Résas en ligne : les entreprises en rodage

"La plupart des managers pensent que l'optimisation des processus grâce à des outils informatiques permet des gains substantiels sur les coûts de gestion des déplacements professionnels." Il existe toutefois un bémol. "Les grandes entreprises françaises n'ont pas de chiffres précis sur ces coûts ni sur les économies générées par l'automatisation, ce qui est le reflet d'une courbe d'expérience limitée." Et de souligner pour indiquer un taux de confiance encore faible : "Les sociétés qui mettent en œuvre des outils de self booking projettent des taux d'automatisation des réservations de l'ordre de 30% à 40% en moyenne." Travelsoft a d'ailleurs évalué le niveau de maîtrise de l'outil par les grandes entreprises françaises. "Elle fait apparaître une note moyenne de 11 sur 20, ce qui laisse une marge de progrès importante dans de nombreux cas." Cela dit, "quelques champions existent et obtiennent jusqu'à 19 sur 20, prouvant qu'il est possible d'industrialiser fortement les processus de voyages d'affaires", comme cela a été fait depuis longtemps pour les outils d'ordre de mission et de notes de frais. L'outil de réservation en ligne n'est déployé que dans 18% des cas par les entreprises interrogées. "Elles sont cependant 46% à prévoir la mise en place prochaine d'un outil de ce type." Conclusion de l'étude : les processus de gestion des voyages d'affaires "sont complexes et demandent un effort important, notamment vis-à-vis de la culture de l'entreprise pour les modifier et les optimiser". C'est dire s'il faut encore du temps avant que les PME franchissent le Rubicon. Et pourtant, selon le benchmark de Travelsoft, "les gains résultant de l'automatisation peuvent représenter en valeur entre 3% et 5% du budget voyages des grandes entreprises".
Quelles conséquences pour les agences de voyages affaires ?
Ce n'est pas un hasard si la dernière édition du salon EVP (Espace Voyages Professionnels), organisé par American Express Voyages d'Affaires en novembre dernier, avait comme fil rouge "la mise en œuvre de solutions et d'outils on line consacrés à l'optimisation des coûts de déplacements professionnels". Quelles peuvent être les conséquences de la progression "self booking tools" sur le fonctionnement des agences de voyages ? Déjà, des restructurations. Comme a pu le souligner Régis Chambert, directeur général d'AEV, des "métiers vont disparaître au profit d'autres, plus experts, comme des ingénieurs système". Et de souligner avec sincérité : "la croissance des ventes en ligne pourrait entraîner des pertes d'emploi". Ensuite, une compétition sur les frais qui risque d'être meurtrière. "Les clients vont regarder de plus près les offres et les prix, et certains concurrents vont se lancer dans une course aux parts de marché." Et de continuer : "En somme, si réserver et émettre reste la base du métier, il faut maintenant aller beaucoup plus loin comme prescrire un taxi pour un transfert vers la gare du Nord plutôt que de laisser une voiture quatre jours dans le parking." Des restructurations en vue pour les réseaux historiques qui font dire à des nouveaux venus comme TQ3 France : "Nous avons les mêmes outils technologiques que nos concurrents mais nous pouvons nous permettre de les pousser plus fortement."