Création de Littoral Airline : entre doute et suspicion

Autour des responsables consulaires : des investisseurs privés et un ex-cadre d'Air Littoral, Jean Durand. Concrètement, il s'agirait de reprendre les liaisons intérieures au départ de Montpellier vers Bordeaux, Nantes, Lille et Strasbourg, ainsi que les connexions à destination de Corse (Ajaccio et Bastia) et du Maghreb (Alger et Oran). Un programme ambitieux qui peut toutefois laisser circonspect, d'autant qu'il arrive entre les deux tours des élections régionales. La présentation du montage financier de l'opération est également troublante : "Le financement est assuré par le groupe d'investisseurs privés à hauteur de 2,2 M E complétés par un apport du fonds d'investissement Next Venture doté par la Région Languedoc-Roussillon de 4,2 ME à l'effet de soutenir le secteur aérien dans l'aménagement du territoire." Derrière cette formule alambiquée, on comprend surtout que les fonds publics représentent 80 % des sommes consacrées au démarrage de la nouvelle compagnie aérienne. Dans ce dossier, la Région met au pot ce qu'elle avait déjà promis dans le cadre d'une aide à la reprise d'Air Littoral. Les 20 % restants étant apportés par un pool qui regroupe 14 investisseurs, parmi lesquels l'assureur Pierre Couchon, qui apporterait 700 000 E via sa société de courtage. Et la volonté de la plupart de ces investisseurs de rester pour l'instant dans l'anonymat n'inspire pas davantage confiance. Restent d'autres interrogations. Qu'adviendra-t-il par exemple si la majorité politique régionale [actuellement UMP] change de camp dimanche prochain ? Ni les responsables consulaires ni les investisseurs privés ne veulent se poser la question. Se contentant de souligner que cette entreprise permettrait d'embaucher à court terme 120 personnes, c'est-à-dire les anciens salariés d'Air Littoral. Là encore, on veut y croire, sans pouvoir s'empêcher de penser à une manœuvre politique, qui serait alors le comble du cynisme.