De passage à Paris, Paul Jones, CEO de Lux Hotels & Resorts, fait un point avec le Quotidien du Tourisme sur le développement de la chaîne hôtelière.
Si le marché français reconnaît ses performances – Lux a célébré sa Victoire du Tourisme et son Travel d’Or lors d’une soirée parisienne mercredi 12 juillet– le groupe mauricien nourrit aussi de grosses ambitions en Asie. Et son président se verrait bien apposer une enseigne Lux sur un hôtel européen… Entretien.Lux a enregistré en 2015 des croissances de 17% du chiffre d’affaires et de plus de 30% des bénéfices, comment se présente 2016 ?
L’année fiscale vient de s’achever au 30 juin, et nous publierons nos résultats à l’automne mais c’est une excellente année. Si l’on parle en année calendaire, 2016 a bien commencé. Notre croissance sur l’île Maurice est plus que satisfaisante. Et sur les Maldives où notre hôtel va rouvrir le 1er septembre après travaux de rénovation et repositionnement, nous attendons de bons résultats. Sur la Réunion, c’est à l’étal, nous n’y connaissons pas la même croissance qu’à Maurice où nous enregistrons 80% de taux d’occupation à l’année.
Cette bonne croissance mauricienne vous inspire-t-elle de nouveaux développements sur l’île ?
Pourquoi pas construire de nouveaux hôtels effectivement, mais cinq hôtels à Maurice, c’est déjà pas mal. Nous allons d’abord nous concentrer sur l’existant, et améliorer chacun de nos établissements. L’idée est de refaire ce qu’on a fait au Belle Mare.
Les Français, on le sait, aiment l’île Maurice. Quelle part de marché représentent-ils pour Lux ?
Leur part est variable selon les hôtels. A la Réunion, par exemple, les Français forment 90% de la clientèle mais au global, c’est environ un tiers. Nos quatre premiers marchés sont le Royaume-Uni, la France, l’Allemagne et la Chine. C’est une diversification que nous avons souhaitée et mise en œuvre à la création de Lux [lorsque la marque a pris la suite de Naïades, NDLR]. Cela permet de lisser l’activité sur l’année.
La clientèle chinoise est en expansion à Maurice, et Lux s’implante en Chine…
Effectivement, les arrivées touristiques chinoises ont été multipliées par cinq en cinq ans. Aujourd’hui, l’île Maurice accueille 100.000 touristes chinois par an. Ils aiment l’île Maurice, partent en excursion. C’est une clientèle avec un fort pouvoir d’achat. Ouvrir des hôtels –en contrat de gestion– en Chine répond à une double stratégie pour Lux : s’implanter pour mieux connaître les besoins spécifiques de la clientèle chinoise et attirer des touristes chinois dans nos hôtels mauriciens, maldiviens, réunionnais. Nous voulons exposer notre marque.
Après le Lijiang, vous avez ouvert en début d’année le Benzilan. Allez-vous déployer la marque Lux davantage en Asie ?
Oui, nous allons avoir une forte croissance sur l’Asie. Nous nous sommes fixé un objectif de 20 hôtels dans cette seule région d’ici à 2025. Nous avons toute une équipe en Chine chargée des ventes, du marketing, du business development et des opérations. Notre projet dans le Yunnan, par exemple, se conçoit à long terme avec 4 hôtels qui offriront une découverte du pays, des coutumes et des populations sur la route du « tea horse ». Nous proposerons un voyage en Chine par étapes depuis Shanghai ou Pékin. Mais il n’y a pas que la Chine. Fin 2018, nous allons ouvrir un hôtel au Vietnam. Il sera installé dans le Sud, sur l’île de Phu Quoc, à 50 minutes de Saigon et face au Cambodge.
Tous ces développements se font donc en contrat de gestion ?
Oui, tous les nouveaux hôtels Lux en Asie, au Moyen-Orient, en Turquie ou dans l’océan Indien entrent dans ce cadre. Nous ne sommes propriétaires que de sept hôtels, les cinq mauriciens, un à la Réunion et un aux Maldives.
Pensez-vous maintenir la date d’ouverture en Turquie à mai 2017 ?
Nous avons un contrat pour un hôtel à Bodrum avec la société MYC Partners. Le contexte est difficile pour le tourisme turc en ce moment [après plusieurs attentats à Ankara, Istanbul et à l’aéroport international d’Istanbul. Cet entretien a été réalisé avant la tentative de putsch du 15 juillet, NDLR]. Mais il faut savoir que Bodrum est un peu différent. Déjà parce que la première clientèle est turque, donc nous avons un noyau de clients locaux qui va venir. Et puis d’ici un an, j’espère que le tourisme sera meilleur.
Cet établissement est-il le premier pas vers un hôtel Lux en Europe ? peut-être même en France ?
Nous avons des discussions avec des propriétaires en Europe. Et avons déjà défini la façon d’adapter notre univers à une adresse urbaine, d’apporter des touches de resort à cette hôtellerie en ville. Après tout, quand des clients viennent à Paris pour le loisir, ils s’attendent à passer des vacances. Je crois qu’l est possible de créer autre chose que l’hôtellerie traditionnelle. Lux est continuellement dans l’innovation. On travaille sur un concept hybride, un mélange des expériences entre l’urbain et la plage. Avec un design plus épuré faisant la part belle à la lumière naturelle dans une ambiance à la fois zen et homely, c’est-à-dire comportant des touches de ce qu’on ferait chez soi.
Quelle est selon vous la spécificité de Lux, ce que vous apportez à vos clients et qui les fait revenir?
La formule de Lux, c’est ‘élargir la notion de luxe’, offrir un service naturel et authentique. Notre raison d’être est d’‘aider les gens à célébrer la vie’. C’est ce que chacun des près de 3.000 employés de Lux doit penser. Le temps est précieux. Puisque n’importe quoi peut arriver n’importe où et n’importe quand, nous avons un sentiment de fragilité. Les vacances sont donc devenues la recherche d’un renouvellement et d’échanges entre êtres humains. Nous, en tant qu’hôteliers, nous avons un rôle à jouer dans la construction d’une harmonie. Notamment par la formation de nos personnels qui gagnent en assurance et en confiance pour aller vers les clients.
Propos recueillis par Myriam Abergel