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Pourquoi Voyageurs du Monde quitte l’APST

Un "gros", selon l’expression du président de l’APST, Raoul Nabet, s’en va. Le groupe Voyageurs du Monde, pourtant "membre depuis 15 ans", vient en effet d’annoncer son intention de quitter l'APST.
 Les garanties financières de l'ensemble des sociétés du groupe (Voyageurs du Monde, Terres d'Aventure, Comptoir des Voyages, Nomade Aventure, Chamina et Mers et Voyages) seront désormais fournies  par le spécialiste du cautionnement Atradius. Dans un communiqué, Alain Capestan, DG du groupe, explique que ce départ est "essentiellement" lié à une "question de coût". Selon lui, "le montant des cotisations de l'APST va devenir incompatible avec le modèle économique des agents de voyage". Il précise : "avec le doublement des taux de garantie décidé par le gouvernement et donc de l'assiette des cotisations, celles-ci vont mécaniquement croitre très sensiblement, à moins que l 'APST ne baisse les taux de cotisation, ce qu'elle n'a pas annoncé pour le moment". Pour Alain Capestan, cette décision est une vision "à court terme". Avec la hausse des cotisations, l'adhésion à l'APST va devenir "hors-marché". Du coup, de nombreux adhérents vont quitter l'association, "surtout les meilleurs". Resteront les plus fragiles, le risque sera accru et les cotisations encore augmentées. Il ajoute : "On croit toujours que quitter l'APST est impossible, mais ce n'est pas vrai !" Surtout qu'avec Atradius, "nous allons payer 30% de moins pour un niveau de garantie équivalent !". Par ailleurs, Alain Capestan explique que la profession, autour du Snav et du Seto, s'est mise d'accord hier jeudi pour une demande commune à faire lundi prochain à Bercy. Celle-ci a fait l'objet "d'un consensus". Il s'agira vraisemblablement de réclamer une baisse du taux de calcul de la garantie financière.
 
Lire l'analyse complète d'Alain Capestan :
 
Voyageurs du monde était membre de l 'APST depuis plus de 15 ans, pourquoi ce départ ?
Essentiellement pour une question de coût. Le montant des cotisations de l'APST va devenir incompatible avec le modèle économique des agents de voyage. Cela a d'ailleurs commencé en 2014 avec la majoration de 50%, mais ce n'est pas fini, car avec le doublement des taux de garantie décidé par le gouvernement et donc de l'assiette des cotisations, celles-ci vont mécaniquement croitre très sensiblement, à moins que l 'APST ne baisse les taux de cotisation, ce qu'elle n'a pas annoncé pour le moment.
 
Comment s’explique une telle hausse des garanties ?
Je ne parlerai pas du minimum de garantie qui, fixé en en 1992,  devait logiquement être réévalué, même si il eut été souhaitable de le faire progressivement (il est encore temps), mais pour les taux de garantie, il est parfaitement anormal qu'une mesure aussi lourde de conséquences ait été prise avec un tel degré d’urgence et, semble t-il,  sans  aucune concertation préalable avec les  syndicats représentants la profession. Cet empressement semble s'expliquer par la dégradation de la situation financière de l'APST,  mais cette décision ne règle pas les problèmes de fond de l 'Association, cela va faire croitre très sensiblement ses revenus puisque l’assiette des cotisations double, mais en doublant aussi peu ou prou les charges des entreprises qui resteront membres. Par ailleurs l’ensemble de la profession devra  faire face à terme à un accroissement des contre garanties à fournir dont certaines sont parfaitement inutiles. Le non alignement des contre garanties annoncé par l’APST est une mesure de court terme qui ne résout rien sur le fond.
 
