Un entretien avec Marie-Noëlle Veillet, directrice générale d’exploitation des deux centres : "A Djerba, les thalasso de l’Athénée et de l’Ulyssecréent des cures pour donner du tonus aux clients"

Deux centres intégrés au sein de deux hôtels 5 étoiles de Djerba, le Robinson Sélect Athénée Palace et le Mövenpick, ce dernier ayant fait l’objet en 2004 d’une rénovation particulièrement réussie. Marie-Noëlle Veillet, c’est un peu Madame Thalasso, une pionnière et une ambassadrice qui, inlassablement, a milité pour faire reconnaître les bienfaits des soins marins. En France d’abord, à Perros-Guirec, à Pornic et à Monaco. En Tunisie ensuite, à Hammamet, puis à Djerba. Elle a accompagné la mutation du secteur vers le bien-être sans pour autant galvauder les soins. Elle répond à nos questions sur l’évolution de ce nouveau marché pour le tourisme.
Avez-vous le sentiment que les agents de voyages sont bien formés pour vendre des prestations en thalasso ?
Je voudrais d’abord dire que cette évolution est positive pour tous les centres car il y a eu une augmentation très nette de la fréquentation de nos établissements à la suite de recommandations d’agences de voyages. Mais il est vrai que beaucoup ont encore des notions confuses de ce qu’est vraiment la thalassothérapie par rapport à d’autres soins par l’eau comme la balnéothérapie ou les spas. Mais nous avons bien travaillé avec certains TO comme Jet Tours ou NF pour bien expliquer ces différences dans les brochures.
Le fait que la thalasso se soit développée hors de France n’a-t-il pas facilité l’approche des TO ?
C’est incontestable car cela a permis aux opérateurs français de packager des formules en incluant du transport. C’est la Tunisie qui a sans doute fait avancer les TO dans cette voie : avec 22 centres, c’est le pays qui a contribué à développer le plus efficacement ce marché. Je me souviens que c’est l’hôtel Abou Nawas qui avait lancé le mouvement pour pouvoir exploiter en hiver. Depuis, le mouvement s’est amplifié sur cette destination et croît de manière régulière : 66 000 clients en 2002, 80 300 en 2003 et nous approchons les 90 000 en 2004. Alors qu’en France le nombre des curistes est resté longtemps fixé à 400 000 par an, mais il semble qu’il soit reparti à la hausse avec l’engouement nouveau pour le bien-être. Toutefois, il faut bien voir que l’association voyage + thalasso attire de plus en plus de touristes. A l’évidence, c’est le soleil qui attire vers la Tunisie. Avec Jet tours, qui est un opérateur historique sur la destination, nous sommes pleinement satisfaits du partenariat que nous avons instauré. D’ailleurs, les clients français et suisses sont parmi les meilleurs adeptes des cures alors que les Allemands restent encore en retrait même si comme au Club Robinson Athénée Palace, le gestionnaire est un opérateur germanique, TUI.
Vous avez une double casquette puisque vous dirigez à la fois les deux centres voisins de l’Athénée et de l’Ulysse à Djerba. N’avez-vous pas souffert d’une suspicion sur la qualité des soins ?
Si ce soupçon a existé, il est totalement infondé. On a entendu dire en effet que l’on avait une thalasso au rabais en Tunisie alors que nous avons des personnels très compétents, bien formés (135 personnes sur les deux centres) et que dans ce pays, cette activité est soumise à une loi avec l’obligation d’avoir un encadrement médical, ce qui n’est pas le cas en France. Nous sommes d’ailleurs les deux seuls établissements à faire partie de la Fédération internationale de la thalassothérapie en Tunisie. Les centres disposent d’équipements denier cri, ils sont spacieux et beaux, ce qui ne gâte rien. Nous avons travaillé notamment à l’Ulysse la décoration et les couleurs chaudes. En plus, les hôtels sont luxueux et confortables et nous pouvons afficher un rapport qualité-prix intéressant sur une saison logiquement plus longue.
