Alors qu'en France le Snav est chahuté par les dissensions qui existent entre TO et distributeurs, l'Europe des voyagistes n'est pas encore prête à voir le jour tant les mentalités sont opposées.C'est en tout cas ce qui ressort d'une conférence organisée par le Snav dans le cadre du Mit International où plusieurs syndicats de pays européens ont échangé leurs points de vue.
En effet, l'Ectaa (l'association des agences de voyages européenne) est confronté à un problème complexe : définir une stratégie commune, alors que personne n'est d'accord sur le but à atteindre. Au nord, on veut plus de libéralisme. Au sud, on se réfugie derrière la réglementation. Jan Van Steen, président de l'Ectaa prend l'exemple de la licence d'agent de voyages qui est "très importante pour les Français, alors qu'elle ne l'est pas du tout pour les Allemands ou les Britanniques. Idem pour le package dynamique, le business travel, ou encore la garantie financière...". Ainsi, en Grande-Bretagne le législateur n'est pas intervenu (comme avec la loi de 92 en France), c'est l'Apta (le Snav britannique) qui gère et administre toute l'organisation du tourisme, hormis les vols qui sont du ressort du gouvernement. Un point d'accord : il faut lutter contre la surprotection des clients.
Aujourd'hui, c'est donc l'Ectaa qui défend les intérêts des voyagistes en surveillant de très près toutes les décisions législatives prises par Bruxelles. Des réglementations généralement dictées par la défense du consommateur qui prend parfois des proportions absurdes. Sur ce point, au moins, tous les syndicats européens semblent d'accord pour admettre que l'exercice du métier d'agent de voyages est de plus en plus difficile, le client étant surprotégé. C'est à cause de Bruxelles, sans doute, mais aussi des médias qui amplifient exagérément toutes les affaires (clients laissés sur le carreau, refus d'embarquer, plaintes de toutes sortes...) qui ne sont pas spécifiques à la France. Lars Thykier, directeur de DRF (le Snav danois), résume ainsi le casse-tête auquel on est confronté : "On ne veut pas trop de réglementation au nord de l'Europe, alors que dans le Sud il y en a trop ! les consommateurs sont surprotégés et nous luttons pour qu'il n'y ait pas plus de loi !" Même son de cloche du côté de Walter Krombach, directeur de DRV (Allemagne), qui déplore une protection abusive qui est économique pas viable : "on veut éviter que tout le monde paie plus cher pour 1% des clients qui rencontreraient un problème !" Et Lars Thykier de renchérir qu'il est "aberrant de protéger un client alors qu'il prend le risque de voyager à bas prix".