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Institutions

Carole Delga, secrétaire d'État chargée du Commerce : "Tous les assureurs seront tenus de garantir la totalité des fonds déposés"

Depuis que le tourisme est passé dans le giron du ministère des Affaires étrangères, on pensait que Bercy ne s'occupait plus de tourisme...
Grave erreur. On l'a vu notamment avec l'affaire de la garantie financière, ce feuilleton à rebondissements qui nous a tenus en haleine tout l'hiver. En réalité, Carole Delga, secrétaire d'État chargée du Commerce, de l'Artisanat, de la Consommation et de l'Economie sociale et solidaire auprès du ministre de l'Économie et de l'Industrie, et ses services étaient à la manœuvre. Elle s'explique et revient aussi sur les autres dossiers "tourisme" dont Bercy a la charge.
 QDT. Depuis que le tourisme a été transféré aux Affaires étrangères, quels sont les dossiers sur lesquels vous planchez ?
CD. Aux Affaires étrangères, la compétence "tourisme" touche à la promotion du tourisme à l'international. En revanche, sur la structuration de l'offre touristique en France, nous y travaillons ensemble, Matthias Fekl, secrétaire d'Etat en charge notamment de la Promotion du tourisme, et moi-même. Selon nos décrets d'attribution, nous avons tous les deux des compétences en matière de tourisme. Par exemple sur le dossier des taxis, nous avons travaillé ensemble. Sur les contrats de destination, c'est le Quai d'Orsay qui est à la manœuvre, mais les contrats de structuration de pôles touristiques territoriaux (contrats Spott), c'est Bercy. Nous avons aussi une relation privilégiée avec les acteurs du tourisme car nous sommes en contact quotidien avec les hôteliers, les restaurateurs, les collectivités locales, etc.
Avec le Quai d'Orsay, notre coopération se passe très bien notamment grâce à des réunions mensuelles entre nos cabinets ici à Bercy, nous sommes également en charge de tout ce qui touche au tourisme dit "social", c’est-à-dire le tourisme pour tous. L'idée est de faire partir en vacances les plus démunis, les jeunes, etc., tout ceux qui spontanément se disent trop souvent encore que ce n’est pas pour eux ! C'est aux pouvoirs publics de leur permettre de franchir le pas.
 
QDT. Qu'avez-vous mis en place par exemple pour aider ces plus démunis à partir ?
CD.
Avec l'ANCV, nous avons renforcé l'accès aux Chèques Vacances, notamment dans les TPE/PME, où nous avons observé une progression de l'ordre de 11% en un an du nombre de salariés qui en bénéficient.
Nous avons aussi développé des actions en faveur des jeunes. Avec l'opération 18/25 nous avons créé une offre sur Internet de séjours vacances adaptée à leurs attentes et à leur budget. Cette année, nous lançons également un portail avec des offres pour les familles les plus modestes. C'est une expérimentation que nous faisons sur l'ensemble de l'année 2015. L'ANCV met en place cette production via un prestataire spécialisé. Le prix moyen d'un tel séjour est très bas puisqu'on y trouve des séjours à partir de 100 euros !
 
QDT. Quel a été votre rôle sur l'épineuse question de la garantie financière ?
CD.
Quand je suis arrivée à mon poste, j'ai vu qu'il y avait urgence à modifier le système de la garantie financière. Il n'avait pas bougé depuis 22 ans et pouvait être inquiétant pour les clients. Nous avons donc pris un arrêté qui permette de donner des garanties plus importantes aux clients et qui couvre réellement le risque. Avant, les clients des agences de voyages avaient en France une vraie garantie. Si l'agence faisait faillite, le client était soit remboursé, soit son séjour était remplacé par un autre de type équivalent. Mais avec la recrudescence des sinistres, les fonds demandés ne suffisaient plus. Nous avons donc mis en place un groupe de travail qui s'est réuni à plusieurs reprises. Aujourd'hui nous finalisons ce dossier pour tirer toutes les conséquences de l’ordonnance de la Cour de Justice européenne du 16 janvier 2014. Et un nouveau décret qui va fixer de façon complète les nouvelles règles de la garantie financière sera publié.
 
QDT. Il sera publié quand ?
CD.
Normalement pour le 1er juillet, sauf en cas d'embouteillage administratif. Si ce n'est pas le 1er juillet, ce sera pendant l’été. Le texte a été transmis au secrétariat général du gouvernement pour saisine du conseil d’Etat, ce qui signifie qu’il est entré dans la dernière étape avant publication. Dès sa publication, tous les assureurs seront tenus de garantir la totalité des fonds déposés par le client. A noter qu'il y aura des dispositions transitoires pour les contrats existants. Les cotisations des contrats en cours ne seront pas modifiées avant le 1er janvier 2016.
 
