Entretien : Pierre Mattéi, directeur général de Corsica Ferries "Etre toujours orienté vers le client fait notre succès"

Grâce aux 1.084.000 passagers à Nice et Toulon, nous devançons nos concurrents marseillais sur ce segment. C'est la combinaison de plusieurs paramètres tous issus de notre volonté d’être constamment "orientés vers le client". Je veux dire que choisir Toulon au lieu de Marseille, des Mega Express plutôt que des ferries traditionnels, le reversement intégral et transparent aux passagers de l’aide sociale attribuée par la Corse (15 E de contribution pour les seniors, les familles, les étudiants ou les résidants…) ou la qualité ISO certifiée ont permis à Corsica Ferries d’en arriver là
Quelle sera votre politique de développement dès 2005 ?
Nous allons augmenter notre offre de traversées de plus de 6%. Les choix faits par l’Assemblée de Corse devraient conditionner fortement la desserte à compter de 2007. Nous poursuivrons la politique d’intégration de navires de type Mega Express qui ont boosté le trafic depuis leur mise en service en 2001. Ils sont une bonne synthèse entre le besoin de vitesse des clients et les nécessités de rentabilité et de fiabilité, tout en offrant le confort de bateaux de croisière.
Que représente aujourd'hui le commerce électronique dans votre distribution ?
La part des ventes on line est de un tiers, mais n’oublions pas qu’avec les agences les transactions sont aussi en grande majorité électroniques, d’autant que notre site pro corsicaferries.biz connaît un grand succès et leur fait faire des économies. Nous avons été parmi les premiers à investir ce terrain, et nous ne nous en plaignons pas ! Sur Internet, nous avons été des pionniers en B to B comme en B to C. Notre objectif : toujours simplifier, éviter les gadgets inutiles et donner du contenu en terme de productivité aux agences.
Pensez-vous que les modifications du mode de distribution de l’aérien soient transposables au transport maritime?
Nous avons souvent transposé dans le secteur maritime les grandes tendances de l’aérien. Les GDS ou le revenue management en sont des exemples notables. Cela ne signifie pas que nous devrions faire tout ce que nos confrères décident car les marchés sont très différents et nos produits sont beaucoup moins standardisés. Cela ne nous empêche pas d’être attentifs.
Une table ronde est en cours sur l’avenir de la SNCM ? Quel serait selon vous le schéma de desserte le plus adapté au contexte insulaire ?
Selon moi, il faudrait une délégation de service public sur le service de base des cargos mixtes et une aide sociale généralisée de Marseille à Nice pour éviter les différences de traitement entre les passagers embarquant à Marseille et ceux embarquant à Nice et Toulon, pour économiser de l’argent public et pour préserver la concurrence entre les compagnies. Celles-ci pourront s’organiser en fonction des évolutions du marché sans le carcan des Obligations de Service Public censées être pensées pour des résidants alors qu’elles encadrent la venue des touristes.