Aérien : haro sur le billet papier !

Les agents de voyages – qui verront bientôt évoluer leur système de rémunération – sont d'ailleurs bien placés pour le savoir. Mais les agences ne sont pas la seule bête noire des transporteurs en matière de coûts de distribution. Dans leur ligne de mire, on trouve aussi… le papier. Giovanni Bisignani, directeur général de Iata, estimait à ce propos, lors de la dernière AG annuelle de l'association, que les compagnies pourraient économiser jusqu'à 3 milliards de dollars en remplaçant les billets papier par des billets électroniques (un billet papier coûterait 9 euros de plus qu'un billet électronique). Pour autant, toutes les compagnies ne "poussent" pas l'e-ticket de la même façon. Il y a la méthode douce, gentiment incitative qui consiste à convaincre par le discours, et la méthode dure, qui consiste à utiliser des arguments disons plus économiques. La preuve à travers plusieurs exemples. American Airlines a annoncé mercredi dernier qu'elle allait désormais appliquer 25 euros de frais sur les billets papier émis par les agences sur les itinéraires où le billet électronique est disponible. Un chemin qu'a déjà emprunté British Airways le 1er mai 2004, la compagnie britannique appliquant désormais 15 euros de frais sur les émissions papier (lorsque le billet électronique est disponible). Chez United Airlines, en revanche, on s'en tient pour le moment à la méthode "douce" en adoptant une politique d'information régulière des agences et on explique que "de toute façon, le billet électronique connaît une croissance régulière". Reste Air France, qui ne surcharge pas les émissions papier, mais chez qui on dit avoir une réflexion sur le sujet. Pour développer le billet électronique, AF se contente pour le moment de proposer l'e-ticket par défaut dans ses ventes directes et de faire du taux d'e-ticket l'un des critères qualitatifs des accords de partenariat (avec rémunération à la clef) passé avec certains distributeurs.
La plupart des compagnies développe le billet électronique en France
La volonté affichée par certaines compagnies de "pousser" la part des billets électroniques donne l'occasion de faire le point sur le niveau de développement de l'e-ticket de quelques-unes des compagnies opérant au départ de France. Chez American Airlines, on explique que 90 % des passagers voyagent avec des billets électroniques au global. Sur le marché France, 52 % des billets sont électroniques. Chez Continental, on indiquait en avril dernier que 95 % des clients aux États-Unis utilisent les billets électroniques, alors qu'ils ne sont que 88 % à l'international. Chez American Airlines, sur la période allant de janvier à août 2004, 68 % des ventes directes en France étaient des billets électroniques. A travers les autres canaux de distribution, principalement les agences de voyages, le pourcentage d'e-ticket chute à 18 % sur cette même période. C'est peu, mais la progression est constante – en janvier dernier, 17 % des billets vendus étaient électroniques, pour atteindre 26 % en août). Chez British Airways, 90 % des ventes directes sont réalisées en e-ticket et 63 % des passagers de la compagnie voyagent avec. Chez Air France, plus d'un passager sur deux n'a plus de billet papier. L'objectif de la compagnie est d'atteindre 60 % de billets dématérialisés en mars 2005.