Gratuité : le Snav fourbit ses armes contre la SNCF

Jeudi dernier, les sept membres du bureau exécutif se sont réunis et ont approuvé à l'unanimité la mesure proposée par le président du Snav, César Balderacchi : "Nous avons donné carte blanche à notre équipe juridique pour poursuivre la SNCF sur le dossier des facilités de circulation SNCF accordée aux agents de voyages" (Cf. QDT n° 2346 du 23/03/04). Le président du Syndicat, remonté, poursuit : "Dans la situation où se trouvent actuellement les négociations, on peut dire que les discussions sont terminées aussi bien au niveau régional que national. Nos avocats photocopient les dossiers pour les faire parvenir à la SNCF." La stratégie du Snav repose sur quatre points : " Nous avons été menés en bateau pendant toute la durée de la discussion", s'insurge son président. "Le retrait le 1er mars dernier de la gratuité de circulation accordée aux agents de voyages n'a pas de fondement réglementaire comme nous l'expliquait la SNCF, mais économique. Deuxièmement, nous voulons dénoncer une position dominante dans ce dossier, car il est impossible d'avoir recours à un autre transporteur ferroviaire en cas de désaccord. De plus, la SNCF qui défend à cors et à cris ses acquis doit l'accepter également à ses dépens. Enfin, nous relevons une injustice dans la mesure où les cheminots même retraités bénéficient toujours de liberté de circulation. Pourquoi, ceux qui font gagner de l'argent à la SNCF comme les agents de voyages n'auraient-ils pas droit au même traitement ?" Le point de non-retour n'est toutefois pas atteint. Le Snav se dit toujours prêt à revenir à la table des négociations." Nous pouvons toujours discuter sur le nombre de billets gratuits à émettre." De plus, cette anicroche ne remet pas tout en question. Le Snav sait tout l'intérêt de garder de bonnes relations avec l'un des rares transporteurs à fournir une commission moyenne de 8 %. De son côté, la SNCF ne veut pas forcément se mettre à dos un canal de distribution qui représente 20 % de ses ventes Grandes Lignes. Enfin, les deux protagonistes ont toujours un adversaire commun : les low cost. Et avoir des ennemis en commun, ça entretient toujours l'amitié…
Les boutiques SNCF et les sites Internet vus comme des ennemis
Tout semble bien marcher pour les ventes SNCF en agences de voyages. En cumulé au mois de mars, elles affichaient une belle croissance de 6,2 % par rapport à 2003. Or, les agences de voyages ne voient pas toutes le soleil briller dans leur vitrine. "Depuis quelques mois, je vois bien notre chiffre d'affaires baisser régulièrement", explique Marie, de l'agence SVS à Boulogne-Billancourt, qui réalisait jusqu'à présent plus de 20 % de son CA avec la billetterie SNCF. Depuis fin 2003, une boutique SNCF vient d'ouvrir à quelques jets de tickets de SVS. Cette structure est l'une des 250 en France. L'an dernier, le transporteur ferroviaire en avait ouvert 12. Cette année cinq sont prévues. "Notre maillage est presque complet et nous attendons l'ouverture du TGV Est pour en ouvrir d'autres", souligne la SNCF. Marie, chez SVS, se bat avec ses armes : "Il nous reste les fidèles, ceux qui se plaignent de l'attente dans la boutique et bien sûr les sociétés en compte. L'activité Affaires nous sauve." Mais pour Marie, un autre ennemi existe : "Nous sommes fortement concurrencées par Internet. Le Web permet maintenant d'obtenir des billets directement chez soi. Nous ne pouvons offrir ce service qu'aux sociétés", rumine-t-elle. Quant à la fin de la gratuité, même si elle partage le point de vue du Snav – "c'est injuste" –, elle ne se montre pas optimiste sur l'issue du conflit. "La SNCF ne reculera pas."