En Europe, le train veut concurrencer l'avion

Portée sur les fonts baptismaux la semaine dernière, Railteam, l'alliance ferroviaire européenne qui rapproche pour le moment Eurostar et Thalys, a été présentée au monde du transport aérien par Guillaume Pépy, le DG de la SNCF (et PDG d'Eurostar) à l'occasion du 14e Cannes Airlines Forum. Il en a profité pour expliquer, un brin malicieux, que ce nom a été choisi "en hommage à l'alliance aérienne Skyteam". En ce qui concerne la concurrence potentielle du ferroviaire par rapport à l'aérien, au niveau européen, il a été très clair : "Nous voulons faire du succès domestique des trains à grande vitesse un succès européen." De fait, aujourd'hui, les deux tiers des lignes à grande vitesse en Europe sont situées en France. Demain ? Eh bien, d'après Guillaume Pépy, "d'ici 2015, le trafic sur les lignes à grande vitesse en Europe augmentera de 100 millions de passagers pour atteindre les 270 millions". Reste qu'il subsiste des problèmes, comme celui de l'interconnexion des réseaux. Aujourd'hui, pour les seules lignes Thalys, il existe 7 systèmes de signalisation et 4 systèmes d'alimentations électriques. Mais cela devrait s'arranger à moyen terme. Le partenariat Railteam est d'ailleurs une bonne preuve que les choses vont dans ce sens, avec, ne serait-ce qu'au niveau commercial, la possibilité de proposer un billet commun aux 2 réseaux dès 2006. Rappelons qu'après Londres-Cologne via Bruxelles, les 2 opérateurs ferroviaires européens veulent offrir un tarif unique sur la liaison TGV Londres-Amsterdam à l'horizon 2008. Sur cette route, la plus importante en Europe en termes de trafic après Londres-Paris, l'objectif du ferroviaire est de capter jusqu'à 20 % de parts de marché (aujourd'hui la PDM revendiquée est de moins de 5 %). Le DG a également rappelé que, compte tenu des modules utilisés, les opérateurs ferroviaires "ne savent faire que du volume" et que "le panier moyen du TGV est globalement 50 % moins cher que celui de l'aérien sur la même relation". Enfin, Guillaume Pépy a rappelé à ses concurrents aériens que les opérateurs ferroviaires acquittaient des droits de péage élevés aux gestionnaires d'infrastructure.