Mardi dernier, lors du discours de clôture du congrès des Entreprises du voyage qui s'est tenu au Sri-Lanka, Jean-Pierre Mas, son président, a fait un vibrant plaidoyer en faveur de l'union. L'union avec l'APST, qui était déjà acquise. L'union avec le Seto, qui l'était moins. L'heure n'est plus aux querelles intestines. Jean-Pierre Mas a ensuite désigné l'ennemi commun : l'économie collaborative qui menace tous les intermédiaires. Extraits.
Union. "Nous avons donné l'exemple avec le Seto et d'autres organisations en créant la médiation du tourisme qui permet de régler les litiges entre les clients et les fournisseurs. Ce modèle est aujourd'hui pris en exemple par tous les autres secteurs d'activité comme étant une médiation parfaite.
Autre exemple : avec l'APST, nous avons mis en place un centre de formation dont l'activité est aujourd'hui équilibrée.
Maintenant nous devons aller plus loin. Je soutiens notamment le projet de confédération porté par le Seto. Nous parviendrons à la créer dès 2017. Il est capital de donner de notre industrie une vision globale et forte".
Idylles. "Quand je suis arrivé à la présidence des Entreprises du voyage, on m'a dit ça va "clasher" avec René-Marc Chikli, président du Seto. Eh bien ça n'a pas "clashé" ! Nous ne sommes pas d'accord sur tout, mais nous avons toujours privilégié le dialogue. Nous avons réglé nos différends en privé et sommes arrivés avec des positions publiques communes. On l'a vu sur la garantie financière et sur la directive européenne. Je tiens à remercier et féliciter le président du Seto pour cet esprit d'ouverture. Avec l'APST, la collaboration que nous avons basée sur la loyauté et la transparence est de très grande qualité. Je suis persuadé qu'elle se poursuivra".
Sagesse. Je vous rappelle que je ne suis pas boulimique, je n'ai envie de manger personne ! Je veux que ça marche ! C'est la seule chose qui m'intéresse. Je n'ai aucune ambition de dévorer le Cercle économique des agences groupistes (CEAG). Je discute également avec René-Marc Chikli pour voir comment éviter de recréer au sein des Entreprises du voyage un conseil qui serait un second Seto. Ce serait totalement ridicule et anti-productif. Je n'ai aucune ambition de dévorer le CEAG, le Seto, et je ne sais qui encore !"
Ubérisation. "L'économie collaborative surfe sur une ambiguïté. On pense que c'est une économie de troc, d'échange, alors qu'en réalité c'est l'économie de la désintermédiation. Car celui qui s'enrichit le plus, c'est l'intermédiaire. Ce n'est pas celui qui utilise le produit, ni celui qui le délivre. Exemple évocateur : Accorhotels réalise un résultat net de 224 millions d'euros et est valorisé à hauteur de 9 milliards. Airbnb enregistre une perte de 133 millions d'euros mais est valorisé à hauteur de 24 milliards ! C'est ça l'ubérisation de la société. Alors que peut-on faire ? Pas grand-chose, surtout que lorsque l'on est agent de voyages, on rêve de pouvoir offrir à son client les services de l'économie collaborative. Ce qui est ennuyeux c'est qu'elle n'est pas soumise à l'impôt. Heureusement, cette économie sauvage va être régulée. Comme an l'a vu récemment à Londres avec Uber ou à New York avec Airbnb".
Métiers. "Cette ubérisation créé une nouvelle relation au travail qui va impacter nos métiers. C'est pour cette raison que nous travaillons aujourd'hui sur le statut des agents commerciaux".
Boucan. "Quelqu'un me disait "il faut monter le son". Ce n'est pas toujours nécessaire ! Car quand on monte le son pour défendre des intérêts catégoriels, c'est souvent perçu comme une manœuvre anticonsumériste. Le public est ultra consumériste et à horreur de la défense des intérêts professionnels. Il faut donc faire attention avec qui, quand et comment, on monte le son".