Qu’est-ce qui différentie les cures dispensées sur les deux resorts de celles de la concurrence qui est de plus en plus vive ?
Je vous donne d’abord deux chiffres. Nous pouvons programmer 800 soins par jour à l’Ulysse et 600 à l’Athénée car en moyenne nous avons 200 clients dans le premier et 150 dans le second qui font 4 soins par jour. Mais quels soins ? Nous avons d’abord tous les soins classiques à base de jets et de bains d’eau de mer, d’enveloppement d’algues et de massages aquatiques. La particularité chez nous est d’avoir développé les soins énergisants. Le but d’une cure de remise en forme c’est le rééquilibrage énergétique. D’où l’importance accordée aux massages, drainages et techniques de relaxation. Nous avons même un programme de massage appelé "Dream" qui a été conçu spécialement pour nous, et bien sûr, nous proposons le Shiatsu. Nous avons recruté des masseurs très doués et très bien formés qui ont bien compris le but que nous recherchions pour redonner du tonus à nos clients.
Des projets ?
Le groupe Utic Tourisme, propriétaire des établissements, devrait lancer cette année dans la région de Gammarth un "Spa Thalaso". Et nous, nous continuerons à créer de nouvelles cures pour être toujours des centres de référence sur un marché qui est, comme vous le soulignez, de plus en plus concurrentiel.
Propos recueillis par Patrick Lopez
Le Mövenpick Ulysse Palace & Thalasso sous influence andalouso-mauresque
L’hôtel est situé au début de la zone touristique de Djerba à 10 minutes de la ville commerçante de Houmt Souk. Entièrement rénové, l’Ulysse est une institution dans l’île puisqu’il fut un des premiers palaces construits il y a plus de 40 ans. La décoration s’est épurée et s’inspire du style traditionnel tunisien. D’une capacité de 247 chambres et 17 suites, l’établissement dispose de trois restaurants, dont Malouf qui est sans doute une des meilleures tables de Djerba, de 5 bars et d’un indispensable et très "cosy" café maure… La thalasso créée en 2002 et d’une superficie totale de 3 500 m2 est une vraie réussite (avec une très grande piscine ayant un accès extérieur) : les lieux intimistes respirent la sérénité, influencés eux aussi par l’art du bain à l’orientale, tant au niveau des couleurs que de son architecture andalouso-mauresque. A noter, le hammam traditionnel avec une salle chaude qui donne sur la mer. Les produits de soins marins sont issus des laboratoires Phytomer et parmi l’ensemble des cures, quatre spécifiques associant thalasso et art du massage ont été élaborées par les équipes managées par la chef de centre, Bessima Mahresi : "Lune de jasmin" (remise en forme et beauté à l’huile de jasmin), "Bioénergie" (rééquilibrage énergétique et anti-fatigue), "Drainage" (élimination des toxines) et "Elle & lui" (beauté).
Le Robinson Athénée Palace & Thalasso, tout en lumière et en espace
Voisin de l’Ulysse, l’Athénée Palace est un hôtel fastueux qui dispose de 290 chambres, 11 junior suites et 5 suites dites "Ambassadeur". 4 restaurants répondent aux souhaits de la clientèle et les activités sportives multiples comblent les plus exigeants. L’hôtel a joué l’espace et la transparence, notamment dans les "coursives" qui desservent les deux ailes de l’hôtel, véritables serres géantes inondées de lumière dans lesquelles s’épanouit une végétation tropicale. La thalasso dirigée là aussi par une jeune femme, Ahlem Ben Gharbia, est à l’image de l’hôtel, claire, agréable, spacieuse. Inspiré et managé par Marie-Noëlle Veillet, le programmes des soins fait la part belle aux soins énergétiques combinés avec les traditionnels éléments des cures marines : shiatsu, réflexologie globale, mandara (technique d’origine thaïlandaise à quatre mains), tchong mo (massage chinois avec des pierres chaudes et froides) et le programme Dream ( D comme drainage, R comme relaxant et M comme modelant) spécialement créé pour le centre. L’hôtel est commercialisé par Jet tours sur le marché français.