Air France ouvre le bal et la majorité des transporteurs lui emboîte le pas.La compagnie nationale espère réaliser 250 millions d'euros d'économies.Certains estiment que 25% des agences pourraient ne pas y survivre.C'est aujourd'hui que ça commence.
La mise en place du nouveau modèle économique va-t-elle empoisonner la vie des agences en avril ? Qu'elles le veuillent ou non, qu'elles soient opérationnelles ou en retard, elles vont devoir faire le deuil de la rémunération à la commission. Dorénavant, les distributeurs français vont devoir se rémunérer directement auprès de leurs clients, à travers la prise de frais de service. C'est Air France, statut de transporteur national oblige, qui ouvre le bal. Et, à quelques exceptions près, la majorité des poids lourds du transport aérien vont lui emboîter le pas, soit immédiatement comme KLM ou Iberia, soit dans quelques mois, à l'image de British Airways, Lufthansa ou encore American Airlines. Rappelons les enjeux. Pour Air France, dont les agences de voyages assurent 75% de la distribution, la suppression de la commission représente peu ou prou 250 ME d'économies potentielles. Pour les agences, dont le chiffre d'affaires est constitué globalement à 75% de billetterie transport, le passage du système de la commission à celui de la prise de frais risque d'être plus douloureux, notamment pour celles qui prenaient déjà des frais. Jean-Pierre Mas, président d'Afat Voyages, estimait que 25% des 5.000 agences françaises risquent de disparaître. Reste que le phénomène aura forcément plus d'impact sur les distributeurs indépendants que sur ceux structurés en réseaux. En effet, en matière de négociations commerciales de gré à gré, l'union fait vraiment la force et les réseaux, intégrés comme volontaires, négocient des commissions arrière avec les transporteurs, ce qu'une agence seule ne peut pas faire. D’où une concentration probable du secteur dans les mois et les années à venir. En attendant, Air France et le Snav ont négocié une série de mesures transitoires dont le but est d'aider les agences à passer le cap. Par ailleurs, la compagnie finance une campagne de communication visant à expliquer au grand public que c'est désormais à lui de payer le travail de l'agent. Campagne qui ne fait pas apparaître que si changement il y a, il est du fait d'Air France.Des prix qui devraient rester stablesHormis la question de la baisse globale de la rémunération des agences, l'autre question soulevée par le changement de modèle économique concerne le prix des billets d'avion. Longtemps, le discours du Snav, implicitement confirmé par Air France, a consisté à expliquer que le prix du transport baisserait du montant de la commission. Il semblerait que les choses soient aujourd'hui sensiblement différentes. S'il est acquis que ce sera effectivement le cas pour ce qui est des tarifs firmes, jusqu'ici commissionnés à 4% (ce qui aurait tendance à rendre l'opération indolore pour les entreprises auxquelles les réseaux d'affaires travaillant en management fees rétrocédaient la commission qu'ils touchaient du transporteur), ce sera différent pour les tarifs publiés. Et ce, même si Air France martèle que la somme finale (prix transport + frais de service calqués sur la grille mise au point par AF) payée par le client sera "du même ordre" après le 1er avril qu'avant. En effet on s'aperçoit, à la lecture des exemples fournis par AF, que la baisse du prix du transport est plutôt équivalente au montant des frais qu'aux 7% du prix final pratiqués jusqu'ici. De toute façon, on peut considérer comme acquis que c'est sur les routes où il existe une vraie concurrence (en gros celles opérées par plus de 2 transporteurs) que les prix transport baisseront réellement. Sur les autres…
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