Georges Pham Minh (GPM Conseil) est un lobbyiste qui conseille les Entreprises du Voyages, l’APST et le Seto. Il a participé aux côtés de Valérie Boned, directrice générale d’EDV, et de Jean-François Michel, président de Capmonde, à la convention d’EDV Ile de France qui se tient ce week-end en Suède. L’occasion de revenir sur les différentes actions des représentants de la profession en matière de lobbying.
« Le tourisme n’intéresse pas du tout les politiques » a dit Georges Pham Minh en préambule. Lui qui connait très bien les arcanes des ministères explique que la profession n’est guère mieux considérée que les spécialistes du sport… A l’assemblée nationale c’est pareil. Il y a tout au plus une dizaine de députés qui s’y intéressent. Idem au Sénat.
Et pour ne rien arranger, non seulement il n’y a plus de ministre du Tourisme ni de budget, mais le Tourisme est noyé entre deux ministères, d’une part Bercy (via la Direction générale des entreprises) et, d’autre part, au Quai d’Orsay. Deux ministères qui, de plus, se tirent dans les pattes.
Georges Pham Minh ajoute que si les politiques « veulent bien s’intéresser aux 100 millions de touristes étrangers qui viennent en France, ils se fichent complètement des 10 millions de touristes français qui vont à l’étranger ».
Pour répondre à tout ça, les Entreprises du Voyages, le Seto, l’APST, mais aussi les autres acteurs comme l’Umih rassemblés au sein de la Confédération du tourisme, se sont mis au lobbying, en France comme à Bruxelles.
Georges Pham Minh explique ainsi qu’à chaque élection présidentielle, il remet un livre blanc qui rappelle le poids du tourisme et ses enjeux aux candidats. Mais surtout, son travail consiste à noyauter les différents ministères, les cabinets et les permanences. « C’est beaucoup plus efficace que de financer la campagne d’un candidat » dit Georges Pham Min qui estime que « le copinage ne sert pas à grand-chose ». Faisant allusion à des prises de position très engagée de la part de grands patrons du tourisme vis-à-vis d’Emmanuel Macron pour un résultat nul.
Pour sa part, Jean-François-Michel, rappelle son action de lobbying quand le gouvernement a voulu taxer les aides aux vacances versées par les comités d'entreprise à l’automne dernier.
En quelques jours, il est parvenu à prévenir l’ensemble des ministres et des conseillers. En en une semaine, la tendance a été inversée. Et le gouvernement a fait marche arrière. « Là où nous avons gagné c’est quand les journaux télévisés ont ouvert sur ce sujet ». Les angles de communication pour sensibiliser les élus sont très importants a-t-il encore dit, en l’occurrence, il faut mettre en avant les conséquences économiques et sociales d’une décision politique.
« Nous devons parvenir à cibler les bons politiques et les bons candidats » ajoute Valérie Boned. Dans le cadre de la responsabilité de plein droit, la campagne de lobbying menée par EdV, l’APST et le Seto, a permis de « faire signer 150 sénateurs (40% du Sénat) et 100 députés, ce qui est énorme ! » C’est plus compliqué à l’assemblée nationale a précisé Georges Pham Min car « les députés sont actuellement inféodés à l’exécutif. Il a donc fallu les opposer frontalement pour parvenir à une sorte de compromis ».
Il admet cependant que sur ce sujet, le gouvernement peut malgré tout passer en force. Dans ce cas, les lobbyistes du tourisme affutent déjà leurs armes pour aller à Bruxelles. A suivre...