Quels sont ces problèmes de fond ?
Le défaut de suivi des contre garanties  tout d’abord et l'absence de vérification de la matérialité des cautions pendant des années ont généré une situation inextricable au sein de l'association qui l’empêche de fonctionner normalement. Les sinistres sont insuffisamment et parfois pas du tout couverts par les cautions. La  trésorerie des entreprises résultant des acomptes qui devrait être mobilisée par les cautions est souvent employée à autre chose, c’est là que se situe le premier problème. L'action salutaire de Raoul Nabet sur ce sujet a permis un progrès réel, mais cela reste insuffisant. En second lieu, l'absence d’une réflexion concertée sur les taux et la mise en œuvre de cette garantie. C'est la source de tous les problèmes. Il n'y avait aucune raison pour que le taux de  10% soit celui qui convienne  à tous les distributeurs/producteurs de forfaits, il en ira de même avec celui de 20%. Nous savons tous que les pratiques sont très différentes selon les types de marchés. Le taux  unique de 10% était  trop élevé pour un vendeur de forfaits en dernière minute dont le cycle de vente est très court, par contre il est insuffisant pour des activités à cycle de réservation très long. Un taux unique créé le défaut de caution pour certains et des insuffisances de garanties pour d’autres. Il en ira de même avec un taux unique à 20% d'ailleurs. Il me semble nécessaire de recourir à des taux différents selon les métiers et les délais de réservation qui en découlent afin que les garanties demandées soient en phase avec les fonds réellement déposés par les consommateurs. Il est tout à fait possible de modéliser le pourcentage moyen du chiffre d’affaires nécessaire à couvrir les fonds déposés par les consommateurs pour chaque nature de métier et en fonction des paramètres qui le déterminent  (délai de réservation et  modalités de règlement, acompte et solde). Ces calculs sont terminés et transmis à nos instances représentatives dans la perspective du rendez vous du 24 novembre. Ils  montrent que le taux de 10% était parfois trop faible, mais que le taux de 20% est bien trop élevé pour une grande majorité de métiers.   Du côté des modalités il y aurait beaucoup de choses à dire aussi. Par exemple les vérifications de déclaration sont insuffisantes, une seule déclaration de volume d'affaire par an ne convient pas pour certaines entreprises dont le volume d'activité peut varier rapidement de manière importante. Enfin, je m’interroge sur l’utilité de la garantie financière en dehors des forfaits. Les vols ont un taux à 0%, mais en ce qui concerne les prestations hors forfait (nuits d’hôtels, locations de véhicules) dont le taux de garantie est passé de 3% à 6% pourquoi l’agent de voyage est-il le seul redevable d’une telle garantie ? Les sites de vente en ligne de ce genre de prestation n’ont pas cette contrainte, cela créé donc une distorsion de la concurrence. D’ailleurs, la directive européenne qui impose la garantie financière ne concerne que les voyages à forfait et non les prestations terrestres hors vols.  En résumé, le calcul des garanties ne convient pas,  le système des cautions est défaillant à l’APST,  les modalités d’application sont insuffisantes, et la surface financière de l’APST n’est pas adaptée. Il faut réformer le dispositif.
 
L'APST n’a-t-elle pas constitué des réserves ?
Effectivement, à ma connaissance  pendant les bonnes années l'APST a constitué environ 18 à 20 millions d'euros de réserves (en intégrant la plus-value immobilière), mais celles-ci restent investies en totalité dans l'immeuble de l'avenue Carnot et ne sont donc pas liquides. L'APST a en outre emprunté 12 millions d'euros (dont 10 millions d'euros en 2013) pour acquérir des étages complémentaires de cet immeuble si bien qu'une partie importante des cotisations des membres sert aujourd'hui à rembourser une dette immobilière.  Ces réserves constituées par précaution ne pourraient paradoxalement pas servir au financement  de certains sinistres comme on pourrait s'y attendre. Cette situation est risquée pour l 'APST, car si un gros sinistre survenait soudainement les réserves de l'association n'étant pas disponibles, celle-ci ne pourrait y faire face, ou très difficilement. Ce placement dans l’immobilier fut judicieux à l’époque où le marché était en croissance forte, mais les temps ont changé il faut faire face aux risques à court terme avec des réserves liquides.
apst

Auteur

  • Nicolas Barbéry
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