Les transporteurs aériens doivent faire preuve de flexibilité à l'heure du redécollage de leurs avions. Non sans peine.
Elles n’attendaient que cela. Les compagnies aériennes peuvent désormais redécoller progressivement, avec une montée en charge cet été pour participer aux départs en congés d’été. Mais cette reprise se fait dans la douleur pour beaucoup d’entre elles, qui doivent faire face à des situations compliquées.
En effet, certains vols sont annulés ou, au contraire, surbookés en dernière minute tandis que certains équipages n’apprennent leur destination que quelques heures avant de décoller. « Il n’y a quasiment plus de plannings fixes mais seulement des astreintes » pour le personnel, explique Carsten Spohr, le patron de Lufthansa.
Ces méthodes, jusqu’ici utilisées pour réagir aux cas exceptionnels, « sont devenues la norme », a-t-il ajouté. En cause, « la demande [qui] est en ce moment beaucoup moins prévisible », assure un porte-parole d’Etihad Airways. Ainsi, certains vols, comme le premier de la compagnie prévu pour l’Inde, sont annulés la veille pour le lendemain faute d’autorisation d’atterrissage.
Jusqu'à 4 semaines pour sortir un avion de son sommeil
Pour d’autres, au contraire, la demande est trop importante en dernière minute. Lors du week-end de la Pentecôte, le patron de Lufthansa avait réservé en vue de partir avec sa famille, avant de se retrouver sur une liste d’attente de 70 personnes. Il a fallu « tout d'un coup rajouter un deuxième avion en parallèle », explique Carsten Spohr.Au pic de la crise, 700 des 763 avions de Lufthansa étaient cloués au sol, stationnés par dizaines sur le tarmac de l'aéroport de Francfort et même une piste d’atterrissage. « Il est possible de réactiver en un à deux jours » ceux mis au hangar pour moins de trois mois, explique Lara Matuschek, porte-parole du groupe, à l’AFP. Mais au delà, les machines sont au « deep storage » (littéralement « stockage profond »). La procédure pour les remettre en piste peut alors durer jusqu’à quatre semaines.
La situation traversée par les compagnies aériennes relève du jamais-vu, avec des programmes de vols couvrant 5 à 20% de l’offre habituelle. Le redécollage complet du secteur aérien pourrait bien mettre plusieurs années, comme l’affirme le patron d’Emirates.