Ski : les TO s'adaptent aux aléas climatiques

La neige devait en effet tomber le week-end dernier sur un massif alpin encore bien trop pierreux pour rendre les skieurs heureux. Mais si l'on en croit les tour-opérateurs, les stations de ski et les loueurs de résidences de loisirs (voir ci-dessous), la saison s'annonce bonne, avec ou sans neige. Il y a quelque chose de changé au royaume du blanc. "Entre 20 % et 25 % des clients d'une station ne skient pas", observe Jacques Guillot, vice-président de l'Association nationale des maires de stations de montagne, qui développe le portail Internet Skifrance. "Les clients sont de plus en plus désireux de balades, de visites de patrimoine ou de repos complet", poursuit-il. Méthode Coué ? "Le marché change, le réflexe cocooning familial ou entre amis s'affirme de plus en plus à la neige", remarque Sergio Branco, DG de Skihorizons.com, l'un des plus importants TO français sur le marché du ski avec 70 000 clients en 2003. "Le manque de neige n'est donc pas un problème. Certes, notre chiffre d'affaires sur les ventes de forfaits et les locations de matériel de ski a chuté de 50 % durant les vacances de Noël, mais la croissance constatée des ventes de séjours est supérieure à 20 %." Ce taux de progression se retrouve chez NF, qui vient de rééditer une brochure "Neige" après avoir intégré pendant deux ans ces produits dans la brochure "Séjours". Ce TO, comme Skihorizons rembourse d'ailleurs les forfaits de ses clients en cas de fermeture du domaine. "Aller au ski" sans en faire, les stations s'adaptent donc à la demande. Malgré un domaine ouvert à seulement 30 %, la station de Val Thorens ne craint pas une baisse de la demande: "Nous avons investi 20 ME dans la création d'un centre sportif, explique l'office de tourisme, soit plus que sur les remontées mécaniques." Et pourtant, sur l'ensemble des massifs, les investissements sur ce produit n'ont jamais été aussi importants : 970 ME contre 930 ME l'an dernier, alors que le nombre de journées de ski stagne à 3,7 millions en 2003-2004.
Attention ! calendrier 2005 casse-tête pour vendre le ski
Un obstacle peut en cacher un autre. Si le déficit de neige ne semble pas influer sur le volume global d'activité du secteur, il en va différemment avec le calendrier scolaire. Cette année, les vacances de Pâques sont du 23 avril au 9 mai pour la zone C (Paris et Bordeaux), des bassins de population grands pourvoyeurs en skieurs. "Il nous reste surtout les vacances de février pour réaliser une bonne saison", note-t-on chez NF. "Au contraire, cette année, nous bénéficions d'un excellent étalement des vacances au niveau européen", constate Sergio Branco. Les Belges et les Anglais arrivent à partir du 2 janvier, les Parisiens sont seuls sur les pistes en février, sans compter les Russes, les Polonais ou les Tchèques, toujours plus nombreux à goûter aux joies de la glisse à tout moment de l'hiver. Mais seuls les TO implantés à l'étranger pourront bénéficier de cette configuration calendaire. Les autres, y compris les agences françaises, pourraient bien rester la tête sous la neige.
Aucune incidence sur les réservations dans les résidences
Même si la plupart des domaines skiables ne sont ouverts que partiellement, les réservations pour les semaines de Noël et du Jour de l'An dans les résidences de tourisme ne semblent pas fléchir. "Aucune annulation et pas la moindre demande de renseignement ne nous est parvenue, indique Line Baudu, directrice commerciale de Lagrange. De toute façon à Noël, les clients veulent avant tout se retrouver en famille et ne cherchent pas à skier coûte que coûte", poursuit-elle. La directrice commerciale d'Interhome, Dominique Pin, va même plus loin en rappelant que "les amateurs de ski à Noël sont conscients du fait que la neige n'est pas garantie à cette période et n'annulent donc jamais leur séjour".