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Hébergement

Tribune : Roland Héguy, président de l'Umih, dénonce les "mystifications" des plateformes collaboratives

Cessons d’être dupes des mystifications que veulent nous faire avaler des majors d’une économie qui n’a rien de collaborative.
Les discours altruistes et "cool" véhiculés par Airbnb, Abritel et autres WizEat, masquent en réalité d’énormes intérêts financiers qui dévorent nos entreprises et nos emplois.Particuliers, consommateurs et élus sont les victimes d’une véritable manipulation qui surfe sur les intentions généreuses et redistributrices d’une économie qui profiterait à tous, alors que seuls quelques financiers et des multipropriétaires immobiliers en bénéficient. Ce qui s’opère sous des yeux aveuglés, c’est un hold-up silencieux où, au lieu de dire "haut les mains !", on vous fait les poches en vous chantant une berceuse. Comme l’a souligné le rapport du député Pascal Terrasse, rien n’est plus éloigné de l’économie de partage authentique consistant à mutualiser des frais que le business pseudo-collaboratif organisé par des géants américains dont la capitalisation boursière est le moteur.
Ce hold-up est insupportable, aussi insupportable que les mystifications édifiées par ces vautours aux ailes d’anges. Il est temps de mettre à jour les mystifications sur lesquelles s’appuient ces géants et qui gangrènent le tourisme français et menacent ses deux millions d’emplois. 

Première mystification : un collaboratif "jeune et moderne" qui s’opposerait à la ringardise de l’économie de l’hôtellerie-restauration. Il y aurait ainsi d’un côté une économie "cool", sur smartphone, qui prétendrait faire gagner de l’argent aux uns et en économiser à d’autres. Et de l’autre, des hôteliers-restaurateur "pas cool", qui refuseraient de s’adapter aux mutations de l’économie et de la société. Permettez ! Nos entreprises ont été les premières connectées et traversées par les révolutions numériques ; elles investissent massivement dans le champ digital et dans l’innovation. Par ricochet, elles contribuent à l’éclosion d’un écosystème de start-ups du tourisme. Quotidiennement, elles investissent sur l’acquisition de mots-clés sur les moteurs de recherche, vendent près d’une chambre sur deux par internet, font vivre des programmes de fidélité... Elles entendent faire du data un levier de croissance. Nos entreprises n’ont pas attendu les plateformes pseudo-collaboratives pour conclure des partenariats avec des acteurs du vrai collaboratif quand elles y décèlent les avantages qui profitent à leurs clients.

Deuxième mystification : des activités créatrices d’emplois alors qu’elles en sont en réalité un vecteur de fragilisation sans précédent. En exerçant des activités similaires à celles de l’hôtellerie mais sans les contraintes fiscales, sociales et réglementaires auxquelles les professionnels sont tenus, le jeu de la concurrence est faussée. Cela cannibalise nos entreprises hôtelières et l’emploi de leurs 170.000 salariés. Et en échange ? Combien d’employés à Airbnb en France ? 28.   Où sont les créations d’emplois ?
C’est l’économie du "partage de la précarité" ; c’est un plan social que l’on vous annonce sur l’air (bnb ?) d’une chanson prônant l’amour du partage.  Ou va être le gain de pouvoir d’achat ? Quel modèle social souhaitons-nous pour demain ?

Troisième mystification : un complément de revenus pour les hébergeurs et une bonne affaire pour les voyageurs. A Paris, 74% du chiffre d’affaires d’Airbnb est généré par des multipropriétaires qui représentent… le tiers des offres ! Donc peu de particuliers parviennent à compléter leurs revenus avec le produit de la location de leur appartement. En revanche, des investisseurs mettent en location à la nuitée leur patrimoine immobilier en se dissimulant souvent sous des avatars, et sont les gagnants du système. Ici, la promesse d’un séjour "à la maison" se transforme en une immersion dans un lieu sans caractère ! Ces types de biens, principalement dans le centre de Paris,  génèrent des revenus supérieurs à 1.500 euros par mois.  Un vrai business pour ces industriels de "l’hôtellerie masquée", tandis que les appartements des quartiers populaires et moins touristiques de Paris sont très rarement loués en dépit d’une offre abondante. Voilà la réalité des belles promesses d’un revenu d’appoint pour l’habitant ! Un cercle non-vertueux se met en place pour ces mêmes habitants qui voient des quartiers devenir inaccessibles à la location en résidence principale du fait d’une raréfaction d’offres de baux d’habitation ! Dans certaines zones du centre de Paris, il y a ainsi plus de locataires "collaboratifs" chaque mois que de résidents.

Quatrième mystification : la contribution du pseudo-collaboratif à la croissance du tourisme français. Quand les plateformes pseudo-collaboratives affirment pouvoir offrir les hébergements permettant à la France d’accueillir demain 100 millions de touristes, c’est une hypocrisie de plus. Tout simplement parce que ce n’est pas une carence d’hébergements qui freine la croissance de notre tourisme. Mais plutôt le manque d’infrastructures et de promotion de nos destinations. Quel voyageur choisit un mode d’hébergement sans connaître la destination ? Ce n’est pas avec des hébergements supplémentaires que nous accueillerons plus de touristes à Uzerche, perle du Limousin ! Mais en faisant connaître les régions et en améliorant les dessertes. Nos élus ne doivent pas se laisser tromper et endormir par ces fausses idées qui vont conduire à la destruction des entreprises hôtelières sur leurs territoires. Ne lâchons pas la proie d’une économie réelle pour l’ombre !

Citoyens 3.0, soyez alertés de l’hypocrisie du discours. A défaut du partage promis, les plateformes pseudo-collaboratives créent des effets pervers qui gangrènent le tourisme français. Etre moderne, c’est respecter la concurrence et le consommateur !

Auteur

  • La Rédaction
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