Entretien avec Jean-Paul Chantraine: "L'avenir appartient à l'Asie et à Asia"

Je viens de passer quelques jours en Afrique du Sud. Un véritable bain de nature régénérant dans une réserve proche du parc Kruger. J'en avais bien besoin. Ces dernières semaines ou plutôt devrais-je dire ces dernières années (Sras, grippe aviaire, tsunami) ont été très éprouvantes pour mes équipes et moi-même. Mais me voilà requinqué et fin prêt à poursuivre cette année 2005 que je souhaite sans nouvelle catastrophe en Asie… La coupe est pleine.
Le tsunami semble avoir plus que perturbé la haute saison touristique des pays directement touchés. Quel est le bilan chez Asia?
Le topo n'est pas terrible je dois l'avouer. Et même si nous retrouvons un peu de souffle sur ces axes ce mois-ci, les réservations restent très en deçà des normales saisonnières. Les baisses sont très significatives. Et malgré mon optimisme naturel, je dirais que la haute saison vers ces pays est "cuite". Il suffit pour cela de regarder l'état de nos ventes qui sont peu encourageantes. La Thaïlande est à -35%, du jamais vu chez nous, le Sri Lanka qui ne repart toujours pas est à -75% et les Maldives à -71%. Seule l'Inde, avec +15% tire son épingle du jeu. Il faut dire que la destination a le vent en poupe et que l'essentiel des ventes concerne le Rajasthan au nord et non le sud du pays.
La Thaïlande est un axe majeur chez Asia. Quels pays pourraient combler le manque à gagner sur cette destination?
La force de l'Asie est d'être multiple et riche. D'autres pays comme la Chine sont en nette croissance (+ 123%) et devraient générer de nombreuses ventes. Je pense également au Viêt-nam qui est bien parti pour faire une année record, au Japon sur lequel nous misons beaucoup, à l'Indonésie qui fait son grand retour et bien sûr à l'Inde qui reprend sa place naturelle dans le paysage touristique. Je suis d'ailleurs intimement convaincu que, d'ici peu, on parlera autant de l'Inde que de la Chine.
Vous gardez donc confiance?
Plus que jamais. La tendance devrait s'inverser d'ici à mai ou juin et l'activité touristique de ces pays sera relancée par les Asiatiques eux-mêmes, en attendant le retour des marchés européens. Toutefois, je déplore tout de même un manque de réactivité du marché français qui à l'inverse du marché scandinave -pourtant plus durement touché par le tsunami- peine encore à repartir. Mais bon, comme on dit, "on ne fait pas boire un âne qui n'a pas soif".
Quel avenir pour l'Asie?
L'avenir appartient à l'Asie et à Asia. Nous évoluons dans un monde de chocs et de ruptures mais notre modèle économique s'adapte bien. Preuve en est notre CA 2004 de 63 ME (+ 37%) réalisé en pleine période de grippe du poulet. Par ailleurs, cette partie du monde est loin d'avoir épuisé ses possibilités de développement touristique. Il reste encore beaucoup à faire là-bas, beaucoup à voir. A nous de faire la course en tête en matière de production. Une seule inquiétude pourtant, à être si peu réactif, le marché français risque de manquer de stock pour l'avenir.