Bel Ombre : un site, trois hôtels, l’île Maurice côté nature

Un bout d’île délaissé par les grands resorts et voué à la culture ancestrale de la canne à sucre… Jusqu’alors, Bel Ombre était surtout connu pour sa sucrerie dont il ne reste que quelques murs blanchis. Le chantier fut mené tambour battant : en un an, trois hôtels sont sortis de terre comme par enchantement, entre lagon et nature sauvage. En inaugurant ces trois unités en décembre 2004, Paul Bérenger, le Premier ministre de la république mauricienne, parlait de miracle. Pour être plus terre à terre, disons que c’est un véritable exploit ! Car parallèlement aux hôtels, c’est un nouveau golf de 18 trous qui s’est lové le long d’une rivière, entre les hôtels flambant neufs et les collines boisées qui abritent cerfs de Java, cochons sauvages et une multitude d’oiseaux. Le parcours était dominé par une ancienne maison coloniale. L’occasion était trop belle de la rénover et de la transformer en restaurant gastronomique, "le Château", avec vue sur les greens… Nous en reparlerons.
Le site est prévu pour accueillir cinq établissements, mais la deuxième phase des travaux ne devrait démarrer qu’à partir de 2007, histoire de donner le temps aux premières unités de faire leurs preuves. Alors, trop d’hôtels à Maurice ? Jusqu’à aujourd’hui, la destination n’a pas eu à souffrir de surcapacités. À Bel Ombre, c’est une nouvelle page de l’histoire du tourisme mauricien qui s’écrit. Les trois hôtels ont pris des partis architecturaux différents puisés aux sources de l’histoire de l’île. Ils ont aussi misé sur les nouveaux désirs des clients : besoin de nature, de sports, de bien-être… Chaque unité possède des équipements sportifs complets (le Telfair et l’Heritage gèrent ensemble le nouveau parcours de golf), propose des produits de découverte de la nature environnante mais surtout a fait de son spa le cœur de son offre, quand ce n’est pas, comme à la Voile d’Or, le centre même de la vie de l’hôtel-club.
Le Telfair, charme colonial à l'anglaise
L’allée en pente douce qui mène à l’entrée de l’hôtel semble avoir toujours été là. Merveilleuse nature mauricienne qui autorise tous les prodiges en gommant presto les traces des chantiers récents. En choisissant le nom de Telfair, le groupe Indigo qui est à l’origine du Labourdonnais Waterfront et, depuis juin 2004, du Suffren Hotel & Marina à Port-Louis, cultive les références à l’époque "coloniale". Charles Telfair, Irlandais, humaniste et naturaliste passionné, mit en valeur au début du 19esiècle son domaine de Bel Ombre. Les aquarelles de son épouse Annabella ont inspiré les jardiniers de l’hôtel et l’esprit de l’époque coloniale imprègne l’architecture et la décoration de l’établissement. Le lobby en hauteur surplombe un pont sur la rivière des Citronniers bordant cet hôtel village. Il donne accès à une placette ouvrant sur le restaurant principal, l’Annabella’s, le bar bibliothèque très british, le Cavendish, et quelques boutiques. De part et d’autre de la piscine, en prolongement d’un bassin, des groupes de villas élégantes, à varangues, s’organisent le long de ruelles arborées et fleuries qui divergent vers la mer. Les 158chambres et suites décorées avec charme et raffinement respirent la sérénité. C’est sans doute la règle d’or du Telfair : faire que les clients adoptent un rythme tranquille, en harmonie avec l’esprit de lieux. Sérénité encore dans le Six Senses Spa dont les pavillons/ salles de massages sont posés au milieu de la végétation tropicale. Les clients, bercés par le gazouillis des fontaines et des oiseaux, massés aux huiles essentielles, enveloppés de vapeurs d’herbes et de tous les principes de l’aromathérapie se laissent porter jusqu’à atteindre, sinon le nirvana du moins un état de relaxation extrême…
Côté restauration, l’Annabella’s innove en ouvrant sa cuisine aux désirs des résidents qui peuvent assister à la préparation de leurs repas. Un échange convivial avec le chef et sa brigade qui fait d’un simple repas un moment de détente savoureuse. Sur la plage, le Gin’ja, restaurant de poisson, explore les saveurs asiatiques.
Le Telfair, à peine ouvert, s’impose comme un établissement chic et raffiné qui devrait se "patiner" rapidement, dès que ses jardins auront atteint leur plénitude, ce qui, à Maurice, ne prend jamais beaucoup de temps. Bref, un hôtel de charme agréable à vivre.
L'Heritage, des matières brutes venues d'Afrique
Matière brute, art brut, toits coniques en chaume, terre ocre et boubous... Les côtes africaines ne sont jamais très loin de l’île Maurice. Une tradition vivace du continent noir qui a marqué l’histoire du pays, une culture que tous les Mauriciens ont en héritage.
