Ryanair plante son drapeau à Marseille

A partir de novembre 2006, la compagnie low cost s’installera officiellement sur le nouveau terminal MP2 (qui doit être inauguré en septembre prochain), faisant ainsi de Marseille sa première base en France et la seizième en Europe. Deux Boeing 737-800 neufs y seront positionnés. Cinq sont prévus à terme. Le PDG de Ryanair, Michael O’Leary, est venu en personne annoncer la bonne nouvelle à Marseille, mercredi 10 mai. Un bonheur n’arrivant jamais seul, l’homme a annoncé dans le même temps l’ouverture de onze lignes, à compter du 8 novembre : Rome Ciampino, Londres Stansted, Eindhoven (quotidien), Marrakech, Porto, Oujda, Francfort Hahn (4 vols par semaine), Bruxelles, Karlsruhe Baden, Oslo et Fès (3 vols par semaine). Elles s’ajouteront aux routes vers Glasgow et Dublin lancées "en éclaireur" au premier semestre. Afin de lancer ces nouvelles destinations, 100.000 billets à 1E (HT), sont déjà en vente sur le site Internet de la compagnie.
L’arrivée de Ryanair à Marseille devrait donner un sérieux coup de fouet à l’activité de l’aéroport. Le record de trafic de 6,5 millions de passagers date déjà de l'an 2000 (5,9 millions en 2005), juste avant l’arrivée du TGV Méditerranée. Avec 110 vols par semaine, Ryanair prévoit en effet de transporter 850.000 personnes la première année et 1,2 million l’année suivante. Un investissement de 120 ME est annoncé avec l’achat des deux avions, les dépenses marketing, humaines et techniques et la compagnie parie que son arrivée soutiendra la création de 1.000 emplois, apportant une manne de 320 ME pour la région.
Choisi selon Michael O’Leary pour "sa situation dans la deuxième ville de France et à cause de son dynamisme avec le terminal low cost", l’aéroport (et la région) se doit désormais de promouvoir la destination Provence auprès des Européens habitués au low cost afin de remplir les avions. La clientèle locale n'a pas été oubliée avec le lancement, le 26 avril dernier, d'une campagne de communication baptisée "Préparez-vous à voyager plus souvent" dans la presse provençale, les rues de Marseille et son aéroport.
Les low cost font désormais du marché français une priorité
Est-ce un signe ? L’organisation les 10 et 11 mai dernier du troisième forum du low cost à Marseille, après Liverpool et Sheffield, augure peut-être d’une évolution positive du marché français, toujours à la traîne sur l’échiquier européen. Les 18 patrons de compagnies européennes et les 150 délégués d’aéroports présents ont en tout cas débattu librement du sujet, pointant avec constance les tares hexagonales qui grèvent son développement. "Le facteur coûts est toujours défavorable aux aéroports français. Les taxes pèsent trop lourd", peste Saad Hammad, directeur commercial d’Easyjet. Les choses semblent pourtant bouger. L’attractivité touristique de la France suscite l’appétit des compagnies et accroît la pression sur les pouvoirs publics, travaillés au corps par des aéroports régionaux en quête de marchés complémentaires. "L’impact des low cost sur l’économie est considérable, et 96% des aéroports français ont des mesures d’incitation pour ouvrir de nouvelles routes", explique Philippe Wilmart, rappelant la brèche ouverte par le décret du 20 juillet 2005 qui autorise les nouvelles aérogares à pratiquer des tarifs différenciés, en fonction des investissements réalisés. Une référence bien sûr au MP2, le futur terminal à bas coûts de Marseille Provence, mais aussi aux projets à venir, comme celui de Lyon. De quoi engendrer bien des espoirs pour les liaisons France-Europe mais aussi pour le marché intérieur qui, selon Philippe Wilmart, "représente 23 millions de personnes et
où 90% des vols sont sous monopole Air France".