Avis passe à la commission zéro

Les super commissions sont aussi supprimées. Le segment loisirs et le segment affaires, hors tarifs négociés, ne sont pas concernés par cette décision. Pour Avis Europe, "cette nouvelle politique s'appuie sur une tendance du marché où les agences de voyages facturent des frais de gestion ou des frais à l'acte à leurs clients pour des services qu'elles délivrent". A peine la nouvelle connue, Bruno Courteaud, directeur marketing d'Avis, visiblement ennuyé, prenait son téléphone pour prévenir tous les présidents de réseau. Si l'économie que va réaliser Avis n'est pas divulguée, elle pourra permettre "de fluidifier le process de réservation et permettre ainsi des gains de productivité". Par ailleurs, Bruno Courteaud ajoute que "35 % des comptes sont déjà passés en tarifs nets". De plus, ajoute-t-il, "dans un contexte où la facture moyenne baisse, la rémunération des agences baisse aussi". Et d'argumenter : "En Europe, de toutes les agences de voyages qui travaillent à la transaction, aucune n'est revenue en arrière." Et d'expliquer : "Sans les sur-commissions, les réseaux peuvent gagner de 2,68 euros à 3,14 euros par transaction. A l'acte, certaines facturent 15 euros même s'il faut prendre en compte dans ce forfait les manipulations liées à des annulations." A écouter les réactions de certains distributeurs (voir plus bas), Avis va avoir toutefois du pain sur la planche pour expliquer aux agents de voyages le bien-fondé de cette démarche. Car, à la différence d'Air France, le loueur vit dans un univers extrêmement concurrentiel. Ainsi, chez Hertz, on va évidemment étudier de très près la nouvelle politique d'Avis, mais pour l'instant, le loueur n'a pas choisi de changer sa politique. Chez National / Citer, on estime qu'Avis entérine là "une tendance lourde" avec des accords qui se font de gré à gré entre trois parties (loueurs, agences et entreprises). Chez Europcar, on n'a pas voulu se prononcer.
Les agences de voyages ne tombent pas dans le fatalisme
Jean Korcia, président de Manor, est "amer". Il estime que cette décision d'Avis est "lamentable sur la forme". Loin d'en vouloir à Bruno Courteaud, qui fait le maximum pour relayer les récriminations des distributeurs auprès de son siège afin de trouver des solutions, il évoque un coup épouvantable. "Pauvre de nous dans la profession !" Outre cette décision d'Avis, il s'étonne que le secteur ne puisse se battre contre des fournisseurs qui imposent sans négociations leurs décisions, tel Tunisair dont la commission passe à 5 % le 1er janvier prochain. Jean Korcia s'inquiète surtout de l'avenir des agences indépendantes et des jeunes qui voudraient créer. Revenant sur la décision d'Avis, "il espère que les autres loueurs comme Hertz seront intelligents". Richard Vainopoulos, président de Tourcom, n'apprécie pas non plus cette nouvelle donne et rappelle qu'Avis évolue dans un univers concurrentiel. Pour un distributeur interrogé, cette annonce aura un effet bénéfique : celui de faire comprendre aux clients que la commission zéro devient la nouvelle règle. Et, aussi, de ne pas avoir trop à jongler avec diverses règles comptables qui vont se chevaucher entre les fournisseurs qui rémunèrent toujours à la commission et ceux qui la suppriment. Quant à Arnaud Ameline, directeur général de TQ3 France, il estime cela plutôt sain pour le marché : "Les agences de voyages ne doivent plus vivre grâce au financement des fournisseurs."