"Il s'agit d'un sujet sur lequel je suis en confrontation intellectuelle et opérationnelle avec les autorités de mon pays".
Le sujet question, c'est tout simplement la sûreté aérienne.Et la personne qui s'exprime sait de quoi elle parle : il s'agit de Philippe Legorjus, l'ancien patron du GIGN, passé depuis dans le privé, qui s'exprimait à l'occasion du 15e Cannes Airlines Forum, organisé les 18, 19 et 20 octobre dernier. Au cours de sa carrière, l'homme a dû gérer plusieurs détournements d'avions et, pour lui, "depuis plus de 10 ans, on a assisté à des déploiements tout azimuts des dispositifs de sûreté". Or, "lorsque l'on analyse ça comme tout bon chef de commando ou de force spéciale - ce que sont les groupes terroristes - on se trouve devant la théorie du mille-feuille". L'ancien militaire est catégorique, à chaque fois qu'on ajoute une couche de sûreté, on ouvre 3 modes opératoires permettant de la contourner. Bref, "on déroge au principe sacré de l'unicité et de la continuité de la sûreté". Et tout ça, c'est à cause de l'Etat qui, depuis 1989 et à travers la dérégulation, a confié la chaîne de sûreté à des acteurs secondaires, les plus souvent privés. En matière de solution, l'option préconisée par Philippe Legorjus est d'ordre stratégique. Elle consiste par exemple à créer une agence, dans le genre de celle qui existe aux Etats-Unis, qui "disposerait de l'ensemble des moyens afin de couvrir toute la chaîne : renseignement, investigation et action". Il s'agit donc en définitive de réinjecter de l'Etat dans la sûreté.
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