QDT. Avez-vous rencontré les représentants des institutions professionnelles du tourisme comme Jean-Pierre Mas, président du Snav, ou René-Marc Chikli, président du Seto ?
CD.
Bien sûr ! Ce sont notamment des participants réguliers des Conseils de promotion du tourisme auxquels je participe. De toute façon, tous les acteurs ont été associés à nos travaux, que ce soit l'APST, l'Unat, les banques et les assureurs... Ce sont des interlocuteurs quotidiens des services et de mon cabinet.
 
QDT. Pouvez-vous nous rappeler ce que sont les contrats Spott ?
CD.
Avec Laurent Fabius, nous avons souhaité proposer aux acteurs du tourisme en France deux dispositifs : les Contrats de destination et les Contrats de structuration de pôles touristiques territoriaux (Spott). Le but de ces dispositifs est de valoriser nos territoires, d'améliorer la qualité et la structuration de leur offre touristique
Avec les contrats de destination, la finalité est de développer la notoriété à l'international : nous sommes sur des marques qui sont très fortes, comme le Mont-St-Michel, les Alpes, la Provence, etc.
Tandis qu'avec les contrats Spott, nous voulons développer une notoriété à l'échelle nationale, voire européenne pour les pays limitrophes. Prenons l'exemple du Mont-St-Michel. Avec le contrat de destination vous avez un formidable appel à l'échelle internationale. Mais une fois que les touristes étrangers sont au Mt-St-Michel, nous devons les faire rester et dépenser davantage. C'est le rôle du contrat Spott. Il faut donc qu'autour du site, soit en Normandie, soit en Bretagne, il y ait une zone touristique définie avec une identité, un accueil, un hébergement et une restauration de qualité, une mise en valeur du patrimoine réussie, des offices du tourisme performants (avec des chargés d'accueil maîtrisant les langues étrangères) et coordonnés les uns aux autres, ainsi qu'une signalétique cohérente.
 
QDT. Quels sont vos leviers ?
CD.
Nous nous appuyons beaucoup sur les conseils d'Atout France dont l'expertise est excellente. L'appel à candidature des contrats Spott s'est achevé le 18 mai. Nous sommes maintenant dans la phase de sélection pour savoir quels sont les projets qui correspondent bien aux objectifs que nous recherchons. Ensuite, ils bénéficieront de l'ingénierie d'Atout France pour se structurer et monter en gamme.
 
QDT. Vous êtes intervenus sur la gastronomie avec une simplification du label "fait maison". Ce label peut-il être un attrait pour les touristes ?
CD.
Justement avec les contrats Spott, la structuration de la filière restauration est très importante. Pour fidéliser les touristes et leur faire partager l'art de vie à la française dont la gastronomie est une composante essentielle, le fait maison fait partie de notre plan d'action. C'est un label qui garantit que tout a été cuisiné sur place et que les produits, lorsqu'ils entrent dans la cuisine du restaurant, sont crus. Ils ne peuvent pas être dénaturés. Nous avons aussi mis en place le titre d'artisan cuisinier et revalorisé celui de maître restaurateur. Sans oublié tout l'aspect festif de la gastronomie avec la Fête de la gastronomie ou l'opération internationale Goûts de France.
 
QDT. D'une façon générale, quel est l'enjeu du tourisme pour la France aujourd'hui ?
CD.
Le tourisme, c'est 7% de notre PIB. Mais il faut souligner que les deux tiers sont assurés par les Français eux-mêmes. S’il faut  que nous attirions davantage les touristes étrangers, il faut aussi que les Français découvrent encore plus les nombreux aspects touristiques de la France.
 
QDT. Manuel Valls a annoncé votre départ au mois de juin, confirmez-vous cette information ?
CD.
Oui, tout à fait. Je vais me lancer à la conquête de la présidence de la grande région Languedoc-Roussillon - Midi-Pyrénées. Je pense qu'à 6 mois du scrutin, il est nécessaire que je me mette à 100 % dans la campagne.
 
QDT. Vous serez donc absente pour la signature du décret sur la garantie financière ?
CD.
Oui, mais il aura été finalisé avant.. Je sais que mon successeur pourra le signer en toute tranquillité.
 

Auteur

  • Nicolas Barbéry
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