En agences, on adopte le même réflexe d'inscription tardive que sur Internet.
De nombreux professionnels accusent la Coupe du monde de freiner les ventes.Paradoxalement, des demandes ont déjà été enregistrées sur l'arrière-saison.
"C'est la déconfiture." Pour expliquer le rythme ralenti des réservations d'été, Lionel Charbonneau (Pause Voyage, à Mennecy) ne mâche pas ses mots. "Entre le 1er janvier et le 30 juin, j'ai 100.000 euros d'inscriptions en moins par rapport à la même période l'an passé", déclare-t-il. Certains, notamment les agences en ligne, ont mis en cause la Coupe du monde qui aurait freiné les réservations des Français. "Je n'y crois pas", déclare Marc Boehm (Altitude Voyages, à Orléans). Pour lui, "il y a tout ce qu'il faut dans les hôtels pour voir les matches". Pourtant, sur le marché anglais, Lastminute révèle qu'après l'élimination de l'équipe nationale contre le Portugal, les réservations ont augmenté de 35% les deux jours suivants. Alors, une fois la fièvre du foot retombée, les Français vont-ils retrouver le chemin de l'évasion? "Si c'est le cas, j'ouvre plus tôt l'agence le 10 juillet (lendemain de la finale), et j'attends les clients avec impatience", commente Lionel Charbonneau. Pour Luc Adjadj (Luc Voyages, à Paris), "il y a un vrai problème de visibilité". Et de constater "les inscriptions tardives qui se confirment d'année en année". Il explique: "J'ai l'impression qu'on "adopte le même réflexe en agence que sur Internet. A nous de nous adapter". Marc Boehm est catégorique : "La clientèle de passage ne viendra pas. Le contrecoup de l'euro et l'effet des accidents charter l'an passé n'y sont pas étrangers." Pour autant, les groupes, selon lui, semblent s'être mobilisés cet été, ce qui lui fait dire que "lorsque les groupes marchent, la clientèle individuelle trinque". Lucide, Lionel Charbonneau constate que "les dossiers famille en hôtel-club se réduisent d'année en année. Et pourtant, les gens continuent à partir. Simplement, ils réservent sur Internet ou en direct auprès des TO". Et d'ajouter, que "c'est la première fois cette année qu'on ressent cet effet diabolique". Une lueur d'espoir toutefois, les nombreuses demandes déjà enregistrées sur l'arrière-saison. "Les pré-résas pour l'hiver ont bien démarré, avec notamment une clientèle haut de gamme", confirme Marc Boehm.
COE / Snav : les chiffres n'étaient déjà pas bons au mois d'avril
Selon le baromètre COE / Snav, les agences de voyages n'ont pas réalisé un bon mois d'avril. En effet, le chiffre d'affaires en valeur des distributeurs est en recul de 8,4% en avril 2006 par rapport à avril 2005. Le chiffre d'affaires du secteur de la billetterie diminue de 5,8% et celui du secteur des voyages à forfait de 9% sur la même période. En données corrigées des variations saisonnières, le chiffre d'affaires total en valeur baisse légèrement de 0,6% en avril par rapport à mars 2006, le secteur de la billetterie affiche un recul de 0,8% et celui des forfaits progresse de 2%. Une explication, peut-être : le COE note une "forte hausse des prix de 13,5% en avril 2006 pour les voyages à forfait et de 4,4% pour la billetterie". A l'issue des quatre premiers mois de l'année, le chiffre d'affaires total cumulé diminue de 1%, la billetterie progresse de 2,8%, la vente de voyages à forfait étant en baisse de 4,7%. Une bonne nouvelle toutefois : selon le Ceto, les réservations de forfaits en mai ont été stables par rapport à l'année dernière (+0,2%). Une progression a été constatée sur la France et les long-courriers (+6%). La Thaïlande, le Vietnam et les Maldives ont retrouvé leurs touristes, la Réunion ne se remet pas de l'épidémie de chikungunya. En somme, la casse semble avoir été limitée même si tous les professionnels prient pour que clients se ruent dans les agences une fois la Coupe du monde terminée. René-Marc Chikli, président du Ceto, a aussi rappelé que "l'été 2005 a été une excellente saison".