Si Hocine Si Zyad est le directeur du Grand Hôtel Français situé à Paris, boulevard Voltaire dans le 11e arrondissement, à deux pas du Comptoir Voltaire où l'un des terroristes s'est fait exploser faisant une vingtaine de blessés, dont quatre graves.
Particulièrement choqué, il réagit à la publication sur Tripadvisor d’un commentaire terriblement négatif sur son établissement lors de cette épouvantable soirée. Selon lui, en publiant ce type de réactions, Tripadvisor fait preuve d'un "manque de compréhension" envers les hôtels, qui "eux aussi sont victimes des attentats".Voici l'avis publié sur Tripadvisor : "J'ai eu un problème conséquent avec l'hôtel vendredi soir, la nuit des attaques. Je comprends que cet hôtel est une entreprise qui a besoin de faire de l'argent. Ce que je ne comprends pas c'est que quand notre rue a été bouclée par les militaires, le personnel de l'hôtel n'a pas pu offrir ne serait-ce qu'une chambre au couple qui s'était réfugié dans le lobby. Il n'y avait pas foule de gens devant les portes de l'hôtel - même si des personnes erraient dans les rues et étaient dans l'incapacité de rejoindre leur foyer. Là, il ne s'agissait que d'un seul couple que j'aurais bien volontiers aidé financièrement si l''hôtel n'avait pas essayé de leur facturer 170 euros pour la plus basique de ses chambres. Un peu de gentillesse peut avoir des effets sur le long terme, surtout en situation de crise. Je pensais qu'aider autrui en cas de besoin aurait été une réponse automatique, surtout de la part de Parisiens. Apparemment, je me suis trompé." Voici la réaction de Si Hocine Si Zyad : "Chers clients, je suis profondément choqué par le commentaire que je viens de lire. De quel droit Tripadvisor se permet-il de publier ce genre de commentaire, surtout après tout ce que je viens de faire sur mes deux hôtels pendant les 4 derniers jours ? J’ai remboursé tous les clients, j’ai aidé tous les clients sans condition aucune. Tous ceux qui avaient payé ont été totalement remboursé. J’ai donné des consignes pour être tolérant et j’ai personnellement aidé des gens durant cette terrible épreuve. De quel droit certaines personnes se permettent de nous tuer une deuxième fois sans aucune considération pour toutes les mères de famille et les employés qui travaillent dans nos hôtels ? Sans respect pour celles et ceux qui bravent le danger et taisent leur peur afin de venir travailler et de promouvoir une fois de plus l’image de marque de la France. Nous avons tous fait des efforts et travaillé avec le sourire pour permettre aux gens qui nous ont fait confiance et qui nous ont soutenu dans ces terribles épreuves de rester et nous avons même offert un cocktail à tous nos clients cette semaine.
Alors, je le répète, de quel droit vient-on nous punir car un veilleur de nuit a mal réagi ? Sachez que, si cela est vrai, il sera réprimandé. Vous ne pouvez nous juger ainsi sans savoir. Où est donc cette générosité et cette solidarité dont on parle partout ? Savez-vous tout le mal que vous allez faire ? Ignorez-vous que derrière ces réservations se trouvent des personnes qui travaillent avec affection ? Rendez-vous compte qu’il y a des pères de famille - comme moi - qui ont laissé leur famille dans la peur afin de pouvoir être auprès de leurs clients pour les rassurer et les aider ?
Après avoir perdu des collègues de la grande famille de hôtellerie et de la restauration, je vis cela comme un deuxième assassinat à cause de la violence de ces mots.
De grâce, arrêtez de juger et cherchez à comprendre : nous nous battons avec tout notre cœur pour défendre l’art de vivre à la française. Certes, parfois, nous pouvons faire des erreurs et nous ne demandons pas le pardon, mais juste un peu de compréhension et une générosité égale à celle que vous nous demandez.
Permettez-moi de terminer en remerciant tous les gens qui nous ont envoyé des messages de soutien et des témoignages de sympathie".