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Traçage numérique : Sommes-nous prêts à sacrifier des vies pour la protection de notre vie privée?

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C'est la question débattue en ce moment, la France est-elle capable de mettre en place un système de « traçage numérique » efficace pour une stratégie de sortie du confinement. Sommes-nous prêts à sacrifier des vies pour préserver notre vie privée ou à l’inverse notre intérêt individuel passe il avant l'intérêt communautaire ?

Avec un confinement généralisé, la France, comme le reste du monde tente de vaincre cette pandémie. Emmanuel Macron vient de dresser la feuille de route qui devrait voir un début d’ouverture à partir du 11 mai, avouant à ce stade ne pas avoir encore toutes les réponses pour décrire les modalités de ce retour à la normale. Pour autant, il avance une certitude : celle de la nécessité de s’appuyer sur une application capable de dépister les personnes contaminées et de connaître leur historique contact.
Au parlement de décider ou mettre le curseur entre le respect de la vie privée et l’intérêt collectif. Il faut s’attendre dans les jours à venir à assister à des débats dont les choix finaux seront déterminants pour la nation des droits de l’homme.

Quelle est la situation?

Par Jean-Luc KOCH
''L’observatoire de la vie digitale'', en décembre 2019 lancé par le Cabinet Carvea Consulting sur la base d'un panel réalisé par OPINEA révélait que les Français font :


      • Confiance aux institutions
      • Considèrent la souveraineté numérique aussi importante que l'armée
      • Que la surveillance pourrait renforcer le sentiment de sécurité.


Constats face aux débats actuels à propos du traçage numérique

Même si 50% des internautes pensent que leurs données personnelles sont utilisées par des tiers, les Français font confiance dans leurs institutions :


      • Les sites des institutions publiques inspirent davantage confiance (67%).
      • Les sites des banques et des impôts qui arrivent en tête avec un score de 84%.



Pourtant 2 Français sur 3 (67%) déclarent ‘’se sentir surveillés’’ dans leur vie quotidienne. Ils sont encore plus nombreux croire que leurs conversations téléphoniques font l’objet d’analyses ou écoutes à leur insu.
Par ailleurs la notion de souveraineté numérique apparaît comme essentielle pour les Français. Ils jugent cette dernière aussi importante que de disposer de sa propre armée (78%). Dans ce contexte comment se présente l’alternative du traçage numérique ?

Exemple asiatique

Les pays asiatiques ont prouvé que le traçage numérique de la population, via la géolocalisation des téléphones mobiles, permet de diminuer voire d'endiguer la propagation du virus et de réduire, par voie de conséquence, le nombre de morts. En France, La CNIL qui est le gendarme du numérique, exige que le traitement de données soit « anonymisé », d'une « durée limitée », et « optionnelle » reposant sur « le consentement libre et éclairé » des utilisateurs. Autrement dit, le traçage numérique serait autorisé, dès lors qu’il respecte les règles de libertés individuelles si chères aux citoyens sans exclure les délaissés du numérique. Dans une Tribune parue le 20 mars dans le Financial Times intitulée ‘’Le monde après le Corona Virus’’ l'historien israélien Yuval Noah Hariri déclarait : « Des décisions qui, en temps normal prendraient des années de discussion sont actées aujourd'hui en quelques heures. Des technologies immatures, et même dangereuses sont utilisées, car les risques de ne plus rien faire sont plus grands »

Quel choix technologique ?

Pendant que l'Asie agit, les démocraties tâtonnent pour rechercher un consensus politique. En effet, pour déroger à la loi et passer outre le consentement des personnes concernées, Il faut légiférer, justifier de l'usage dûment proportionné de ce système de traçage numérique. Résultat, nos démocraties légifèrent, arbitrent et décident quand il est trop tard ! Face à l'intérêt général de santé d'une telle crise sanitaire et du nombre de vies à sauver, la liberté individuelle semble souveraine.

Le traçage numérique prévu en France sera-t-il efficace ?

La France s'inspire d'une plate-forme de traçage numérique a visée médicale baptisée PEPP-PT (Pan-European Privacy Preserving Proximity Tracing) qui permet d'avoir recours au "contact tracing". L'application mobile de « contact tracing » grâce au Bluetooth, repère les autres utilisateurs utilisant cette même application à proximité. Ensuite, lorsqu'un individu est testé positive au virus, cet historique est exploité pour prévenir les personnes croisées les jours précédents. L'utilisation, sur la base du volontariat, utilise un identifiant chiffré qui est enregistré localement dans la mémoire du téléphone, et transmis de façon anonyme. Mais, ces applications sur la base du volontariat, bien que respectueuses des libertés individuelles, se révèlent peu efficaces.

Les limites du choix technologique qui se dessine

Ce type d’application mobile de « contact tracing » n’est pas capable de tracer une part suffisante du public. L’exemple de Singapour l’atteste puisque cette technique n’a permis de toucher que 20% de sa population. Sans compter que les plus sensibles sont exclus : les personnes âgées qui n'ont pas de smartphone !

Adopter une dynamique rapide

Dans ces conditions, l'Europe face à la crise sanitaire peut-elle adopter une dynamique rapide, coordonnée, et garante de la protection des libertés ? Le véritable enjeu du traçage numérique reste le suivi des déplacements et le contrôle des personnes contagieuses identifiées par un dépistage massif. Seule alternative possible : la géolocalisation et l'usage des données personnelles de ces personnes infectées dont l'anonymat des données serait garanti. Une fois collecté, il faudrait s’inspirer des certifications et principes déjà établis pour l'hébergement, en toute sécurité, des données de santé HDS. Ces dernières ne seraient exploitées que par les seules autorités de santé publique : l'OMS (Organisation mondiale de la santé) ou l'INSERM pour la surveillance épidémiologique. Si dans l'urgence, le temps n'est pas à la certification, l'état pourrait se substituer en attendant de certifier les acteurs clef de ce domaine nécessaire à moyen terme.
 
Jean-Luc KOCH, Président de CARVEA Consulting, est spécialiste de la prospective des nouveaux usages du Numérique et Pilote « l'observatoire de la vie digitale »

Auteur

  • Rémi Bain-Thouverez
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