Pétrole : la valse des surcharges !

Le prix du baril de pétrole a franchi, lundi dernier, un nouveau record historique en atteignant la barre des 55 dollars. Et ce n'est sans doute pas fini, certains spécialistes prévoyant même que le cap des 60 dollars sera bientôt franchi. D'après Vagn Soerensen, président de l'association des compagnies aériennes européennes (AEA), la facture de carburant des 31 compagnies membres de l'AEA devrait augmenter de un milliard d'euros. Pour la seule compagnie Air France, Christian Boireau, DG commercial France, expliquait jeudi dernier, pendant le colloque annuel du Bar France, que "le surcoût carburant s'élèverait à 400 ME en 2004". Et s'interrogeait : "Pour le moment, le marché est en reprise mais si le baril monte à 55 ou 60 dollars…" Pour faire face, les compagnies n'ont eu d'autre choix que d'introduire des surcharges tarifaires, même si elles sont conscientes que cela pourrait finir par freiner la demande. Le problème, c'est que ces hausses tarifaires sont extrêmement disparates. Comme l'explique Carlos Da Silva, PDG de Go Voyages : "Notre souci, c'est que nous recevons les informations au compte-gouttes, on découvre les surcharges au fur et à mesure. On peut regretter, d'une part qu'il n'y ait pas plus de coordination entre les compagnies et d'autre part que les délais entre le moment où elles nous préviennent et celui où l'application des surcharges est effective soit trop court." L'occasion pour nous de revenir sur les dispositions prises par quelques-unes des principales compagnies opérant au départ de France. Au total, Air France surcharge maintenant 26 E par tronçon sur les routes long-courriers. Lufthansa pratique pour sa part une surtaxe de 17 E par coupon sur le long-courrier et de 7 E sur les vols intérieurs et intra-européens depuis le 15 octobre. British Airways surtaxe de 6 E chaque tronçon moyen-courrier (14 E pour les long-courriers) réservé en Europe. Corsair, Swiss, Air New Zealand, Qantas, TAP ou encore Iberia se sont également pliées à l'exercice.
Les producteurs ne peuvent pas adopter de position commune
"Le sujet est vraiment compliqué, d'une part, tout le monde ne travaille pas avec les mêmes compagnies, d'autre part, tout le monde n'a pas la même saisonnalité : les problématiques sont donc extrêmement différentes d'un tour-opérateur à l'autre", explique Jean-Marc Rozé, président du conseil professionnel des producteurs du Snav. Il précise : "Les TO ne peuvent pas adopter de position commune mais on s'achemine vers 2 niveaux de surtaxe, un pour le moyen-courrier, l'autre pour le long-courrier." Et René-Marc Chikli, président du Ceto, de renchérir : "Il y a des années, confronté au même genre de problème, nous avons essayé de répercuter une hausse tarifaire de façon uniforme, mais nous nous sommes fait 'épingler' par les autorités de la concurrence." De fait, c'est en ordre dispersé que les opérateurs réagissent aux surtaxes carburant. Fram applique depuis vendredi dernier (pour des départs à compter du 15 novembre) une surcharge de 16 E sur les forfaits moyen-courriers et de 34 E sur les long-courriers. Les TO du groupe Marmara surchargent (anciennes et nouvelles inscriptions si départ à plus de 30 jours) de 15 E les forfaits sur la Tunisie, le Maroc, la Turquie et la Grèce et de 25 E sur l'Egypte. Chez Look, la surcharge appliquée est de 18 E sur le moyen-courrier et de 34 E sur le long-courrier pour les vols opérés en charter (si le client vole en régulier, c'est la surcharge de la compagnie qui lui est appliquée). Chez Jet tours, on décidait lundi de surtaxer (à partir des départs du 19 novembre pour les clients déjà inscrits) de 7 E sur le moyen-courrier et de 22 E sur le long-courrier.