C’est cette veine noire, cette âme créole que le groupe Véranda (*), initiateur du projet, a décidé de rappeler, en baptisant son nouvel établissement "Heritage". D’emblée, l’ambiance s’impose au visiteur annoncé à grands coups de tam-tam géant. Pas de grand lobby majestueux, tout juste un dédale de plain-pied au ras de bassins peuplés de nénuphars et, pour que l’illusion soit parfaite, des coassements de batraciens et des stridulations d’insectes envahissent l’air. L’eau est omniprésente, bassins-miroirs à fond d’ardoise dans lequel se reflètent les toits de bois des restaurants. Côté gastronomie, l’Heritage n’a pas lésiné : le groupe hôtelier a fait appel aux frères Jacques et Laurent Pourcel, chefs trois fois étoilés de Montpellier, pour veiller à la cuisine des 35couverts de La Compagnie des Comptoirs nichée comme une enclave gourmande au sein des trois pavillons du restaurant principal, le Balafon. Les clients amateurs de poissons (succulents) auront une vue imprenable sur la mer les pieds dans le sable à l’Infinity Blue. Côté nuit, jazz (live) et cigares, c’est vers le très convivial Lion’s Lounge que les noctambules aimeront traîner… L’Heritage est un village cordial, sympathique, nature dont on perçoit toute la saveur en pénétrant dans l’une des 154chambres (plus 5suites de 100m2 et une villa de 310m2). L’aménagement, la salle de bain au design épuré, les teintes chaudes et les objets de décoration de bois foncé (très tendance), sans sophistication, rendent immédiate l’installation : on s’y sent bien. Impression d’accord parfait renforcée dès que l’on s’approche de l’ensemble de cases africaines du Seven Colors Spa, marque créée par le groupe Véranda à partir de produits totalement naturels provenant de Madagascar et qui sont utilisés lors des massages, gommages et autres techniques orientales de soins du corps visant à rétablir l’équilibre énergétique des clients. Du village-spa, à travers les voiles qui se balancent autour des tables de massages, on aperçoit toutes proches les collines boisées. Une invitation à la balade ou à un parcours sur les fairways du golf. Car l’Heritage a mis au point une formule "Premium" (le nom est vraiment à la mode), forfait qui permet aux clients selon leurs désirs de profiter d’une demi-journée d’excursion, de soins quotidiens au spa, des parcours du golf ou d’une table au restaurant gastronomique…
(*) Le groupe Véranda gère plusieurs hôtels à taille humaine dont quatre sont situés au nord de l’île (le Veranda, le Coin de Mire, le Paul et Virginie et le Marina) et un à l’est (le Palmar).
La Voile d’Or, un rêve mauresque dans l'oéan Indien
Faisons un rêve et refaisons l’Histoire. L’île connue des navigateurs arabes, portugais et espagnols est colonisée par eux et non par les Hollandais, les Français et les Britanniques… Les parfums d’Orient, les jets d’eau, un petit d’air d’Alhambra dans l’architecture, une autre culture aurait marqué de son empreinte les mornes et les baies de Maurice. Ce rêve, cette histoire imaginaire, Philippe Requin est assez passionné par ce pays pour l’avoir écrite. Et décider des investisseurs pour parier sur le lancement d’un resort fastueux et totalement original dans l’île en créant une nouvelle société de gestion hôtelière : Elegant Heritage Mauritius. En cela, l’établissement se différencie de ses voisins et apporte une touche de fantaisie. Mais Philippe Requin est aussi un hôtelier inventif dans les produits qu’il propose à ses clients et aux opérateurs qui lui font confiance.
L’espace est son credo : l’hôtel-club de 181chambres et suites est implanté sur 10hectares abrite 4piscines, 3restaurants, 4bars et une galerie marchande. L’entrée par la galerie marchande est d’ailleurs spectaculaire. Le lobby donne sur un ensemble de pièces d’eau suspendues au goût mauresque illuminées par des torches la nuit venue. Le regard porte loin vers la mer et la ligne de filaos qui bordent le lagon. Appelé "Aldana", le spa de la Voile d’Or ne fait pas dans la demi-mesure : un fortin créé de toutes pièces qui abrite des jardins d’eau, des salles de massage et de soins et un hammam digne des fastes de Damas…
Le village fait la part belle aux familles comme à une clientèle plus exigeante en recherche de tranquillité. L’espace est donc segmenté en deux parties distinctes, l’une familiale autour de la grande piscine et du club des enfants et l’autre réservée aux chambres Club et aux suites. Point névralgique de cet espace réservé, la Maison coloniale qui accueille, selon les heures, un salon de thé et le restaurant gastronomique Le Gavroche des Tropique animé par Michel Roux junior, chef étoilé de Londres.
Cet ensemble paysagé, où les plantations devront donner, comme dans les établissements voisins, un peu plus de "rondeurs" aux bâtiments, exploite l’espace très structuré par une architecture aux accents andalous toute en jeux d’eaux et perspectives. Il devrait séduire une clientèle en quête de dépaysements (très) exotiques…