Dans les agences Donatello, le choc du 29 décembre est toujours là.
Renouvelé à chaque client qui entre ou qui appelle. Un mois après l'annonce de la cessation de paiement, ces agences continuent néanmoins à travailler. "Nous le devons à nos clients." Témoignages.Les ventes se sont arrêtées le 29 décembre 2014. Mais les agences Donatello ont des réservations en cours, dans les productions maison (Donatello, Equatoriales) et chez d'autres fournisseurs (Kuoni, Asia…). Ces clients doivent partir en février ou en mars et parfois même en juillet, alors elles continuent."On fait corps"
"Parce qu'on est Donatello. On est des professionnels" s'enorgueillit une chef d'agence. "Le service personnalisé a toujours été notre force. Et en ce moment nos clients nous le rendent bien. Beaucoup nous envoient des messages de soutien, de compréhension, d'espoir que les choses s'arrangent. C'est du réconfort."
Une grande entraide s'est installée aussi entre les points de vente à l'enseigne du TO. "On fait corps, se félicite cette autre agente de voyages parisienne. C'est ça Donatello. Notre professionnalisme nous unit." "Cette solidarité, ces contacts entre nous, c'est une manière de retrouver l'ambiance d'avant" renchérit une autre.
Ah la nostalgie de l'époque D'Apote! Difficile de s'en défaire, du modèle paternaliste. Quand l'ancien patron passait dans les agences et que chacun pouvait avoir l'impression de faire partie de l'entreprise, d'être reconnu. Aujourd'hui, on se raconte et on se congratule entre soi.
Aucun client planté
La grande fierté de ces agences? N'avoir à ce jour aucun client "planté". Mais ça "c'est grâce à notre travail, explique la responsable de cette agence Donatello qui a déjà connu la fin de la Cit. "Après le 16 janvier, Tourfinance a arrêté de payer avec nos règlements', raconte cette responsable [le réseau Donatello était adhérent Tourcom, NDLR]. "Chacune de nous est allée, au niveau de son agence, chercher des solutions pour ses clients sur les prestations terrestres."
L'aérien ayant été sécurisé - "le BSP a été payé" -, ce sont les chambres d'hôtels qu'il faut trouver, et négocier. Aux Canaries, par exemple, "les hôteliers ont tout annulé dès le 30 décembre : avec les arriérés, ils n’ont pas voulu prendre plus de risques" nous raconte-t-on. Heureusement pour ces agences, les clients Donatello sont plutôt fidèles et aisés. Ils acceptent de repayer l'hôtel sur place, "parfois c'est un autre pioché sur Booking", et de remplir un bon de remboursement.
Des artisans du voyage
Les agences croisent les doigts. Leurs clients sont compréhensifs. "On garde notre satisfaction du travail bien fait. Ça reste du sur mesure, dans l'urgence et avec moins de choix, mais on y arrive. Dommage que nos dirigeants n'aient pas su apprécier cette dimension artisanale de notre travail", déplore cette agente.
Après il faudra essayer de retrouver un poste. Les CV sont refaits, on s'envoie les annonces d'emploi par mail. Mais difficile de se projeter. "Il y a encore de nombreux dossiers à suivre" glisse l'une d'elles en décrochant le téléphone qui sonne.