La SNCM tente une remise à flot

La SNCM "tient à réaffirmer son positionnement de transporteur maritime majeur en Méditerranée après les périodes difficiles qu'elle vient de vivre" et vient de lancer une promotion exceptionnelle : 100.000 places réduites de 25 % à 40 % par rapport au plein tarif. "L'an dernier, nous avions mis 70.000 places sur le marché, mais cette année, nous devons accentuer nos efforts pour montrer que la SNCM est toujours là après les 17 jours de grève en avril et les trois semaines en septembre 2004", s'exclame Pierre Marcy, directeur de la clientèle du transporteur. Mis en vente depuis le début du mois de juin, ces billets, soumis au yield, trouvent preneur. "Juste après le lancement, la SNCM a connu sa meilleure semaine de vente de l'année, ce qui montre que malgré notre problème de fiabilité, il faut compter avec nous." La confiance reste toutefois à regagner. La compagnie a transporté 950.000 passagers l'an dernier (contre 1,2 million en 2003) quand Corsica Ferries en a transporté vers la Corse 1,1 million et s'adjuge désormais plus de 50 % de part de marché, alors que la SNCM en a perdu 13 points en deux ans. A la fragilité interne de la compagnie qui cherche activement un partenaire industriel capable de réduire la dette de 29,3 ME, s'ajoute une conjoncture morose. La demande pour la Corse pour la seconde année consécutive s'annonce décevante. A tel point que Corsica Ferries a également lancé une promotion estivale : le transport de la voiture pour 1euro HT pour une réservation avant le 13 juin sur certains départs : "Il reste encore beaucoup de places car nous sommes en surcapacité", souligne Roland Ferrari, responsable commercial de la compagnie italienne. Ce transporteur a également constaté un essoufflement des résas : "Même si pendant les grèves de la SNCM nous récupérons une partie de la clientèle, à long terme c'est l'image de la Corse qui est touchée."
La Corse a du mal à attirer les touristes
La SNCM veut faciliter l'accès à la résa et reconquérir le cœur des agents de voyages : "26 % du chiffre d'affaires de la SNCM est réalisé par la distribution", résume Pierre Marcy pour rappeler l'importance des agences. Au dernier trimestre 2005, la compagnie devrait modifier les masques de saisie de son navigateur GDS, "qui ne nécessitera plus de formation spécifique avec la mise en place d'un mode guide". Cela suffira-t-il ? Car si la SNCM ne veut pas croire que son manque de fiabilité participe à la fragilisation de la destination Corse, certains TO spécialistes n'hésitent pas à faire le lien : "Ces 100.000 sièges sont là pour compenser ceux que nous n'avons pas pu vendre en avril", ironise Jean-Marc Ettori, directeur de Corsicatours. "La saison était déjà mal engagée, mais ces grèves brouillent l'image de la destination." Une fois la colère passée, justifiée par une baisse anticipée de 10 % de son activité, Jean-Marc Ettori invoque la concurrence d'autres destinations moins chères et le nécessaire besoin d'élargir la clientèle cible. Chez Ollandini, qui anticipe une saison stable par rapport à l'an dernier, on ne jure que par le dynamisme commercial : "Il faut en faire trois ou quatre fois plus pour compenser les impacts négatifs successifs qu'a connu la Corse", explique Bernard Gras, directeur du développement tourisme et hôtellerie du TO. Et tous, TO et compagnies, attendent les VDM, comme un agriculteur la pluie en été.