en plus partagées par les professionnels du tourisme.Pouvez-vous nous présenter Sécurité Sans Frontières ?
Filiale du groupe Sofema, Sécurité Sans Frontière est une société de sûreté-sécurité spécialisée dans la prévention et la gestion des risques auxquels peuvent être exposés les biens et les personnes. Pour cela, nous avons créé un site d’information en français et en anglais couvrant 186 pays. Outre les données géographiques, politiques et sociologiques qui lui sont propres, un pays présente également une situation sécuritaire particulière sur laquelle nous nous prononçons. En cas de problème majeur, SSF met en place une cellule de crise et, si cela s’avère nécessaire, coordonne les actions du plan d’urgence, organise le rapatriement des expatriés ou la récupération des personnes enlevées.

En quoi votre site est-il différent de celui du Quai d’Orsay ?
Le ministère des Affaires étrangères est tenu d’employer un langage diplomatique. SSF est une société privée et nous n’hésitons pas à déconseiller une destination si nous estimons cela nécessaire. Autre différence qui a son importance, le Quai fait une analyse par pays alors que ce qui intéresse davantage les entreprises ou les tour-opérateurs, ce sont les dangers encourus dans une zone ou, mieux, un endroit donné. Et cela, SSF est en mesure de le proposer sur demande. Par exemple, le Nigeria est actuellement présenté comme un pays à feu et à sang, alors que seules certaines zones sont en proie à des troubles.

Travaillez-vous avec beaucoup de voyagistes ?
Nous avons quelques clients historiques comme le Club Méditerranée, Voyageurs du Monde ou Kuoni. Pour l’instant, on leur donne une information pays par pays, mais il est évident que l’on espère avoir à l’avenir des commandes plus ciblées. On peut imaginer que des voyagistes nous disent : “je vais à tel ou tel endroit, je ne vais pas dans l’ensemble du pays. Dites-nous quelle est votre analyse sécuritaire tel jour…” Bref, cibler davantage l’info en fonction des besoins.

Quelle est la nature de votre partenariat avec le Ceto ?
Depuis le mois de juin dernier, nous travaillons avec le Ceto, à qui nous adressons quotidiennement 20 à 30 messages d’alerte par e-mail. Les informations diffusées se doivent d’être préventives. S’il y a un attentat, on l’annonce évidemment, mais le but est d’abord d’anticiper afin de communiquer le plus en amont possible toutes les informations (grève dans les transports aériens, épidémies, alertes terroristes…) liées à des événements susceptibles de désorganiser le fonctionnement d’une entreprise ou d’un séjour touristique. À la fin du mois, tous les messages (entre 500 et 600) sont compilés dans un bilan mensuel. Le but est de faire une synthèse des différents événements qui ont eu lieu et de lister les pays où il est préférable d’être vigilant le mois suivant. Nous répondons également à toute question complémentaire de nos clients sur telle ou telle région au travers d’études ponctuelles.

Quelles sont vos sources d’information ?
C’est un métier de réseaux. Outre des contacts au sein des pouvoirs publics et du Quai d’Orsay, nous nous appuyons sur un réseau unique d’un millier de correspondants dans le monde, ce qui nous donne une capacité d’intervention dans plus de 110 pays. Mais, ce n’est pas tant l’information elle-même sur l’état sécuritaire d’un pays ou d’une région qui est le plus important, c’est l’interprétation de cette information. C’est-à-dire permettre à un voyagiste de disposer de conseils précis sur l’opportunité ou non de se rendre dans tel ou tel pays, sur le comportement à adopter sur place, sur les lieux à éviter, etc.

Quelles sont vos priorités quand vous auditez une entreprise ?
Nous nous assurons que les mesures de sécurité qui sont mises en place pour faire face à telle ou telle menace soient adaptées. C’est seulement comme ça que l’on peut prévenir les risques. Il faut pour cela les identifier et analyser le dispositif de sécurité mis en place par notre client afin de savoir s’il couvre tous les risques encourus. On fait cela à travers des audits de sécurité. Prenons par exemple le cas d’un club de loisirs. Même s’il y a de grandes barrières qui ont été aménagées tout autour afin que les touristes se sentent protégés, ces derniers sont forcément à un moment en contact avec l’extérieur. Notre rôle est alors d’analyser ces contacts afin de déterminer s’ils sont de nature à représenter un danger : quelle est la traçabilité de l’alimentation, quels sont les fournisseurs, quels sont les moyens de transport pour rejoindre le lieu de villégiature, quels sont les itinéraires entre l’aéroport et le club, sont-ils toujours les mêmes, est-ce que l’on est sûr du personnel… ? Se poser ces questions est important. Il y a toujours un compromis à trouver entre un dispositif de sécurité qui serait lourd et voyant et certains moyens plus souples pour s’assurer par exemple du contrôle des entrées. Beaucoup de villages dans le monde nécessitent ce type d’audit.

SSF est-elle amenée à évacuer des ressortissants ?
Cela nous arrive parfois. Mais que les choses soient bien claires : nous ne sommes pas une société militaire privée. On n’est pas armé, sinon on serait des mercenaires ! En revanche, nous sommes très bien renseignés, ce qui nous permet de lancer un appel à évacuer avant que ce ne soit trop tard. Pour évacuer, deux conditions sont nécessaires : il faut assurer le déplacement des personnes entre leur hôtel ou leur village de vacances et le lieu de rassemblement. Ensuite, pour les sortir du pays, il faut que l’aéroport ou le port soit encore ouvert. Lorsque l’évacuation s’impose, SSF est capable de mobiliser d’importants moyens autour d’une cellule de crise. Ainsi, aux premières heures de la crise libanaise, nous avons évacué plus de 100 ressortissants français et étrangers.

Comment percevez-vous l’avenir du tourisme ?
Il n’y aura plus de tourisme sans sécurité. Il va donc falloir que les professionnels de la sécurité et les tour-opérateurs se rapprochent. Il n’existera jamais de risque zéro, mais entre ne rien faire et anticiper les risques susceptibles de subvenir, il existe une grande différence. Mais pour cela, il est nécessaire que tous les maillons de la chaîne de solidarité qui va du pays d’origine du ressortissant au touriste lui-même en passant par le tour-opérateur, les assureurs, les sociétés d’assistance et les spécialistes de la sécurité travaillent avec efficacité. Les professionnels du tourisme doivent mettre en place un véritable marketing de la sécurité par les professionnels du tourisme, même si cela a un prix. Nous ne voulons pas empêcher les voyagistes de vendre du rêve, mais nous pensons que le fait de rassurer sera un élément essentiel car il est clair que les touristes vont faire de plus en plus attention à la sécurité de leurs voyages et de leurs séjours.


› Bio express
27 janvier 1942 : naissance à Casablanca
1989-1995 : chef du service Action puis directeur des opérations à la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE),
1995-1998 : commandant des écoles de formation d’officiers de Saint-Cyr Coëtquidan.
1998-2000 : secrétaire général de la défense nationale
2000-2002 : gouverneur militaire de Paris et commandant des forces terrestres de la région Ile-de-France.
Depuis le mois de février 2003, le général Costedoat est le conseiller de Frédéric Bauer, le président de Sécurité Sans Frontières (SSF). Ancien élève de l’École spéciale militaire (ESM) de Saint-Cyr, il est marié et père de quatre enfants.
Le général Pierre-Jacques Costedoat pratique régulièrement le golf, le ski et la randonnée en montagne.
Interviews

Auteur

  • La Rédaction
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